Avec ses cheveux colorés et son look punk, Simone Laforme-Jasenovic avait tout d’une révolutionnaire moderne. À côté de sa photo, un chandail à l’effigie de Che Guevara a été accroché par des proches à la porte de l’appartement de La Petite-Patrie, à Montréal, où l’adolescente de 17 ans est morte mardi matin dans un incendie.

« Simone, elle voulait changer le monde », souffle Léora Rose Béasse, sa meilleure amie. « Elle avait tellement de pouvoir avec ses mots, je sais qu’elle aurait été capable. Je trouve ça absolument triste qu’elle n’ait pas pu le faire. »

La veille, des proches avaient déposé des fleurs et allumé des bougies sur le trottoir devant l’immeuble incendié, traduisant le choc laissé par son départ.

Ces dernières années, Simone s’était impliquée dans plusieurs causes militantes, comme la lutte contre le racisme et la liberté sexuelle.

En novembre 2019, elle avait fait le tour des médias après s’être portée à la défense d’un camarade de classe suspendu de l’école Robert-Gravel pour s’être maquillé à la manière du chanteur Hubert Lenoir.

« On trouvait ça injuste. Moi, je me maquille full tous les jours et personne ne m’a jamais avertie. On s’est dit : ‟S’ils veulent appliquer un règlement, qu’ils le fassent pour tout le monde.” Il fallait qu’on fasse de quoi pour se révolter », avait alors témoigné Simone à La Presse.

Assis au bout d’une table aux chaises vides, son père, Jean-Sébastien Jasenovic, se rappelle le tempérament militant de sa fille avec un petit sourire aux lèvres.

« Elle était quelqu’un qui savait ce qu’elle voulait et qui savait comment l’avoir. Elle aurait pu être déléguée syndicale, tellement elle était bonne pour négocier ! », raconte M. Jasenovic d’une voix tremblante.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Jean-Sébastien Jasenovic, père de Simone

Dans un parc près de leur école secondaire, Élia Rose Guimond joue nerveusement avec ses doigts. Elle était très proche de Simone.

« C’était le genre de personne qui laissait ses problèmes de côté pour aller aider les autres », se souvient Élia Rose avant de fixer le sol. « Elle était aimée par tout le monde. Ça n’aurait pas dû s’arrêter comme ça. Elle avait encore des choses à faire. »

L’incendie s’est déclaré aux alentours de 4 h 30 mardi à l’intérieur d’un logement à l’intersection du boulevard Rosemont et de la rue Saint-Vallier, où habitait le copain de Simone.

On déplore également quatre blessés, incommodés par la fumée.

Les flammes ont rapidement envahi l’appartement, qui n’était pas doté d’un avertisseur de fumée, selon le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM).

La cause de l’incendie est toujours inconnue.

– Avec Mayssa Ferah, La Presse