Une histoire de règlement de comptes et de vengeance entre bandes rivales aurait servi de toile de fond à la scène de Far West survenue mercredi soir dans le nord-est de Montréal. En moins de deux heures, trois fusillades ont éclaté dans trois bars différents dispersés dans un rayon de cinq kilomètres. Les incidents seraient liés entre eux.

Si plusieurs coups de feu ont résonné dans le secteur, les personnes ciblées s'en sont miraculeusement tirées avec des blessures graves, mais qui ne mettent pas leur vie en danger.

Pour comprendre l'origine de cette escalade de violence aux allures d'effet domino, il faut remonter à quelques semaines.

Selon les informations obtenues par La Presse, des individus liés aux gangs de rue avaient fait irruption dans un bar des environs, fréquenté par des membres de la communauté italienne, pour y dépouiller les clients présents de leur argent et de leurs effets personnels. Malgré la gravité du geste, la direction de l'établissement n'aurait pas porté plainte à la police.

Des personnes dévalisées auraient par contre reconnu Philistin Paul parmi les voleurs. Ce récidiviste de 30 ans, lié aux Bo-Gars (rouge), est d'ailleurs bien connu des milieux policiers pour de multiples infractions liées au trafic de drogue et à des bris de conditions.

Après le cambriolage, la tête de Philistin Paul aurait été mise à prix par des criminels d'une bande rivale.

Le contrat a de toute évidence connu son dénouement mercredi soir vers 21h, alors que Philistin Paul se trouvait au bar Le Ritz, situé au 9450, boulevard Lacordaire, dans l'arrondissement de Saint-Léonard.

Il a été atteint de plusieurs projectiles par un suspect qui a débarqué dans l'établissement. "La victime a ensuite fracassé la vitre pour sortir, avant de prendre la fuite en voiture avec un ami", a expliqué Olivier Lapointe, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Fait surprenant, aucun employé ou client du bar n'a jugé bon d'alerter les policiers de ce qui venait de se produire. Même chose pour la victime et son ami. C'est finalement l'admission de ces derniers à l'hôpital qui a mené les enquêteurs au bar Le Ritz. "À l'arrivée des policiers, le bar était complètement désert, même si les portes étaient encore déverrouillées", a indiqué l'agent Lapointe.

En 2006, la Régie des alcools, des courses et des jeux avait suspendu les permis du café-bar Le Ritz pendant 135 jours, notamment en raison de la vente de stupéfiants qui se déroulait à l'intérieur de l'établissement.

Violentes représailles

Mais l'affaire n'allait pas en rester là. De violentes représailles à l'incident du Ritz auraient été orchestrées plus tard en soirée, à 15 minutes d'intervalle, dans deux cafés-bars du secteur Rivière-des-Prairies.

Vers 22h40, un homme de 36 ans a d'abord été atteint par balle à l'intérieur du café-bar Mare&Mondo, situé à l'intersection des boulevards Maurice-Duplessis et Armand-Bombardier.

La victime a eu le ventre transpercé par un projectile tiré par un jeune suspect qui a fait irruption dans l'établissement avant de prendre la fuite.

Hier matin, plusieurs clients accoudés au bar ont souligné que la victime, un habitué, est une personne innocente, choisie au hasard par le tireur. «C'est un gars tranquille, il est presque gêné de déranger un employé pour lui demander un café», a souligné un des clients, convaincu que la victime a été ciblée uniquement parce qu'elle était assise tout près de la porte.

Enfin, vers 22h55, une autre fusillade en apparence tout aussi gratuite s'est produite un kilomètre plus loin, dans le stationnement arrière d'un autre bar italien, le Cortina, à l'angle du boulevard Maurice-Duplessis et de la rue Alexis-Carrel.

Un jeune homme de 19 ans a été atteint d'un coup de feu alors qu'il se trouvait à l'intérieur de sa voiture.

Les policiers poursuivent toujours leur enquête pour démêler les liens possibles entre les trois incidents. Ils ne détiennent que très peu d'informations sur le ou les suspects impliqués.

Avec Marcel Laroche.