L’ancien journaliste et ex-haut dirigeant de la Caisse de dépôt Michel Nadeau n’est plus. Le cofondateur de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP) est mort mardi entouré de sa famille.

« C’était un être exceptionnel. Il pensait toujours aux autres. Il ne pensait jamais à lui. Si je réussis à être la moitié de l’homme qu’il a été, je vais être très, très fier de moi », a témoigné à La Presse son fils Philippe Nadeau.

« On est sous le choc. On savait qu’il était malade depuis un certain temps. C’était un être profondément attachant », a affirmé Francois Dauphin, directeur général de l’IGOPP.

En 2005, Michel Nadeau a créé, avec Yvan Allaire, l’Institut sur la gouvernance des organisations privées et publiques, un organisme œuvrant à la fois dans la recherche et à l’amélioration de la supervision des organisations.

« C’était un communicateur hors pair et qui savait transmettre sa passion pour la gouvernance et pour le Québec dans son ensemble. Il était extrêmement engagé. Il avait une véritable passion de développer cette compréhension du monde économique. Le journaliste économique en lui ne l’a jamais vraiment quitté », a ajouté M. Dauphin.

Son collègue et ami, le fonctionnaire Jean-Claude Scraire, dont il fut le bras droit à la Caisse de dépôt et placement du Québec, se souviendra de lui comme un homme d’une grande loyauté et d’une grande simplicité. « C’était aussi un homme de grande conviction. C’était un missionnaire dans le développement économique du Québec », a-t-il affirmé.

Un passionné

« Je suis immensément désolé de la disparition d’un homme qui a beaucoup compté dans notre histoire économique. Il a été un grand artisan de la Caisse de dépôt », a dit Mario Pelletier, historien officieux de la Caisse avec ses ouvrages La machine à milliards, paru en 1989, et La Caisse dans tous ses états – L’histoire mouvementée de la Caisse de dépôt, 20 ans plus tard.

« Ancien journaliste au Devoir, Michel Nadeau avait ses antennes partout, se souvient M. Pelletier, que La Presse a joint mardi soir. Il était très informé. Il était un passionné aussi. Quand il plongeait dans un dossier, il allait jusqu’au bout.

« ll était d’une courtoisie incroyable, qui lui ouvrait des portes. Même après les rudes négociations entourant la saga Vidéotron [où la Caisse a fait équipe avec Québecor pour ravir le câblodistributeur au nez et à la barbe de la torontoise Rogers], Ted Rogers ne lui en voulait pas et l’avait invité après coup.

« Il était un rude négociateur, comme il l’a prouvé dans bien des dossiers. Il a arraché des gains de dernière minute quand Provigo a été vendue. » En 1998, la Caisse, qui détenait 35 % du capital-actions du populaire épicier, avait obtenu de l’acquéreur Loblaw, de l’Ontario, qu’il soumette son niveau d’achats auprès des fournisseurs québécois à un examen annuel pendant une période de 10 ans.

« Michel Nadeau, comme les Jean Campeau et Jean-Claude Scraire, était de ces gens qui ont travaillé beaucoup pour le Québec. Ils étaient engagés pour faire de la Caisse le champion économique du Québec. Ils s’étaient donnés comme une mission. Les bonis et le traitement importaient moins pour eux que la mission de la Caisse d’aider à l’économie du Québec. On doit une fière chandelle à Michel Nadeau et compagnie », soutient M. Pelletier.

De vives réactions

Son départ a rapidement entraîné de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.

« Je tiens à saluer aujourd’hui la contribution exceptionnelle de Michel Nadeau au développement du Québec. Il avait l’économie de notre nation à cœur. Mes pensées vont à ses proches et à sa famille, en particulier à son frère Jacques », a affirmé sur Twitter le premier ministre du Québec, François Legault.

« Michel Nadeau a participé, par ses interventions, à l’assainissement des mœurs dans le monde municipal. Sincères sympathies à toute sa famille. J’ai une pensée toute particulière pour son frère Jacques ce soir », a indiqué la mairesse sortante de Montréal, Valérie Plante, sur Twitter.

L’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau a également souligné la contribution de Michel Nadeau sur Twitter. « Si Vidéotron et tant d’autres entreprises du Québec sont restées entre les mains de Québécois/es, le Québec le doit à Michel Nadeau, cheville ouvrière du financement et de l’inspiration d’entrepreneurs/es. Merci Michel pour ces réalisations aussi nombreuses que salutaires », a-t-il écrit.

Après des études en sciences politiques et l’obtention d’un MBA de l’Université Laval, Michel Nadeau s’est joint en 1973 au quotidien Le Devoir comme journaliste, puis comme éditorialiste.

Il a ensuite occupé différentes fonctions à la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), dont celle de président de CDP Capital pendant 20 ans.

« Aujourd’hui, c’est la voix d’un expert apprécié et pertinent qui vient de s’éteindre au Québec. Nos pensées vont à la famille et aux proches de M. Nadeau, à qui nous offrons nos plus sincères condoléances », a déclaré Charles Emond, président et chef de la direction de la CDPQ, par voie de communiqué.

Il était membre de différents conseils d’administration de sociétés privées et d’organismes sans but lucratif.