(Lake George) En cette mi-décembre, le village de Lake George semble en dormance. Dans la rue du Canada, son artère principale, plusieurs commerces s’affichent fermés. Le portrait contraste avec la frénésie qu’on y trouve en été, alors que le village grouille de touristes. On aura en revanche l’impression de l’avoir pour soi et d’entrer dans son intimité.
Le contexte est douillet pour contempler les paysages montagneux du massif des Adirondacks, dans le nord-est de l’État de New York. Nichés au creux des montagnes, sur les rives de l’immense étendue d’eau du lac George, le village et la région du même nom ne manquent pas de charme sous un voile blanc. Situé à trois heures de route Montréal, ce territoire de conifères, gratifié d’une photogénie de carte postale, abrite aussi de charmants villages qui se laissent découvrir lors d’une courte escapade d’un week-end en famille ou en amoureux.
C’est dans l’espoir de dynamiser son offre touristique en hiver que la région de Lake George, l’une des plus populaires destinations de villégiature estivale aux États-Unis, tente une opération de séduction.
La municipalité a eu sa leçon l’année dernière : après avoir connu des ratés avec ses châteaux de glace en raison d’un hiver particulièrement doux, elle a changé son fusil d’épaule et pris contact avec le studio montréalais Moment Factory pour créer Winter’s Dream, une expérience immersive installée dans le Fort William Henry qui ne sera pas soumise aux aléas de la météo.
Cette nouveauté s’ajoute à celle de Winter Realms où se dresse une patinoire dans un décor fantaisiste destiné aux enfants. Ce royaume d’hiver accueillera bientôt des sculptures de glace… si l’hiver se tient sous la barre du zéro !
Pour les amoureux de plein air
La région est un terrain de jeu pour les amateurs de sports d’hiver. Ses centaines de kilomètres de sentiers en forêt en font un lieu de prédilection pour les randonnées en raquettes ou en ski de fond. Dès que la saison froide s’installe, ses lacs se transforment en patinoires et s’offrent à la pêche sur glace.
Le secteur ne manque pas non plus d’attraits pour les skieurs, planchistes et grimpeurs. Gore, avec sa pointe à 3518 pieds d’altitude, est le deuxième sommet du parc des Adirondacks après le mont Whiteface. Sa station de ski, située à 35 minutes au nord du village de Lake George, compte 107 pistes et 15 remontées mécaniques.
Petit (1010 pieds d’altitude) mais familial, le mont West, situé à Glens Falls, est plus accessible aux débutants et ouvert en soirée. On s’y rend pour le ski, la planche ou la glissade sur tube. Les skieurs de randonnée mettront plutôt le cap sur le complexe Nordic, situé dans le même secteur, et trouveront plusieurs autres circuits dans la région.
Gloires et déboires passés
Avec plus de 400 ans d’histoire tumultueuse, la région de Lake George est riche en sites historiques et musées. Au XVIIe siècle, la guerre sanguinaire entre Français et Anglais, et leurs alliés autochtones, a été menée en partie sur les rives du lac George. C’est au retour d’un séjour dans les Adirondacks que James Fenimore Cooper a écrit Le dernier des Mohicans, dont le récit se déroule durant la guerre de la Conquête (1754-1760) et décrit entre autres la bataille de Fort William Henry. Les personnages principaux trouvent refuge dans l’une des cavernes de la région. Celle qui a inspiré l’auteur, la Cooper’s Cave, est située à Glens Falls, mais est fermée jusqu’au printemps. On pourra toutefois s’offrir une visite guidée dans les cavernes de Pottersville à longueur d’année.
Un air d’antan
À l’orée de l’ère industrielle, la rivière est devenue un lieu de transport pour des millions de rondins. L’industrie du bois et du papier a contribué à l’essor économique de la région. Le rang des Millionnaires (Millionaires Row), qui longe la rive du lac sur 16 kilomètres, entre Bolton Landing et le village de Lake George, témoigne de son âge d’or. Au tournant du XXe siècle, de vacanciers bien nantis y ont fait construire de somptueuses résidences d’été.
Aujourd’hui, des demeures cossues y côtoient un chapelet de motels. L’Erlowest, construite en 1898 par un riche avocat et politicien de Brooklyn, est l’une des rares demeures qui ont conservé leur opulence d’antan. Maintenant convertie en auberge, elle affiche ses moulures et vitraux d’époque, son parloir et sa salle à manger mondaine. Erlowest est ouverte toute l’année. Son décor idyllique en fait un lieu populaire pour les mariages d’hiver ou les escapades en couple.
Plus loin, sur la même route, on gagne la villa Sagamore, à Bolton Landing. L’hôtel, construit en 1883 sur une île privée – l’une des 170 que compte le lac –, est devenu un élégant complexe de villégiature auquel on accède par un petit pont. Parmi les commodités : deux piscines, dont une est chauffée à l’extérieur, un espace de loisirs, un restaurant et un spa auquel s’est ajoutée une chambre à sel cette année. L’endroit, ouvert les fins de semaine en hiver, est de ceux où l’on entre en n’ayant plus besoin (ou l’envie) d’en sortir. Chaque soir, les s’mores sont offerts au bord du feu de camp.
Un peu de culture
Si Lake George s’emmitoufle en hiver, il en va autrement pour Glens Falls, active toute l’année. Située à 15 minutes au sud, la ville compte trois musées. Le Hyde abrite une étonnante collection d’art européen et américain. Jusqu’au 31 décembre, il accueille aussi deux expositions temporaires qui donnent l’occasion de découvrir plusieurs croquis d’Edgar Degas ainsi que les paysages abstraits du photographe Ron Jude.
Dans le vieux Glens Falls, on ira zieuter l’hôtel Queensbury, construit en 1926, qui est l’une des beautés architecturales de la ville. On pourra s’y arrêter plus longuement pour prendre une bouchée dans l’un de ses dômes chauffés. Gardez-vous du temps pour flâner entre les rues Glen et Maple, dans le quadrilatère historique qui abrite de sympathiques boutiques, cafés et distilleries.
Consultez le site de Visit Lake George (en anglais)Une partie des frais de ce reportage a été payée par la Warren County Coalition qui n’a exercé aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage.