Déjà en importante perte de vitesse, l’adoption internationale a été encore davantage ralentie par la pandémie. Jusqu’ici en 2021, seuls 29 enfants de l’étranger sont arrivés au Québec.

Comme le fait remarquer en entrevue Geneviève Poirier, directrice générale du Secrétariat à l’adoption internationale, tout est toujours arrêté en raison de la pandémie avec la Chine et le Viêtnam.

Les 29 enfants arrivés ici depuis le début de l’année proviennent de la Colombie, de la Corée du Sud, de la Guinée, d’Haïti, de Madagascar, du Niger, des Philippines, de la Thaïlande et de l’Ukraine (un enfant étant par ailleurs arrivé d’une autre province canadienne).

Mme Poirier souligne que même avant la pandémie, « de moins en moins d’enfants étaient adoptés [à l’international] », les pays s’assurant de plus en plus que les enfants restent avec leur famille ou au sein de leur communauté, conformément à ce que préconise l’UNICEF. Mais la situation des enfants n’est-elle pas particulièrement catastrophique en Haïti ? Mme Poirier souligne que là-bas aussi, « la famille élargie adopte les enfants au besoin ».

Mais aussi, « Haïti est l’un des pays où les déplacements sont difficiles en raison de la pandémie et de la situation socio-économique ».

L’impact de la COVID-19

Selon une étude parue dans The Lancet l’été dernier, plus d’un million d’enfants ont perdu au moins un parent ou un grand-parent qui était leur gardien depuis le début de la pandémie. C’est notamment le cas de 1 enfant sur 100 au Pérou.

Les auteurs de l’étude, Susan D. Hillis, Juliette T. Unwin et leurs collaborateurs, relèvent aussi que des 4200 enfants ayant perdu au moins un parent pendant la pandémie dans l’État de New York, « 23 % sont à risque élevé d’être confiés à une famille d’accueil ».

Selon Mme Poirier, il n’est pas impossible que les nombreux décès de parents pendant la pandémie amènent une certaine recrudescence du nombre d’enfants qui pourront être adoptés à l’étranger, mais seulement dans quelques années.

C’est qu’habituellement, dans les premiers temps suivant une tragédie, poursuit-elle, la famille immédiate ou élargie choisit de prendre l’enfant en charge (lorsqu’il a perdu ses deux parents ou le seul parent qu’il avait).

Mais très clairement, même avant la pandémie, les Québécois savaient que l’heure n’était plus à l’adoption internationale.

En 2015, le Secrétariat à l’adoption internationale avait ouvert 246 dossiers d’adoption. En 2019, il n’y en avait plus que 137 et en 2020, année pandémique, 72.