(Montréal) Le gouvernement Legault crée un sentiment d’inquiétude parmi la population anglophone du Québec, dénonce le président du groupe de pression Quebec Community Groups Network (QCHGN), Geoffrey Chambers.

L’organisme reproche notamment à l’adjoint parlementaire du premier ministre pour les relations avec les Québécois d’expression anglaise, Christopher Skeete, de ne pas défendre la communauté anglophone.

« Les premières indications que nous avait reçues étaient que [le gouvernement caquiste] allait se montrer ouvert », a soutenu M. Chambers au cours d’une récente entrevue. Mais avec le temps, il dit avoir constaté que ses conversations avec M. Skeete ou d’autres membres du gouvernement « n’avaient absolument pas d’impact sur les politiques ».

Deux exemples viennent à l’esprit de M. Chambers démontrant le déclin de l’influence de sa communauté sur le gouvernement québécois depuis l’arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec. En décembre dernier, l’Office québécois de la langue française avait demandé à l’Hôpital de Lachute de mettre fin à l’affichage bilingue dans l’établissement, une décision qu’avaient appuyée le premier ministre François Legault et M. Skeete, malgré l’opposition de politiciens locaux anglophones et francophones.

Un mois plus tard, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a annoncé le transfert d’école de la commission scolaire anglophone English Montreal à la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île. En juin, le nombre d’écoles transférées du secteur anglophone durement touché par la réalité démographique de l’est de Montréal au secteur francophone était porté à trois.

« Qu’en pense le Secrétariat [ “aux relations avec les Québécois d’expression anglaise] ?, s’interroge le député libéral de la circonscription de Jacques-Cartier, dans l’ouest de l’île de Montréal, Greg Kelly. Je doute sérieusement qu’il accomplisse son mandat. »

Le Secrétariat a été créé par l’ancien gouvernement libéral en 2017. Le premier ministre de l’époque en avait confié la responsabilité à la ministre Kathleen Weil. Aujourd’hui, c’est M. Skeete qui n’a pas de rang de ministre qui a la responsabilité de l’organisme.

Christopher Skeete défend la décision du ministre Roberge, rappelant le problème du manque de places dans les écoles francophones et reprochant aux libéraux d’avoir fait fi de la situation. Il laisse même entendre que les libéraux étaient trop craintifs de déplaire aux leaders anglophones et de perdre leur appui.

« Après 15 ans de règne libéral, voir un nouveau parti qui n’avait jamais été au pouvoir, qui ne doit rien à personne et qui prend des décisions rationnelles fondées sur des faits, cela doit être déconcertant pour ceux qui avaient un accès immédiat au gouvernement », commente-t-il.

M. Chambers croit que la communauté anglophone n’est pas au bout de ses peines. Le sort que compte réserver le gouvernement aux commissions scolaires risque de devenir un autre sujet de mésentente entre lui et les anglophones québécois. Les commissions scolaires anglophones sont une des rares institutions que la communauté contrôle au Québec.

« Tout le monde sait que nous envisageons d’abolir les commissions scolaires », reconnaît M. Skeete. Il ajoute que toute décision sera prise dans le respect des droits de la minorité anglophone garantis par la Charte canadienne des droits et des libertés. Il insiste pour dire que les anglophones ne perdront pas le contrôle de leurs écoles, mais s’attend quand même à une forte opposition du QCGN.