(Montréal) La COVID-19 a occasionné des dépenses supplémentaires aux Québécois, ce qui a fait encore plus mal à ceux qui vivent de prestations d’aide sociale. Pour eux, une coalition d’élus et de groupes de défense de leurs droits demande – à nouveau – une aide d’urgence qui serait remise directement aux prestataires.

Car si la pandémie dure depuis un an, cette aide d’urgence a été demandée au gouvernement depuis tout aussi longtemps, a fait valoir la coalition en conférence de presse, vendredi.

Et depuis un an, la même réponse est donnée par le gouvernement de François Legault : « On est en train d’évaluer la situation », rapporte Jean-Philippe Benjamin, du Front commun des personnes assistées sociales du Québec.

Ils font la sourde oreille à nos demandes, déplore-t-il.

Depuis le début de la pandémie, les dépenses s’accumulent pour les personnes assistées sociales – sans que leurs prestations n’augmentent.

Le panier d’épicerie coûte plus cher et tous doivent s’acheter des couvre-visages et du désinfectant. Bien des prestataires d’aide sociale vivent avec de gros problèmes de santé et évitent les supermarchés pour ne pas être infectés : les frais de livraison et d’achats en ligne s’ajoutent alors à leurs autres dépenses, comme des frais de transport pour ne pas utiliser des autobus bondés, ont expliqué différents membres de la coalition.

Certains recueillaient des bouteilles et des canettes pour arrondir leurs fins de mois, mais les épiceries ne les reprenaient plus en temps de pandémie. Et alors que d’autres avaient de petits boulots, ces derniers ont fondu comme neige au soleil durant la crise sanitaire.

« Des gens souffrent et on n’en parle pas », a déclaré en point de presse la députée libérale Paule Robitaille.

Rien n’a changé pour les personnes en situation de pauvreté, a renchéri Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Il convient que Québec a donné de l’argent pour les banques alimentaires et a financé « un petit peu mieux » certains organismes communautaires.

« Mais c’est comme si on faisait tout, sauf envoyer de l’argent aux gens. Les gens savent comment dépenser l’argent, comment satisfaire leurs besoins. Les gens savent que s’ils ont un petit plus de sous, ils vont s’acheter de la nourriture, des masques, du Purell, ce dont ils ont besoin. »

Font aussi partie de la coalition le Collectif pour un Québec sans pauvreté, le Regroupement des assistés sociaux du Témiscouata et des élus, dont Alexandre Leduc, député de Québec solidaire (QS), et Martin Ouellet, député du Parti québécois (PQ)

Le budget du Québec sera présenté la semaine prochaine et la coalition espère que sa demande d’aide d’urgence pour les plus démunis sera entendue. Une autre solution proposée est d’augmenter le crédit d’impôt pour solidarité.

Il faudra attendre le budget pour connaître les orientations du gouvernement en matière d’assistance sociale, a répondu par courriel le bureau ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.

Il se défend toutefois d’avoir été oisif au cours de la dernière année et se dit préoccupé depuis le début de la crise sanitaire par la situation des personnes assistées sociales. « Dès les premières semaines de la pandémie, nous avons mis en place rapidement une série de mesures d’urgence, entre autres auprès des banques alimentaires et des organismes communautaires », écrit le bureau du ministre.

Il indique aussi avoir accordé aux prestataires d’aide sociale, en janvier dernier, des bonifications de leur chèque oscillant entre 1,8 % et 7,3 % (ce qui représente une somme allant de 12,75 $ à 51,50 $ par mois, pour une personne recevant la prestation de base de 708 $) et le remboursement des frais de déplacement pour les personnes qui vont se faire vacciner contre la COVID-19, entre autres allégements, dit-il.