« C’est un tweet qui se voulait sarcastique. J’ai raté la cible. »

En entrevue à La Presse, Gabrielle Bouchard, présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), a présenté ses excuses pour son commentaire formulé ce matin sur Twitter.

« Les relations de couple hétérosexuel sont vraiment violentes, a-t-elle écrit. En plus, la grande majorité sont des relations basées sur la religion. Il est temps d’avoir une conversation sur leur interdiction et abolition. »

Que s’est-il passé entre ce matin et cet après-midi pour qu’elle présente ses excuses ? Croit-elle ou non ce qu’elle a écrit ?

Mme  Bouchard dit avoir compris deux choses depuis ce matin. D’abord, que les « tweets et le sarcasme », ça ne va pas bien ensemble. Ensuite, que même si elle a écrit son message à titre personnel, cela se répercute sur l’organisme qu’elle préside.

Mme  Bouchard a expliqué que ce qu’elle voulait rappeler, c’est à quel point les féminicides surviennent dans le cadre de relations intimes entre hommes et femmes.


La FFQ prend ses distances

La Fédération des femmes du Québec vient de se dissocier par voie de communiqué du tweet de sa présidente, Gabrielle Bouchard, bien qu’elle ait présenté ses excuses sur plusieurs tribunes au cours des dernières heures.

« Nous tenons à préciser que la Fédération des femmes du Québec, son conseil d’administration, son équipe et ses membres n’endossent pas ces propos, qui ont été émis en son nom propre et non au nom de l’organisation », est-il écrit.


La Fédération des femmes du Québec a réitéré que toutes ses communications officielles passent exclusivement par le site internet de l’organisation.

Québec réévaluera le financement

À Québec, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a indiqué qu’il allait procéder à la réévaluation de l’admissibilité de la FFQ au Fonds d’aide à l’action communautaire autonome « à la lumière des propos » tenus par la présidente mardi.  

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet

La Fédération des femmes du Québec reçoit actuellement 120 000 $ par année de ce fonds d’aide du gouvernement du Québec. Quelque 320 « organismes de défenses collectives des droits » en bénéficient, a souligné M. Boulet.

« Je veux m’assurer que la FFQ respecte toujours les critères permettant d’obtenir le financement du Fonds », a-t-il affirmé en entrevue. « Évidemment, je tiens compte de l’ensemble des circonstances. J’ai vu qu’elle s’était excusée, que ses excuses étaient sincères et donc, ce sont des circonstances qui m’apparaissent atténuantes. »

« On vit dans une société libre et démocratique et la liberté d’expression est une valeur importante, mais il y a des propos qui ont été tenus [par Mme Bouchard] qui m’apparaissaient inacceptables et déraisonnables », a également soutenu le ministre Boulet.

Sa collègue responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, a fait de même sur Twitter. « Les propos de Mme  Bouchard sont inacceptables. Prendre la parole publiquement pour faire avancer la cause des femmes est un privilège qui vient avec des responsabilités », a-t-elle écrit sur Twitter.

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La ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest

Pierre Arcand, chef intérimaire du Parti libéral du Québec, a relevé que Mme  Bouchard n’en est pas à sa première intervention « hautement douteuse ».

« La Fédération des femmes devrait normalement être le porte-parole des femmes du Québec, a poursuivi M.  Arcand. Clairement, les dernières choses que j’ai vues de cette fédération-là vont la marginaliser passablement. […] Je crois qu’actuellement, c’est un organisme qui m’apparaît plutôt être marginal ».

Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire, a pour sa part dit qu’il revient à Mme  Bouchard de s’expliquer à ses membres. Elle a cependant rappelé que lorsqu’elle était à la Fédération des femmes du Québec, du temps de Françoise David, l’organisme donnait plus « dans des actions de type de la marche mondiale [contre la pauvreté] ».

La députée libérale Hélène David a quant à elle dit qu’« il y a de meilleures façons d’attirer l’attention »

Depuis sa nomination à la tête de la Fédération des femmes du Québec, Mme  Bouchard ne fait pas l’unanimité. D’emblée, le fait qu’elle soit trans a fait réagir, lors de sa nomination en octobre 2017, de même que ses prises de position sur le voile et sur la vasectomie. En juin, elle écrivait sur Twitter : « On devrait discuter de la vasectomie obligatoire à 18  ans. »