Moreno Gallo, un tueur étroitement associé à la mafia, a été arrêté par l'Agence des services frontaliers à sa sortie d'une prison de Laval, hier matin, pour être éventuellement expulsé en Italie. Il doit comparaître lundi à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.

Âgé de 64 ans, Gallo a immigré au Canada à l'âge de 9 ans avec sa mère et sa soeur, deux ans après l'arrivée de son père. Il a obtenu le statut de résident permanent, mais n'a jamais obtenu la citoyenneté canadienne.

En 1974, il a été condamné pour meurtre après avoir tiré trois balles dans la tête d'un homme assis au volant de sa voiture, à Montréal. Il était libéré neuf ans plus tard. Depuis, il n'a commis aucun crime. Mais dans les années 2000, les agents de la Gendarmerie royale du Canada participant à l'opération Colisée, qui visait le crime organisé italien à Montréal, l'ont vu à de multiples reprises avec des membres notoires de la mafia.

Il est l'un des nombreux hommes qui ont été filmés par des caméras cachées de la GRC dans le Consenza, un café qui servait de quartier général à la mafia, rue Jarry, dans l'arrondissement de Saint-Léonard. Pendant certaines de ses visites, Nicolo Rizzuto, qui dirigeait la mafia avec son fils Vito, a été filmé en train de dissimuler des liasses d'argent dans ses chaussettes, ou en train de les partager avec d'autres chefs du clan.

Emprisonné de nouveau

La GRC a rédigé un rapport sur ses relations mafieuses, si bien que sa libération a été révoquée. Il a de nouveau été emprisonné en 2007. Le 30 mars dernier, la Commission des libérations conditionnelles a accepté de le libérer à nouveau, mais en émettant plusieurs réserves. Les commissaires ont noté qu'il n'a jamais admis avoir tué un homme de sang-froid, il y a cela 36 ans.

«Vous maintenez que vous avez décidé de prendre les choses en main afin d'arrêter un trafiquant qui vendait de la drogue à votre plus jeune soeur à l'école, écrivent les commissaires. Vous avez dit que le meurtre n'était pas prémédité, et que vous essayiez d'intimider la victime. Le jour du meurtre, vous étiez armé et accompagné d'un complice qui a trouvé la victime dans sa voiture. Quand il a fait un mouvement suspect, vous croyiez que votre vie était en danger. Vous avez tiré plusieurs balles sur la victime, qui a été frappée à la tête.

«L'information policière indique plutôt que cette attaque a été commise pour régler un conflit et qu'à l'époque, vous étiez associé aux activités et à des dirigeants du crime organisé italien, ajoutent les commissaires. Vous avez toujours contesté cette version... L'opération Colisée a révélé (dans les années 2000) que étiez toujours étroitement associé aux activités de la mafia italienne, et que vous agissiez comme un personnage important. Selon la police, vous avez admis agir comme intermédiaire pour régler les conflits entre membres d'organisations criminelles.»

«Des évaluations psychologiques et psychiatriques indiquent que vous avez une personnalité antisociale et narcissique, notent les commissaires. L'évaluation psychologique la plus récente, datée du 9 octobre 2008, mentionne que vous êtes égocentrique, rigide, suspicieux, manipulateur, insensible aux autres et à vos propres émotions.»

Dominique McNeely, porte-parole de l'Agence des services frontaliers, a dit que Moreno Gallo a été arrêté en vertu de plusieurs articles de la Loi sur l'immigration. Un de ces articles prévoit qu'un immigrant qui n'a toujours pas obtenu sa citoyenneté canadienne peut être renvoyé dans son pays natal s'il est «membre d'une organisation dont il y a des motifs raisonnables de croire qu'elle se livre ou s'est livrée à des activités faisant partie d'un plan d'activités criminelles organisées». Gallo conteste son expulsion.