(Québec) La Ville de Québec annonce que son tramway ne roulera pas dans les rues de la capitale avant l’été 2028, soit un an plus tard que prévu.

La recherche d’un consortium pour réaliser le projet de 3,3 milliards s’est révélée plus dure que prévu. Un seul groupe s’est manifesté, ce qui était en dessous des attentes de la Ville.

« L’acquisition de Bombardier Transport par Alstom est [la raison] principale », a expliqué le maire Régis Labeaume.

Trois consortiums anonymes étaient pourtant préqualifiés à l’été 2020. Ces consortiums devaient fournir les trams, construire le réseau, assurer l’entretien. La Ville voulait donner un contrat « clé en main ».

Mais l’acquisition en janvier 2021 de Bombardier Transport par le géant français a changé la donne, explique la Ville. Celle-ci a dû se rendre à l’évidence dans les derniers jours : un seul consortium était encore dans la course. Le maire n’a pas voulu dévoiler duquel il s’agissait pour respecter les exigences de confidentialité.

Le directeur du bureau de projet a toutefois donné des indices sur les éventuels groupes intéressés. Les fabricants de tramway en milieu nordique ne courent pas les rues. Il s’agit essentiellement d’Alstom, de Bombardier Transport et de Siemens.

« Il pourrait y en avoir d’autres, mais la notion d’opération hivernale devient un facteur limitatif », a expliqué Daniel Genest.

Hausse du coût ?

Devant ce manque de candidats, la Ville a donc révisé son approche. Le contrat sera divisé en deux. Un appel de propositions devra trouver le civiliste – l’entreprise qui va installer le réseau et creuser le tunnel – et un autre va viser les fabricants de matériel roulant.

Cette manière de faire avait été d’abord écartée par la Ville car elle était jugée plus risquée.

La Ville va d’abord trouver le fabricant de matériel roulant. Elle va ensuite dénicher le civiliste, qui devra installer le réseau avec le matériel roulant sélectionné.

« J’appuie la décision de la Ville de Québec d’annuler l’appel de propositions et de modifier le processus d’approvisionnement de son projet de tramway », a réagi le ministre des Transports, François Bonnardel.

« Cette décision était nécessaire afin d’assurer une bonne gestion des fonds publics et de favoriser une saine concurrence », a continué le ministre.

Ce changement doit retarder le projet d’un an. Lors de l’annonce au printemps 2018, la date de mise en service était estimée à 2026. Récemment, la Ville parlait plutôt de l’été 2027. Le tramway devrait maintenant rouler à l’été 2028.

« C’est un chemin de croix depuis douze, treize ans. C’est l’expression qui me venait à l’esprit en y pensant cette semaine. On a connu tellement de soubresauts dans ce projet-là », a reconnu Régis Labeaume.

Le Vérificateur général de la Ville de Québec avait averti récemment que chaque année de retard dans ce projet allait engendrer des hausses de budget de 100 millions. Le maire l’admet et n’écarte pas que le projet puisse coûter plus que 3,3 milliards.

« Ce sont des discussions qu’on devra avoir avec Québec », dit-il. « Les coûts seront connus à l’ouverture des enveloppes. On aura alors les discussions appropriées avec le gouvernement. »

De son côté, le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de Ville et farouche opposant au tramway a décoché une flèche. « C’était prévisible, ce n’est jamais payant de vouloir aller trop vite », a réagi Jean-François Gosselin, qui doit présenter mercredi prochain sa vision du transport collectif à Québec.

Régis Labeaume a déjà annoncé qu’il ne se représenterait pas. Selon lui, peu importe le nouveau maire, le gouvernement de François Legault veut aller de l’avant avec le tramway.