La nuit, tous les chats sont gris, veut le proverbe. Mais ce n’est pas toujours le cas de la Lune, qui se transformera ce dimanche en orange sanguine, à l’occasion d’une éclipse lunaire totale de 84 minutes.

Les Québécois sont parfaitement placés pour admirer le spectacle de A à Z cette année. Une chance qui ne leur sera pas offerte de nouveau avant trois ans, précise l’astronome André Grandchamps, conservateur de la collection de météorites du Planétarium Rio Tinto Alcan, à Montréal. Il faut toutefois espérer que les nuages ne viennent pas cacher le tableau.

« C’est un phénomène assez rare et un des plus beaux qu’on peut observer », se réjouit M. Grandchamps.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’astronome André Grandchamps, conservateur de la collection de météorites du Planétarium Rio Tinto Alcan

Pour qu’une éclipse totale survienne, la Lune doit être pleine et la Terre doit faire complètement écran au Soleil. Ce qui se produit seulement lorsque les trois astres sont parfaitement alignés, avec la Terre au milieu.

Contrairement aux éclipses solaires, les éclipses lunaires peuvent être admirées sans filtre dans tout un hémisphère, indique l’astronome.

Le spectacle commencera en retard dans l’Ouest et la levée du jour viendra l’écourter en Europe, mais pas au Québec, où on assistera aux cinq actes.

Si la pluie ou des nuages très denses masquent le ciel, il faudra espérer se reprendre le 14 mars 2025.

Voici quoi observer et à quelle heure

À 21 h 32 – premier acte – éclipse par la pénombre – 55 minutes

La Lune entre alors dans l’aire de pénombre qui borde la zone d’ombre projetée par la Terre. À ce stade, notre satellite reste gris. Percevoir que sa luminosité faiblit se révèle presque impossible, puisqu’il reçoit encore des rayons solaires, indique M. Grandchamps. « Mais ça peut se voir en comparant deux photos », dit-il.

À 22 h 27 – deuxième acte – éclipse partielle – 61 minutes

La Lune pénètre lentement le cône d’ombre de la Terre. Même à l’œil nu, on voit sans peine l’obscurité grignoter sa surface, s’étendant de gauche à droite au fur et à mesure que le profil arrondi de notre planète gagne du terrain. La partie éclairée de la Lune prend ainsi la forme d’un croissant, qui s’amincit de plus en plus.

Des peuples anciens – comme les Égyptiens, les Mayas, les Incas et les Chinois d’une autre époque – croyaient apparemment qu’une truie, un jaguar, un crapaud à trois pattes ou un démon avalait la Lune lors des éclipses.

À 23 h 28 – troisième acte et clou du spectacle – éclipse totale – 84 minutes

La Lune se retrouve entièrement avalée par l’ombre de la Terre et devient beaucoup moins brillante, ce qui permet de voir apparaître des étoiles habituellement masquées par sa forte lumière.

À ce stade, la Lune change de couleur (découvrez pourquoi ci-dessous). Rouille, rouge brique… La teinte qu’elle revêt n’est jamais exactement la même d’une éclipse à l’autre.

Tout dépend entre autres de sa hauteur, de sa trajectoire et de la pollution atmosphérique.

Cette fois-ci, André Grandchamps s’attend à « un beau rouge vif », puisque la Lune frôlera le cœur du cône d’ombre projeté par la Terre.

Au maximum de l’éclipse, à 0 h 11 pile, la teinte deviendra particulièrement prononcée.

À 0 h 54 – quatrième acte – éclipse partielle inversée – 61 minutes

La Lune commencera à s’échapper de l’ombre de la Terre. Sa portion obscurcie sera toujours drapée de rouge, mais nous semblera noire, par contraste avec la partie voisine, qui redeviendra baignée de soleil.

À 1 h 55 – cinquième acte – éclipse par la pénombre inversée – 56 minutes

La Lune se trouve de nouveau entièrement dans la pénombre plutôt que dans l’ombre et redevient grise.

Pourquoi la Lune nous paraît-elle rouge lors des éclipses totales ?

Quand la Terre fait écran au Soleil, sa lumière ne peut plus atteindre la Lune sans traverser notre atmosphère. Lorsqu’ils pénètrent cette couche gazeuse, les rayons solaires – qui transportent toutes les teintes de l’arc-en-ciel – dévient dans des directions différentes, en fonction de leurs longueurs d’onde. Les ondes violettes, bleues, vertes ou jaunes – plus courtes – se dispersent fortement dans la mauvaise direction. Tandis que les ondes rouges ou orangées – plus longues – parviennent en partie jusqu’à la Lune, où elles se reflètent. C’est ce qui la fait passer d’un blanc grisâtre à un rouge plus ou moins intense. Le même phénomène – appelé réfraction – explique la couleur des couchers de soleil.

Regardez les images captées en direct par les observatoires de la NASA (en cas de pluie)
En savoir plus
  • 1 km/seconde
    Vitesse approximative à laquelle la Lune traverse l’ombre projetée par la Terre
    Planétarium de Montréal
    2 ou plus
    Nombre annuel d’éclipses lunaires, tous types confondus
    Planétarium de Montréal