CAA-Québec a dévoilé mercredi les « grands perdants » de son palmarès 2022 des pires routes du Québec. Les routes des régions de l’Outaouais, de Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale composent la presque totalité du palmarès.

Les deuxième et troisième positions sont détenues respectivement par la route du Vieux-Moulin à Saint-Isidore, dans Chaudière-Appalaches, et le boulevard du Curé-Labelle (route 117) à Saint-Jérôme, dans les Laurentides.

« Ce qui est particulier cette année avec le boulevard de la Gappe, à Gatineau, c’est qu’avant même le lancement de notre campagne Les pires routes, il y avait des dénonciations qui se faisaient dans les médias », commente Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA-Québec, en entrevue avec La Presse.

« Au-delà du confort routier, il y a la question de la sécurité routière. Une route qui est endommagée peut forcément devenir dangereuse et causer des blessures ou même des décès », insiste-t-il.

Au début de mois de mars, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, qualifiait de « lamentable » l’état de la chaussée du boulevard de la Gappe, dans une publication sur sa page Facebook.

« Les réparations d’appoint ont leurs limites, mais avec le gel-dégel, il faut être patient encore un peu. La Ville de Gatineau devance les travaux de réfection durable prévus sur ce tronçon pour une intervention dès que possible. Des éléments de sécurité ont été ajoutés temporairement. Soyez prudent entre temps », peut-on y lire.

M. Ryan ajoute qu’un suivi sera fait auprès des municipalités concernées par le classement, notamment sur la question des travaux et leur avancement.

Le palmarès annuel est complété par le chemin Cook à Gatineau (Outaouais), l’avenue Sainte-Brigitte à Sainte-Brigitte-de-Laval (Capitale-Nationale), l’avenue Gourdeau à Saint-Agapit (Chaudière-Appalaches), l’avenue Saint-Sacrement à Québec (Capitale-Nationale), l’avenue Taniata à Lévis (Chaudière-Appalaches), le chemin Sainte-Foy à Québec ainsi que la route 105 à Gatineau.

Pour une septième année, près de 9000 votes d’automobilistes, de camionneurs, de cyclistes et de piétons ont été reçus du 26 avril au 26 mai 2022, dans le cadre de la campagne Les pires routes de CAA-Québec.

CAA-Québec a aussi établi un palmarès des pires routes, région par région.

Fait saillant : aucune route de la ville de Montréal ne fait partie du classement cette année. Un constat que l’on peut attribuer au télétravail mis en place durant la pandémie, selon le directeur des affaires publiques de CAA-Québec.

« Depuis la pandémie, on voit moins de gens qui se rendent au centre-ville. Les bureaux sont un peu déserts », explique-t-il. Moins de gens se rendaient au bureau en voiture, donc forcément il y a eu moins de plaintes quant à l’état des routes de la métropole.

En 2019, c’était le boulevard Gouin Est à Montréal qui avait fait figure de « pire route du Québec ».

Investissements nécessaires

Nicolas Ryan déplore le manque d’investissements dans les infrastructures routières depuis les 50 dernières années au Québec. Autre élément à considérer dans l’équation, l’hiver rigoureux québécois accélère la dégradation de la chaussée, favorisant ainsi la formation de nids-de-poule.

Selon les données du ministère des Transports du Québec (MTQ), les investissements pour la conservation des chaussées atteignaient environ 740 millions de dollars en 2019-2020.

Toujours selon le MTQ, les investissements pour la conservation des structures du réseau supérieur de l’ensemble du Québec se chiffraient à plus de 823 millions de dollars en 2019-2020. Durant la période 2020-2022, 1,8 milliard de dollars auront été investis dans des projets de maintien des structures.

Les autoroutes du Québec sont-elles pourtant pires qu’ailleurs au Canada ? Une étude menée par l’Association canadienne des automobilistes (CAA), publiée en mars 2021, confirme que oui.

Les contribuables québécois paient chaque année près de 1,4 milliard de dollars en raison du mauvais état des routes. Alors que l’automobiliste québécois paie environ 258 $ par an, l’automobiliste canadien doit en moyenne débourser 126 $ par année pour compenser le mauvais état des routes.

Guy Doré, professeur titulaire à la Faculté de génie civil de l’Université Laval, croit tout de même que l’on dispose déjà de solutions réalistes pour améliorer l’état des routes au Québec. « C’est bien simple. Il suffit d’investir dans le réseau et de bien faire le travail », affirme-t-il à La Presse.

Il concède que les besoins du réseau routier vieillissant sont énormes, mais que les budgets actuels sont généralement insuffisants pour pallier le problème. « Il ne faut pas seulement mettre plus d’argent, il faut aussi mieux faire, donc utiliser les bonnes technologies, les bons matériaux et les bons travailleurs. C’est l’ensemble du défi », résume-t-il.

Les pires routes du Québec en 2022

  1. Boulevard de la Gappe, Gatineau, Outaouais
  2. Route du Vieux-Moulin, Saint-Isidore, Chaudière-Appalaches
  3. Boulevard du Curé-Labelle (Route 117), Saint-Jérôme, Laurentides
  4. Chemin Cook, Gatineau, Outaouais
  5. Avenue Sainte-Brigitte, Sainte-Brigitte-de-Laval, Capitale-Nationale
  6. Avenue Gourdeau, Saint-Agapit, Chaudière-Appalaches
  7. Avenue Saint-Sacrement, Québec, Capitale-Nationale
  8. Avenue Taniata, Lévis, Chaudière-Appalaches
  9. Chemin Sainte-Foy, Québec, Capitale-Nationale
  10. Route 105, Gatineau, Outaouais

Source : CAA-Québec