(Ottawa) Tamara Lich, l’une des organisatrices les plus en vue du convoi d’Ottawa qui a bloqué le centre-ville pendant plus de trois semaines, a déclaré que la juge qui avait refusé sa libération sous caution avait un parti pris contre sa cause et a demandé au tribunal de revoir la décision.

Mme Lich a été arrêtée le 17 février et accusée d’avoir conseillé à une autre personne de commettre un méfait, la veille de l’intervention de la police pour disperser les gens au centre-ville d’Ottawa en utilisant les pouvoirs invoqués en vertu de la Loi fédérale sur les mesures d’urgence.

La juge de la Cour de justice de l’Ontario, Julie Bourgeois, a refusé la mise en liberté sous caution de Mme Lich le 22 février, après avoir estimé que l’organisatrice du convoi présentait un risque de récidive. Dans sa décision à ce moment, la juge Bourgeois a déclaré qu’elle estimait que Mme Lich était obstinée et malhonnête dans ses réponses au tribunal, et que sa détention était « nécessaire pour la protection et la sécurité du public ».

Au tribunal mercredi, l’avocate de Mme Lich a déposé une déclaration en son nom selon laquelle si elle avait su que Mme Bourgeois était candidate libérale aux élections fédérales de 2011, elle aurait demandé à la juge de se récuser de l’affaire.

« Si j’avais eu cette information au préalable, je me serais sentie mal à l’aise avec la situation », a déclaré Mme Lich au tribunal mercredi.

Elle a passé la majorité de l’audience assise droite sur le banc des accusés, les mains jointes sur ses genoux, ses cheveux blonds en chignon haut et un masque sur son visage.

Alors que les manifestations au centre-ville d’Ottawa visaient principalement les restrictions liées à la COVID-19 et les exigences de vaccination, les manifestants ont également pris pour cible le premier ministre Justin Trudeau et le Parti libéral avec des drapeaux et des slogans vulgaires.

L’avocate de Mme Lich, Diane Magas, a également fait valoir que la juge Bourgeois avait fait référence à plusieurs reprises à l’impact de la manifestation sur « notre communauté » dans sa décision de garder Mme Lich en prison.

« Si une juge a le sentiment d’un impact pour sa communauté, à mon avis, elle ne devrait pas siéger. Il devrait y avoir un juge de l’extérieur de la ville », a déclaré Me Magas au tribunal.

Son collègue organisateur de la manifestation Chris Barber, qui a voyagé en convoi de l’Alberta à Ottawa avec Mme Lich, a été arrêté le même jour qu’elle et accusé de méfait, d’avoir conseillé à une autre personne de commettre un méfait, de désobéissance à une ordonnance du tribunal et d’entrave à la police.

Il a été libéré sous caution le 18 février par la même juge qui avait initialement ordonné le maintien de Mme Lich en détention.

L’audience de révision de la caution de mercredi a été légèrement retardée alors que des centaines de personnes ont tenté de se connecter à la vidéoconférence montrant les débats et ont inondé le forum en ligne de messages de soutien.

D’autres figures clés de la manifestation d’Ottawa, Pat King et Tyson George Billings, se sont vu refuser la liberté sous caution pour des accusations liées à leur rôle dans les manifestations en raison du risque qu’elles récidivent.

Il a été ordonné à Mme Lich de ne pas entrer en contact avec MM. King et Barber, ou d’autres collègues organisateurs comme Benjamin Dichter, et Daniel Bulford, qui a été arrêté, puis libéré sans accusation.

Note aux lecteurs : Version corrigée. Une version précédente affirmait que Daniel Bulford s’était vu refuser une libération sous caution. En fait, il a été arrêté, puis libéré sans accusation.