Moins d'un an après son élection, le maire de Saint-Lambert, sur la Rive-Sud de Montréal, se trouve dans la ligne de mire de la Commission municipale du Québec (CMQ) qui enquête sur de possibles manquements déontologiques.

Le maire Alain Dépatie ainsi qu'un conseiller municipal, Jean Bouchard, ont été convoqués en octobre à six jours d'audiences pour répondre à une plainte formulée contre eux.

Pour le moment, la CMQ n'a pas rendu publics les faits reprochés aux deux élus lambertois, expliquant que le dossier fait toujours l'objet d'une enquête. Les deux commissaires qui entendront la cause, Sylvie Piérard et Sandra Bilodeau, préciseront les manquements reprochés à l'ouverture des audiences, le 8 octobre.

Alain Dépatie s'est fait avare de commentaires, hier soir en conseil municipal. «J'aurai une juste défense», a-t-il simplement répondu lorsqu'il a été interrogé par un citoyen. Le maire a précisé que ses frais juridiques seront couverts par Saint-Lambert. Conseiller municipal jusqu'à récemment, Alain Dépatie a été élu maire de la municipalité en novembre 2013 en battant le maire sortant, Philippe Brunet.

«Je n'ai pas de commentaires, les gens sont libres de déposer des causes», a quant à lui répondu à La Presse le conseiller Jean Bouchard, qui agit comme maire suppléant.

Selon nos informations, les manquements déontologiques seraient liés à un dossier de harcèlement. En janvier, une partie des élus du conseil municipal de Saint-Lambert avaient décidé de demander un «diagnostic organisationnel» à un cabinet d'avocats. Ils disaient vouloir faire la lumière sur «certains événements récemment portés à la connaissance du conseil», faisant état de problèmes de «respect envers les membres du conseil, les employés de la municipalité et les citoyens». Le rapport rédigé à la suite de cette enquête a toutefois été gardé confidentiel depuis.

La Presse a toutefois appris qu'une plainte a été formulée au ministère des Affaires municipales dans ce dossier. Le Bureau du commissaire aux plaintes a transféré le tout à la CMQ après avoir déterminé que la plainte n'était pas «frivole ou vexatoire».

Depuis, ce dossier est entouré de mystère. Les élus n'ont pas voulu expliquer publiquement la nécessité d'un «diagnostic organisationnel» en janvier. Même mutisme hier soir au sujet de la plainte en déontologie.

Depuis décembre 2010, toutes les municipalités québécoises sont tenues d'adopter un code d'éthique et de déontologie s'appliquant aux élus. La CMQ est ensuite responsable de son application. Depuis, une quarantaine de maires et conseillers municipaux ont eu à répondre de leurs actes en déontologie.

Rémunération des élus, pollution sonore et collecte des ordures au menu du conseil municipal

Les élus de Saint-Lambert ont décidé hier soir de reporter le vote sur une résolution visant à doubler leurs salaires d'ici 2017. Sujet fort attendu, la rémunération des élus devait être à l'ordre du jour du conseil municipal, mais le maire a annoncé en début de séance que le sujet reviendra après les discussions sur le prochain budget municipal.

Malgré le retrait du point à l'ordre du jour, le conseiller Martin Smith a dû défendre sa proposition devant des citoyens visiblement mécontents. Sa résolution propose de faire passer le salaire du maire de 29 000$ à 55 500$ en 2017 et celui des conseillers de 9600$ à 18 500$. Questionné par un citoyen, le maire a précisé recevoir 87 000$ en incluant les montants versés par l'agglomération de Longueuil, dont fait partie Saint-Lambert. Le conseiller Dominique Lebeau a quant à lui prévenu que «je ne peux pas me représenter dans les mêmes conditions», en novembre 2017.

Sur le dossier du bruit provenant des spectacles organisés au parc Jean-Drapeau, le maire Alain Dépatie a indiqué attendre d'ici la fin septembre un rapport d'un expert indépendant. Il a précisé que deux sonomètres continuent à colliger les données sur le bruit provenant de l'île, la saison des spectacles n'étant pas finie. Il a ajouté vouloir aborder le dossier lors d'une rencontre avec le maire de Montréal, Denis Coderre, prévue en septembre.

Par ailleurs, un citoyen a dénoncé la décision de la municipalité de réduire la collecte des ordures en hiver, pour la faire passer à une fois toutes les deux semaines. «On ne veut pas devenir un bidonville», s'est-il inquiété, disant craindre pour les odeurs. Le maire a précisé que la mesure permettrait de générer des économies de 200 000$ par an.