Le ministre des Finances, Bill Morneau, a écarté tout lien, vendredi, entre l'opposition exprimée au Québec contre le projet d'oléoduc Énergie Est et le délai d'analyse d'un éventuel soutien financier fédéral à Bombardier.

Au lendemain de l'annonce que le transporteur américain Delta ferait l'acquisition d'avions de la CSeries de Bombardier, M. Morneau n'a donné aucun signe d'empressement à décider si Ottawa investira dans l'entreprise québécoise.

De passage à Québec, où il a notamment rencontré le maire Régis Labeaume, M. Morneau a affirmé que son gouvernement prendra le temps nécessaire pour décider s'il imitera le gouvernement québécois, qui a promis d'investir 1 milliard US dans la CSeries, l'automne dernier.

« C'est bon pour Bombardier, c'est bon pour les travailleurs, pour le secteur de l'aérospatiale, a-t-il dit lors d'un point de presse. Pour nous, nous continuons de prendre notre temps pour faire nos vérifications préalables. Ils nous ont fait une demande d'aide et ça continue, ça ne change rien pour nous. »

En février dernier, M. Labeaume avait fait part de sa crainte que l'opposition exprimée par plusieurs maires du Québec au projet d'oléoduc Énergie Est, de l'entreprise albertaine TransCanada, puisse nuire à une décision d'Ottawa de soutenir financièrement Bombardier.

En rencontrant la presse, après un discours devant des gens d'affaires dans un hôtel de Sainte-Foy, M. Morneau a écarté toute association entre les deux dossiers.

Le ministre a toutefois reconnu que les entreprises pétrolières ont besoin d'un moyen pour exporter leur production.

« Pour moi les deux sujets ne sont pas du tout ensemble, a-t-il dit. Nous pensons que c'est important pour nous de faire notre vérification préalable avec Bombardier et en même temps nous savons que c'est très important pour les compagnies du secteur du pétrole d'avoir une façon de délivrer leurs produits aux marchés. Mais les deux enjeux ne sont pas du tout ensemble. »

Dans un point de presse qui a suivi, M. Labeaume s'est montré confiant que le gouvernement fédéral annoncera sa décision d'investir dans Bombardier d'ici deux semaines.

Selon le maire, au-delà de cette limite, les élus québécois de tous les partis devraient s'unir pour faire pression sur Ottawa.

« On doit y penser et voir ce qui va se passer d'ici les deux prochaines semaines », a-t-il dit.

Pour M. Labeaume, passer à l'action de façon trop précipitée pourrait créer des tensions avec les provinces pétrolières de l'Ouest du pays, qui ont déjà critiqué les réticences québécoises envers Énergie Est.

« On doit être prudent, parce que je me demande ce que pourrait être la réaction dans l'Ouest, a-t-il dit. Ce n'est peut-être pas une bonne idée de créer des tensions. »

M. Labeaume a affirmé qu'il avait plaidé auprès de M. Morneau pour qu'Ottawa aide Bombardier.

« Je ne sais pas pourquoi on est timide par rapport à un investissement public dans une compagnie aéronautique, a-t-il dit. Tout le monde le fait. On n'a pas à être gêné de ça, encore plus aujourd'hui, avec une compagnie internationale qui a décidé qu'elle utilisait ces avions-là. »

La décision de TransCanada, la semaine dernière, de soumettre un avis de projet et une étude d'impact environnemental, qui permettront une évaluation plus approfondie que prévu, devrait aider à faire accepter le projet, a indiqué le maire.

« Ça va exiger évidemment plus de transparence, ce qui au final devrait peut-être les aider », a-t-il dit.