Il n’y a pas de doute, le camping est très populaire cet été. Mais tous ne le pratiquent pas pour les mêmes raisons.

Sur un terrain situé aux abords de l’avenue du Mont-Royal, entre les rues de Mentana et Boyer, un campement suscitant la curiosité a vu le jour. Il s’agit de militants écologistes qui, pour mieux faire passer leur message, ont décidé d’occuper les lieux pendant un certain temps.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Un campement d’une vingtaine de tentes occupé par des militants écologistes est installé dans la place des Fleurs-de-Macadam, avenue du Mont-Royal.

Le petit groupe a investi la place des Festivals à la mi-juillet. Le nombre de tentes est passé de 6 à 20 le week-end dernier lorsque les militants ont déménagé leurs pénates dans ce lieu baptisé place des Fleurs-de-Macadam en l’honneur de Jean-Pierre Ferland et de son père Armand, qui y a tenu un garage pendant de nombreuses années.

Je me suis rendu mardi rencontrer quelques-uns des militants. S’agissait-il de faux militants qui profitent de la cause environnementale pour faire la fête ? Que nenni ! Je suis tombé sur des jeunes au discours clair qui trouvent que la question environnementale a été mise de côté par la COVID-19 et qu’il est temps de la ramener à l’avant-scène.

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Alfredo

« Nous sommes un groupe de citoyens préoccupés par ce qui arrive et nous ne sommes pas rattachés à de grands groupes environnementalistes, m’a expliqué Alfredo. C’est important pour nous de ne pas être soumis à des idéologies en particulier. »

Cet étudiant, originaire de Vancouver, n’a pas voulu me donner son nom de famille.

« Vous pouvez mettre Rigatoni si vous voulez », m’a-t-il dit à la blague.

« Euh… Je peux aussi mettre Macaroni », ai-je répliqué !

Mardi, la plupart des tentes étaient vides. Après une pénible journée de pluie et de chaleur suffocante, des militants avaient décidé d’aller se rafraîchir chez eux ou étaient tout simplement partis pour le boulot.

« Il faut redémarrer la machine, m’a dit Coralie Laperrière. Nous disposons de peu de temps pour le faire. Au cours des six prochains mois, nous allons prendre des décisions qui auront un impact majeur sur les prochaines années. L’économie va redémarrer. Aussi bien repartir sur une bonne base. »

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Coralie Laperrière

Coralie m’a dit tout cela de manière posée et avec un sourire accroché au visage. La pauvre, elle aurait toutes les raisons d’afficher un air triste. Auteure fraîchement sortie de l’École nationale de l’humour, la jeune femme a consacré plusieurs mois à la création d’une websérie (Le band et Sébastien) mettant en vedette… Julien Lacroix.

« Ouain, c’est plate. Je subis les contrecoups de cette affaire », s’est contentée d’ajouter Coralie.

Sur le terrain, outre les tentes, on retrouve des pancartes sur lesquelles sont inscrits des messages. Cette information est remise aux passants. On retrouve également ces mêmes messages sur la page Facebook du mouvement qui se nomme Wake up Câlice !

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Yoann Pépin

« Il est important de bien préparer les gens qui viennent militer avec nous, dit Yoann Pépin. Il faut qu’on s’entende sur les mêmes messages. »

Cet archéologue qui effectue un retour aux études afin de devenir professeur d’histoire au secondaire était occupé à préparer une salade avec des « choses trouvées chez lui ». « Le plus difficile est de ne pas se fâcher contre certaines personnes qui nient l’existence d’un réel problème environnemental. Il faut garder le sourire. »

Évidemment, la question que tous se posent est : ont-ils le droit d’être là ?

« C’est sûr qu’il y a une part de désobéissance civile dans ce que l’on fait, dit Alfredo. Mais nous avons établi des règles très strictes avec les participants. »

Ainsi, il est interdit de consommer des drogues et de l’alcool sur le lieu du campement. On doit aussi observer des mesures sanitaires. Le port du masque et le nettoyage des mains font partie des habitudes des militants lorsqu’ils s’y retrouvent nombreux.

Le maire Luc Rabouin est venu visiter le campement mardi matin. « Il nous a parlé de plaintes au sujet du bruit, a dit Coralie Laperrière. Mais ce n’est pas nous qui faisons du bruit, ce sont les fêtards qui quittent les bars. Nous, au contraire, on veut dormir. »

À cet effet, afin d’assurer la sécurité des militants la nuit, deux veilleurs font le guet. Yoann Pépin est l’un de ceux-là.

Comme le terrain appartient à la Ville, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ne peut intervenir qu’à la demande de l’arrondissement. Ce lieu public n’est pas un parc où il est interdit de s’y trouver entre 23 h et 7 h.

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Un militant pose une affiche dans la place des Fleurs-de-Macadam, avenue du Mont-Royal.

« L’arrondissement tolère le campement pour le moment et suit la situation de près, m’a-t-on dit dans un courriel. Dans le souci d’assurer la sécurité de l’ensemble des citoyens et citoyennes, ainsi que le respect des normes sanitaires, l’arrondissement se réserve le droit d’exiger le démantèlement du campement et rappelle que la distanciation sociale doit être maintenue. »

Les militants montréalais souhaitent que ce mouvement fasse des petits. Il y aurait des projets de campements en préparation en Abitibi et dans la région de Lanaudière. Mardi après-midi, lors de mon passage, une militante de la Gaspésie est venue recueillir de l’information.

Les militants n’écartent pas l’idée de bouger de nouveau plus tard. En attendant, je vous invite à vous arrêter au campement et piquer une jasette avec ces gens qui ont des choses sensées à dire.

Au pire, vous allez rencontrer des jeunes campés sur leurs positions, allumés et inspirants. Au mieux, vous allez contribuer à améliorer le sort de la planète. Beau projet de vacances, non ?