(Regina) Des jurys composés de six Autochtones doivent participer à deux enquêtes publiques portant sur la tuerie à l’arme blanche du 4 septembre dernier lors de laquelle de nombreuses personnes sont mortes ou ont été blessées en Saskatchewan.

La première enquête devrait avoir lieu d’ici l’été prochain et portera sur les 11 décès dans la nation crie de James Smith et dans le village voisin de Weldon. Cela inclut la mort de Damien Sanderson, l’une des personnes considérées comme suspectes, qui a été retrouvé à proximité d’une scène de crime. Il portait des marques de blessures qu’il ne se serait pas infligées lui-même.

L’autre enquête se penchera sur la mort du suspect Myles Sanderson, survenue quelques jours après les meurtres, à la suite de son arrestation.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait affirmé que Myles Sanderson s’était retrouvé en détresse peu après son arrestation sur une route rurale à proximité de Rosthern, en Saskatchewan. Son décès a ensuite été constaté à l’hôpital.

Mercredi, le coroner en chef Clive Weighill a révélé que les résultats préliminaires de l’autopsie indiquent que Myles Sanderson n’a pas souffert de traumatisme contondant.

Il a ajouté que son bureau était toujours en attente des résultats finaux de l’autopsie ainsi que d’un rapport toxicologique, ce qui pourrait prendre jusqu’à quatre mois. Ces documents ne seront pas rendus publics avant le début de l’enquête publique afin de ne pas nuire au processus, a prévenu le coroner en chef Weighill.

« Il y a une procédure officielle à respecter au Canada pour s’assurer que le public soit informé de ce qui s’est passé. Ça peut prendre un peu de temps pour parvenir à mettre tous les morceaux ensemble », a fait valoir M. Weighill.

« La dernière chose que l’on veut, c’est de partager des informations préliminaires, puis que des témoins de l’enquête viennent donner des informations divergentes et qu’on se retrouve dans un véritable bourbier du genre “que s’est-il vraiment passé ?” »

« On est prudent pour s’assurer qu’on a toute l’information, qu’on a tout rassemblé de la bonne manière et qu’on a tout rapporté dans le cadre d’une enquête publique », a résumé le coroner en chef.

En Saskatchewan, il est obligatoire de tenir une enquête publique lorsqu’une personne meurt alors qu’elle est sous la responsabilité de la police.

M. Weighill a également souligné qu’avec la mort de Myles Sanderson et d’un deuxième suspect, son frère Damien Sanderson, il ne pourra pas y avoir de procès criminel et donc de nombreuses questions resteront sans réponse. C’est ce qui l’a convaincu d’ordonner la tenue de deux enquêtes publiques.

« Sans ces enquêtes publiques pour établir les faits, on laisserait trop de questions sans réponses pour les familles et la population en lien avec les circonstances qui ont mené à tous ces décès », a reconnu le coroner en chef.

« Ces évènements nécessitent une enquête méthodique et complète », a-t-il ajouté.

Après avoir entendu toute la preuve, les membres du jury auront le mandat de déterminer comment les suspects et les victimes sont morts. Ils devront aussi formuler des recommandations à la police et aux autres parties impliquées afin d’éviter que d’autres tragédies semblables ne surviennent.

Selon le coroner en chef Weighill, les familles des victimes ont été informées mardi de la tenue prochaine des deux enquêtes. Elles se seraient montrées favorables.

La GRC en Saskatchewan n’a toujours pas terminé son enquête sur les meurtres. Plusieurs scènes de crime n’ont même pas encore été nettoyées sur le territoire de la communauté crie de James Smith.

Le chef adjoint Alvin Moostoos a déclaré à La Presse Canadienne, dimanche, que la communauté située à environ 200 kilomètres au nord-est de Saskatoon attendait de recevoir plus d’informations des policiers.

« Il y a énormément de spéculation actuellement et la spéculation mène à des rumeurs. Nous demandons à la GRC de conclure son enquête et de nous donner une chronologie expliquant où cela a commencé et où tout s’est terminé, sans les détails sanglants », a-t-il demandé.

La porte-parole de la GRC, Jessica Murphy, a répondu que l’enquête est toujours en cours dans le but d’établir une chronologie des évènements. Elle a soutenu que la chronologie sera rendue publique dès qu’elle sera complète.

Dans le processus d’enquête de la GRC, le nom de Damien Sanderson, frère de Myles, a aussi été étiqueté comme suspect de meurtres. Son corps a été retrouvé et comptabilisé parmi les 11 personnes mortes dans les violences dans la première nation James Smith.

Selon les policiers, il serait mort de blessures qu’il ne se serait pas lui-même infligées. Les enquêteurs soupçonnent son frère d’être l’auteur de ce meurtre.