(Montréal) L’archevêque de Montréal, Christian Lépine, craint que le projet de loi visant à affirmer la laïcité de l’État québécois ne provoque un recul des libertés individuelles.

Dans un communiqué publié jeudi, le chef de l’Église catholique du diocèse de Montréal écrit que s’il est compréhensible que l’État puisse affirmer sa neutralité au regard de ses prérogatives, il doit manifester de l’ouverture et de la bienveillance devant le fait religieux et la diversité de croyances.

Mgr Lépine voit dans l’interdiction du port des signes religieux une entrave à la liberté de conscience et de religion, voire une atteinte à la dignité humaine de personnes tenues de se cacher ou de taire leur identité au nom d’une présumée neutralité.

À l’instar de ce qu’écrivait en mars dernier l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, l’archevêque de Montréal se demande quel est le bien-fondé d’étendre l’interdiction du port de signes religieux aux enseignants sinon de les priver d’un droit fondamental qui, à son avis, est inaltérable.

Selon l’archevêque de Montréal, rendre relatives les libertés individuelles des citoyens au nom de la séparation des religions et de l’État constitue une dangereuse dérive vers une laïcité fermée qui tend vers l’effacement progressif des manifestations individuelles et collectives publiques d’appartenance à une communauté religieuse.

Mgr Lépine propose plutôt d’envisager une conception de la laïcité à travers laquelle l’État protègerait et promouvrait ces libertés dans l’espace public car une société pluraliste et égalitaire en profiterait.

La commission parlementaire des institutions tient depuis plusieurs jours des consultations concernant le projet de loi 21 sur la laïcité. Celles-ci se poursuivent ce jeudi à la salle du Conseil législatif de l’Assemblée nationale.