Ricardo voyage comme il cuisine. Avec passion. Et avec assiduité, pour le plaisir comme pour le travail, si bien qu'il est absent du Québec près de quatre mois par année! Le globe-trotter nous présente trois destinations chéries et une série de conseils à suivre pour profiter au maximum des petits comme des grands périples.

Afrique du Sud: le voyage d'une vieQuand Ricardo a décidé d'amener ses filles en Afrique du Sud, il leur a annoncé: «Ce sera le voyage de votre vie.» Rien de moins. Ses deux séjours précédents l'avaient lui-même chamboulé à ce point.

Ricardo associe l'Afrique du Sud à une couleur: le jaune. Jaune comme la corde nouée au goulot des bouteilles d'alcool préparé avec le fruit, tissée par des femmes dans les campagnes pour leur assurer un certain gagne-pain. Mais l'Afrique du Sud se décline aussi en «blanc» et «rouge», comme les vins qu'il y produit dans ses vignobles.

Ricardo a entrepris le voyage en Afrique du Sud avec ses filles avec un safari. Un joyau. Mais cet homme si curieux souhaitait absolument que ses filles en apprennent aussi davantage sur l'histoire du pays. Il les a amenées visiter les townships - il s'est arrêté dans la maison de son chauffeur, provoquant la surprise de sa femme qui n'avait jamais vu de Blanc mettre les pieds chez elle -, la prison où a été incarcéré Nelson Mandela, etc. Ses filles ont ainsi découvert un visage plus sombre du pays.

Ricardo est fier d'avoir fait voyager ses filles et de leur avoir inculqué sa curiosité. Mais il en craint aussi certains effets: «J'ai peur qu'elles partent [vivre au loin]», confie-t-il.

Cap Ferret: le camp de base estival

La presqu'île de Cap Ferret, près de Bordeaux, en Gironde, est le camp de base estival préféré de la famille Larrivée. Leur petit coin de paradis secret où ils sont allés déjà cinq fois, et où ils retourneront assurément l'été prochain, quelques semaines, pour se reposer, faire du vélo, lire et bien manger, cela va de soi.

Coup de coeur

Ricardo a découvert Cap Ferret il y a une dizaine d'années grâce à l'un de ses anciens professeurs de l'ITHQ, «comme un père pour [lui]», qui l'a invité dans son coin de pays. Coup de coeur. Il y loue maintenant une maison, l'été, où il s'installe avec sa femme et ses filles pour trois ou quatre semaines, troquant la voiture pour des vélos. «La plus belle chose qu'on fait ici, c'est passer du temps ensemble», confie-t-il.

Un inconnu

Superstar de la cuisine ici, Ricardo profite d'un certain anonymat à Cap Ferret qui ne lui déplaît pas. «Des fois, pour remercier des gens d'un service, je propose de leur faire à souper et on me dit: "Tu sais, t'es pas pire en cuisine"». C'est l'un des rares moments de l'année, pendant les vacances, où il s'installe aux fourneaux.

La routine

Ricardo ne s'en cache pas: il aime la routine. Les journées passent à Cap Ferret et se ressemblent: Monsieur se lève vers 7 h pour acheter un journal et s'installer au café du coin en mangeant un cannelé en attendant que Madame vienne le rejoindre vers 8 h, puis ces Mesdemoiselles en fin de matinée. Toute la famille va ensuite au marché faire les courses en vue du repas de midi. Sieste, puis vélo jusqu'à la plage, d'où ils ne reviendront qu'en fin d'après-midi. Ricardo prend alors l'apéro et lit pendant que les autres se préparent pour sortir souper. «J'aime beaucoup ce moment, le rituel pendant que ma femme et les filles se préparent», explique-t-il. Ils reviendront tard, à bicyclette, après avoir mangé une crème glacée au village, pour mieux se coucher et reprendre de plus belle le lendemain. Le jour de la marmotte? «J'adore ce film.» Voilà.

Une condition

Ricardo impose une condition à ses filles pendant leur séjour à Cap Ferret: lire. Avant chaque départ, il amène tout le monde à la librairie, avec l'obligation d'y choisir un livre et de le lire là-bas, le plus souvent à la plage, l'après-midi. L'homme adore s'instruire et semble bien déterminé à transmettre sa passion. Un autre rituel.

Fini les tout-inclus

Cap Ferret a remplacé les «tout-inclus» pour Ricardo. Après avoir fréquenté quelques années ces formules populaires, Ricardo les fuit désormais. «Je ne serais plus capable d'y retourner parce qu'il n'y a aucun imprévu.»

PHOTO FOURNIE PAR RICARDO LARRIVÉE

La famille Larrivée sur la plage de Cap Ferret, en France.

Louisiane: la romantique

Aucun endroit sur Terre n'est plus romantique aux yeux de Ricardo que La Nouvelle-Orléans. Une ville qui attise les sens, qui aime les excès. Et où il a bien sûr amené sa femme, Brigitte, en voyage d'amoureux.

«Un pays en soi»

«La Louisiane, c'est la France, c'est l'Espagne, ce n'est pas les États-Unis, c'est un pays en soi», dit Ricardo en parlant de cet État qu'il chérit particulièrement. Il y est allé une première fois pour le travail et pour écrire un reportage sur la sauce tabasco. Le coup de foudre a été sans équivoque.

Un moment charnière

La Louisiane a marqué un tournant dans la carrière de Ricardo. C'est là qu'il a découvert le chef Emeril Lagasse (vedette du Food Network) et qu'il a trouvé la motivation additionnelle pour se lancer, lui aussi, dans l'univers de la télévision.

Un faible pour la cuisine locale

Ricardo a un faible pour la cuisine créole et cajun. Ses yeux s'illuminent quand il parle des écrevisses, des steaks grillés, des huîtres frites, des beignets trempés dans le sucre à glacer et, surtout, des oeufs nappés de sauce hollandaise. «C'est là que je suis tombé en amour avec les oeufs bénédictine», lance-t-il. Souvent, oui, le voyage en Louisiane rime aussi avec excès!

Le coton

Ricardo classe parmi ses incontournables en Louisiane la visite d'anciennes plantations de coton, pour découvrir ce visage sombre de l'histoire américaine, et les tours guidés des cimetières, où l'on entremêle à la fois le récit des traditions vaudoues, l'histoire et les légendes locales.

Photo Cheryl Gerber, archives The New York Times

C'est un peu grâce au chef louisianais Emeril Lagasse (vedette du Food Network dont on aperçoit le restaurant sur la photo) que Ricardo a trouvé la motivation additionnelle pour se lancer, lui aussi, dans l'univers de la télévision.

Ses conseils

Quelques trucs pour réussir son voyage, façon Ricardo.

Planifier 

Si, au quotidien, Ricardo laisse souvent l'organisation de la vie familiale à sa femme Brigitte, c'est lui qui prend le relais en vacances. De façon presque maniaque, se préparant des mois à l'avance, jusque dans les plus petits détails: il prépare des extraits vidéo pour présenter à ses filles les endroits qu'elles visiteront, mémorise le plan des villes, apprend les rudiments de la langue locale (même le japonais !)... «Si je pouvais, j'irais chaque fois en voyage en éclaireur avant d'y emmener ma famille pour leur préparer le meilleur voyage possible.»

Manger local 

Comment s'assurer de manger comme les habitants locaux et de ne pas sombrer dans les attrape-touristes? Ricardo demande systématiquement aux chauffeurs de taxi, aux employés des hôtels, etc., leurs adresses préférées. «Quand je veux manger le meilleur poisson en ville, je vais au marché et je demande au poissonnier dans quel restaurant il aimerait aller pour manger le meilleur poisson. C'est sûr que lui, il sait.»

Créer des traditions 

Ricardo aime retourner aux mêmes endroits. «Je n'aurai jamais le temps de tout voir dans ma vie alors j'aime retourner aux endroits que j'aime déjà, dit-il. C'est comme ça qu'on crée des traditions, des habitudes dont les enfants se souviennent en vieillissant.» Un peu comme on aime recréer les mêmes recettes, sécurisantes, nous rappelant de doux souvenirs.

Embaucher un guide 

Malgré tout le temps qu'il consacre à la préparation des voyages, Ricardo aime s'entourer des services d'un guide quand il visite pour la première fois une destination, histoire de ne rien manquer. Quitte à se joindre à un groupe ou à ne retenir ses services que quelques heures seulement pour limiter les dépenses.

Pour visiter

Kitsch, les tours de ville guidés en bus? Peut-être, mais très efficaces pour découvrir une destination rapidement. Ricardo adore en faire un en début de séjour pour mieux sentir la ville, voir les principales attractions et se concentrer ensuite sur ce qui l'intéresse plus particulièrement.

L'avis de Québécois

Nous bavardions depuis cinq minutes à peine quand Ricardo s'est interrompu brusquement pour inscrire au feutre noir, sur un gros bloc-notes posé sur son bureau, le nom d'une ville au Japon que la journaliste a visitée il y a quelques années et particulièrement aimée. Il retournera bientôt au Japon pour ses 50 ans: «J'aime avoir les conseils des Québécois, ce sont souvent les meilleurs parce qu'on partage une même culture, souvent les mêmes goûts. Je m'inspire beaucoup de leurs suggestions», dit-il.

Photo fournie par Ricardo Larrivée

Les Larrivée à Cape Town, Afrique du Sud.