Les réactions se sont multipliées mercredi après l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse chez lui, à Port-au-Prince, durant la nuit.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a dénoncé l’attentat qui a coûté la vie à son homologue haïtien.

« Je condamne fermement l’effroyable assassinat du président Moïse perpétré ce matin. Le Canada est prêt à soutenir la population d’Haïti et lui offre toute l’aide dont elle pourrait avoir besoin », a signalé M. Trudeau.

Pablo Rodriguez, leader du gouvernement à la Chambre des communes, a dit que ses pensées étaient avec le peuple haïtien. « C’est un pays que j’ai visité plusieurs fois, un pays qui a vécu sa dose de moments tragiques, de moments difficiles. Celui-ci en est un autre », a noté M. Rodriguez, ajoutant que le Canada condamnait l’assassinat du chef d’État, et qu’il était essentiel de trouver les personnes responsables de ce geste.

À Québec, la ministre des Relations internationales, Nadine Girault, a déclaré : « Je tiens à exprimer ma solidarité au peuple haïtien et à la communauté haïtienne du Québec pour ce terrible attentat contre le président Jovenel Moïse et son épouse. Nous condamnons cet acte de violence odieux. Le Québec est de tout cœur et aux côtés d’Haïti. »

Cheffe du Parti libéral et de l’opposition officielle, Dominique Anglade a signalé que l’assassinat du président haïtien est une menace à la stabilité fragile du pays qui en ce moment traverse plusieurs crises. « Je souhaite de tout cœur qu’une solution pacifique émerge de cet évènement, car Haïti mérite mieux en matière de démocratie », a-t-elle noté.

Andrés Fontecilla, porte-parole de Québec solidaire en matière de relations et de solidarité internationales, a souligné que l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse est abominable et doit être dénoncé.

« Toutes mes pensées vont au peuple haïtien et à la communauté haïtienne du Québec ce matin. À l’heure où Haïti est confrontée à une grave crise politique et à une vague d’insécurité, la dernière chose dont a besoin le peuple haïtien, c’est d’être confronté à davantage d’instabilité. Au-delà de notre nécessaire devoir de solidarité envers le peuple haïtien, le gouvernement du Québec a la responsabilité de faire tout ce qui est en son pouvoir pour apporter son soutien politique et humanitaire à la population haïtienne en ces temps difficiles. »

« Ce qui vient d’arriver est odieux »

Frantz Benjamin, député de Viau pour le PLQ, a dit en entrevue téléphonique être « sous le choc » de l’assassinat du président haïtien dans sa demeure vers 1 h, tôt mercredi matin. Martine Moïse, son épouse, a été blessée dans l’attentat.

« Il y avait depuis un an ou deux des appels à la démission du président, mais il n’y avait pas d’appels à son assassinat. Ce qui vient d’arriver est odieux, a-til noté. Dans un pays comme Haïti, avec tout ce qu’on sait comme carence en matière de sécurité publique, avec l’emprise des gangs, nous, de la diaspora, on redoute des lendemains pour Haïti. »

Mercredi matin, la mairesse de Montréal Valérie Plante a aussi fait part de sa consternation.

« Je suis sous le choc, apprenant l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse et je suis de tout cœur avec la communauté haïtienne, à Montréal, et à Haïti, qui doit composer avec ce geste inacceptable. Un assaut à la démocratie qui exacerbe l’instabilité dans le pays », a-t-elle dit.

La mairesse a ajouté être « préoccupée » pour la suite des choses. « La démocratie doit être préservée, on doit en prendre soin. Donc [mercredi] matin, c’est un triste évènement », a-t-elle ajouté.

Le directeur des nouvelles de la station de radio montréalaise CPAM 1410, Jean Emmanuel Pierre, en avait long à dire sur les évènements mercredi matin. « On savait que n’importe quoi aurait pu se produire, mais on ne s’attendait pas à ce que le président soit assassiné », soulève-t-il.

PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE

Jean Emmanuel Pierre, directeur des nouvelles de CPAM

Jean Emmanuel Pierre note que malgré les protestataires à Haïti qui demandaient un changement depuis un moment déjà, il n’y avait pas de manifestations de joie ce matin dans les rues. « On voulait le départ du pouvoir, mais pas l’assassinat du président », réitère-t-il.

Pascale Romain, une employée de la maison d’Haïti rencontrée sur place mercredi, était plus prosaïque. « Je ne suis pas heureuse, mais je m’en fous royalement. Il tuait ce pays à petit feu. Finalement, les gangs faisaient la loi dans le pays », dit-elle.

Mme Romain s’inquiète pour la suite. « Nous sommes dans une situation de vide, on ne sait pas ce qui va arriver. On espère que finalement l’opposition va pouvoir faire quelque chose ».

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Nesly Telemaque

Nesly Telemaque, rencontré devant le marché Unik, sur la rue Pascal à Montréal-Nord, est consterné par la nouvelle. « Ça fait mal, souffle-t-il. On n’avait pas raison de le tuer. »

Pour le député Frantz Benjamin, cet évènement tragique s’inscrit dans l’histoire parfois difficile de l’île. « Haïti, c’est un peuple qui, depuis 1804, au lendemain de son indépendance, a eu à se battre pour la dignité. Cette quête de dignité, nous sommes encore là dedans. On espère qu’Haïti puisse retrouver sa sérénité. »

Avec Hugo Pilon-Larose, Florence Morin-Martel et Coralie Laplante, La Presse