(Ottawa) Les agents de la GRC ont appliqué des lois et des politiques racistes et discriminatoires, certains évènements laissant des séquelles générationnelles, et ils devraient faire mieux à l’avenir, a reconnu mercredi la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki.

Mme Lucki a affirmé que la GRC « fait partie des structures et des systèmes qui ont perpétué le racisme au Canada » lors d’un forum virtuel sur les services de police des Premières Nations organisé par l’Assemblée des Premières Nations (APN)

Elle a ajouté qu’elle était « complètement engagée dans la réconciliation », à titre personnel et en tant que commissaire de la GRC.

Le corps de police national est au début d’un très long parcours pour regagner la confiance des Premières Nations, a-t-elle dit, soulignant que l’établissement d’une relation respectueuse prendra du temps.

En octobre dernier, le chef national de l’APN, Perry Bellegarde, a déclaré qu’il avait « perdu confiance » en Mme Lucki après des mois de problèmes et a exhorté le premier ministre Justin Trudeau à la remplacer. Cette situation est survenue alors que la GRC a été vivement critiquée pour son intervention dans les violences contre une pêcherie de homard mi’kmaq contestée en Nouvelle-Écosse.

Brenda Lucki avait déjà fait face à des appels à sa démission plus tôt l’année dernière, lorsqu’elle a déclaré dans une entrevue qu’elle croyait qu’il y avait « un parti pris inconscient » au sein de la GRC, mais qu’elle « avait de la difficulté avec la définition du racisme systémique ». Dans une déclaration écrite diffusée plus tard, elle avait finalement reculé et reconnu que le racisme systémique existe, mais elle avait eu du mal à donner des exemples.

Elle avait tenu ces propos à un moment où il y avait un tollé face à la violence contre les peuples autochtones lors d’interventions avec la police. À l’époque, il y avait aussi un regain d’intérêt pour les questions raciales dans la foulée de la mort de George Floyd, un homme noir, après son arrestation par la police à Minneapolis.

Mercredi, M. Bellegarde a déclaré qu’il était nécessaire de travailler avec la GRC pour veiller à ce que les services de police soient bénéfiques pour les peuples autochtones.

Il a dit que la GRC devrait adopter une politique de tolérance zéro pour l’usage excessif de la force par les membres, ainsi que mettre en place de meilleurs processus de recrutement et une formation appropriée pour désamorcer des affrontements.

« Cela signifie un changement de politique », a soutenu M. Bellegarde.

Le chef national de l’APN a également demandé au gouvernement fédéral de renforcer la surveillance civile de la GRC et de fournir les ressources humaines et financières nécessaires pour traiter les plaintes concernant la gendarmerie. Il estime également qu’il doit y avoir « des incitatifs pour garder les personnes expérimentées dans les communautés plutôt que les jeunes recrues inexpérimentées qui arrivent ».

M. Bellegarde a mentionné les directives contenues dans la lettre de mandat que le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a reçue du premier ministre Justin Trudeau sur la lutte contre les inégalités systémiques, qui implique la GRC et les collectivités qu’elle sert. Celles-ci comprennent également une formation sur les préjugés inconscients, des caméras portées sur le corps et un passage à des services de police dirigés par la communauté.

« La GRC doit travailler avec nos gens pour y parvenir », a plaidé M. Bellegarde.

Mme Lucki a affirmé que la GRC se concentre sur une action réfléchie basée sur ce qu’elle a entendu lors de conversations avec des groupes consultatifs, des communautés autochtones et des employés autochtones.

« Dans le cadre de notre plan, la GRC de chaque province et territoire utilise une approche tenant compte des traumatismes pour développer conjointement des stratégies de réconciliation », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il y avait également des cours sur la sensibilisation culturelle et l’humilité, ainsi qu’une formation sur la lutte contre le racisme.