Levés tôt pour neuf heures de route cahoteuse dans une fourgonnette rouillée à la suspension complètement finie et à la clim défectueuse mais pleins d'entrain à l'idée de visiter un volcan pour la première fois. Notre enthousiasme se transforme vite en frustration après deux heures passées à tourner en rond en ville pour trouver d'autres passagers. On atteint finalement, 12 heures plus tard, une petite ville au pied du mont Bromo, juste à temps pour se trouver une auberge, manger un peu et aller vite au lit pour être frais et dispos pour le lever de soleil. Seul petit problème et une fois de plus, il y a une colonie d'araignées qui vit dans notre chambre, pas des toutes petites, mais des grosses velues bien dégueulasses et il n'y a pas d'autre hôtel dans le coin!

Levés très tôt, sans vraiment avoir dormi à cause des cauchemars arachnophobes, des cernes énormes sous les yeux, nous gravissons une montagne.......... en 4x4 pour espérer une vue sur le volcan à l'aube. Avec une centaine de touristes chinois, on regarde le soleil s'élever tranquillement dans le ciel et au moment de l'apogée, on prend tous notre photo carte postale parfaite et on se surprend même à applaudir comme eux. Tout simplement magnifique! Ensuite, on monte le volcan................ en empruntant les escaliers aménagés à cet effet pour observer le cratère de plus près. Touristique, très très touristique, mais se trouver au bord d'un volcan en activité et voir la fumée qui en sort a quelque chose de vraiment excitant! Ça nous donne l'impression d'être deux explorateurs téméraires. On redescend et c'est parti pour une autre journée complète dans la minivan crade pour se rendre à notre deuxième volcan, beaucoup moins visité celui-là. La vraie aventure commence!

On passe la nuit dans un minuscule village aménagé pour les ouvriers d'une plantation de café que l'on visite avant d'aller au lit. Notre guide nous suggère de mettre des sandales pour le confort. Après une demi-heure de marche, on a les pieds pleins de merde de chèvre et il semble trouver ça très drôle, lui qui porte de grosses bottes de marche parfaites pour l'occasion. On se balade tranquillement entre les caféiers, direction une chute d'eau où on va pouvoir rencontrer les travailleurs qui font la récolte. Notre guide prend bien son temps et regarde sa montre fréquemment. Il nous affirme qu'il faut arriver à une heure bien précise pour les croiser et quelques minutes plus tard, il nous indique le chemin de la cascade. Une fois sur place, on a devant nous une cinquantaine d'Indonésiens complètement nus qui se nettoient après une dure journée de travail. Ils sont tous morts de rire, tout comme notre guide au sens de l'humour un peu douteux, devant notre air disons assez surpris.

Levés très très tôt, petit déjeuner pour emporter, un café cueilli et rôti sur place et c'est parti pour l'ascension du mont Ijen, cette fois c'est pour vrai, c'est "à pique" et c'est haut, très haut, ardu et un instant on pense sérieusement à abandonner. On ne va pas y arriver, nos jambes en feu ne nous pardonneront jamais, tout en sueur, à bout de souffle, on croise des mineurs qui redescendent en trottant, cigarette au bec avec plus de 80 kilos de soufre qu'ils ont récolté au sommet sur l'épaule (soufre qu'ils revendent pour environs 3 $). Ils s'arrêtent un instant, rient de notre air ébahi et discutent avec nous pendant que notre guide distribue notre paiement pour l'accès au volcan, des clopes et des petits pains que l'on a achetés la veille. Les mineurs font la montée deux fois par jour pour se rendre jusqu'au cratère d'où ils extraient le souffre au pic et à la pelle, respirant la fumée épaisse qui brûle la gorge et les yeux tout au long de leurs longues heures de travail. Nous, on tolère cette fumée à peine deux minutes. La seule comparaison qui nous vient à l'esprit ce sont de veilles peintures catholiques représentant l'enfer et qui servaient jadis à effrayer les gens! Tout ça parce que c'est moins cher d'exploiter de pauvres Indonésiens que d'acheter de l'équipement moderne et de leur fournir des masques, ils sont des milliers! Pourtant, quand la fumée dense se dissipe un peu, le paysage devient magnifique et notre tristesse se transforme en émerveillement devant le lac d'une couleur azur splendide qui semble surréel à côté des coulées de lave et des flammes qui sortent des entrailles du cratère. Les mineurs nous font cadeaux de sculptures faites avec le soufre qu'ils ont recueilli et nous, un peu mal à l'aise, on leur laisse nos foulards pour se protéger de la fumée et notre déjeuner qui ne passe pas après toutes ces émotions fortes. La descente est tout aussi difficile, au pied du volcan, on remonte dans la van et on reprend la route vers le ferry qui nous fait quitter l'île de Java pour celle de Bali.

Notre première destination sur l'île paradisiaque de Bali est Ubud, centre artistique de la province qui correspond exactement à tout ce que l'on imagine de l'Indonésie. Des temples exotiques peuplés de singes espiègles, des fleurs de toutes les couleurs à l'arôme enivrant partout, même dans les cheveux des jolies femmes, des restaurants exquis aux décors soignés pour quelques dollars et des hôtels de luxe à un prix dérisoire. Le matin, deux explorateurs profondément touchés par l'injustice du monde dans lequel on vit, le soir deux bourgeois qui sirotent des margaritas glacées à la framboise dans un lounge branché, on a vraiment une vie pleine de contrastes! On y passe une semaine à se gâter, prendre des cours de batik (une technique d'impression textile), de joaillerie, manger comme des rois et finir nos journées par un massage côte à côte suivi d'un bain de pétales de fleurs où on déguste tranquillement du thé et des fruits frais!

Jakarta, le gros durian

Après un merveilleux mois passé en Indonésie, nous sommes de retour à KL, et oui le blogue est loin d'être à jour. On a bougé beaucoup ces dernières semaines et on n’a pas vu le temps passer. Il y a tellement à voir en Indo et un mois c'est trop court. On a adoré ce pays même si les choses ont mal débuté........

Notre vol vers Jakarta est retardé de trois heures, ce qui repousse notre heure d'arrivée à 1 heure, c'est ça le plaisir des compagnies aériennes low cost. Pour ne pas avoir à chercher un hôtel en pleine nuit, on tente d'en réserver un sur le net, mais mauvaise nouvelle, tous les endroits pour un budget limité comme le nôtre sont complets. On a beau regarder partout, le moins cher disponible coûte 50 $ la nuit et notre budget est de 10 $! C'est jour de fête nationale pour commémorer la naissance du prophète Mahomet et les Indonésiens en profitent pour voyager un peu.

On sort de l'avion tout endormis, on prend nos bagages et on se dirige vers l'immigration pour obtenir nos visas. Le douanier qui prend l'air bête universel de sa profession nous accueille avec un gentil 25 dollars US dit d'un ton autoritaire en tapotant un petit écriteau qui indique le même montant. Pas de sourire, pas de bonjour. On lui tend notre carte de crédit.

— No!

— OK vous prenez les ringgits malaisiens?

— No!

— Pouvez-vous m'indiquer les bureaux de changes?

— Close! US $ OK!

— Oui, OK, ben c'est qu'on n’est pas américains, est-ce qu'il y a une atm dans l'aéroport?

— Yes.

— Ha! c'est bon ça pouvez-vous me dire où il se trouve ?

Le sympathique douanier nous pointe d'un geste nonchalant un corridor de l'autre côté des douanes où l'on se dirige aussitôt.

— Wait, you need a visa to go there.

— Oui ben on a besoin d'argent si on veut un visa, non? Est-ce qu'on peut rentrer illégalement dans votre pays, juste deux petites minutes?

— No!

—..............Euh......... OK................. euh, ben, euh...............Please, monsieur l'officier!

On nous escorte de l'autre côté comme deux criminels. C'est peut être la fatigue ou la grosse carabine et la ceinture de balles de notre accompagnateur qui nous rend nerveux, mais pour empirer les choses, une fois l'argent retiré, on oublie notre carte dans le guichet. Il ne reste qu'une page vierge dans nos passeports et le visa la prend au complet. Pour être gentils, on ouvre nos passeports à cette page avant de le remettre au douanier. Il fronce les sourcils, peigne tranquillement sa moustache avec ses doigts, nous observe d'un regard rempli de soupçons puis nous affirme d'un ton accusateur que l'on a décollé un visa de notre passeport, ce qui est illégal.

— Quoi? Non, pourquoi on aurait fait ça?

— Je le vois clairement ici. NE ME PRENEZ PAS POUR UN CON, J'AI LE POUVOIR DE VOUS REFUSER L'ACCÈS AU PAYS ET DE VOUS EXPULSER SUR LE CHAMP!!!!!!

— Non, mais quel visa, on ne comprend rien à ce que vous dites, on veut seulement visiter votre pays.................Please monsieur l'officier!

— Bon, OK, ça va aller pour cette fois même si je sais bien que vous me cachez quelque chose, je vous ai à l'oeil.

On quitte rapidement avant que son power trip ne reprenne de plus belle ou qu'il change d'idée. Avec tout ce temps perdu, il est maintenant 3 heures du matin, l'aéroport est vide, le bureau des taxis officiels est fermé et à la sortie, il n'y a qu'un seul chauffeur qui nous voit arriver avec deux gros signes de piastre dans les yeux. Son compteur est étrangement « brisé », on a beau négocier, notre budget en prend un sale coup.

La capitale de l'Indonésie est souvent comparée à un gros durian, un fruit du Sud-Est asiatique à l'aspect repoussant avec des épines acérées et une odeur infecte, mais qui serait un pur délice si on réussit à passer par-dessus le tout. L'odeur de l'enfer et le goût du paradis, selon le dicton, mais nous on a beau se forcer, on n'a jamais réussi à supporter les effluves nauséabondes, la texture fibreuse et le goût âcre. C'est pas beau, ça pue et c'est très très mauvais.

La comparaison tient quand même bon, parce que Jakarta est un gros bordel où tout semble aller de travers, corruption, pauvreté et un très gros problème de pollution qui nous prend aussitôt à la gorge. On a beau essayer de passer par-dessus tout le chaos auquel on est pourtant habitués, on ne réussit tout simplement pas à apprécier le côté jeune, dynamique et branché tellement vanté par certains. Le night life a beau être un des plus mouvementés d'Asie, aller siroter des cocktails multicolores et danser sur les derniers hits dans une ville aussi triste est la dernière de nos envies. Tout ce que l'on souhaite, c'est quitter, et au plus vite, on le redit, c'est pas beau et ça pue!!!

Malheureusement, comme c'est toujours férié (après la naissance de Mohamet, on fête la résurrection de Jésus en ce jour de Pâques.) Les bus sont tous complets, ainsi que les trains et même les avions, on est coincés dans cette ville horrible pour les trois prochains jours, il va falloir donner une autre chance à la métropole qui figure maintenant en première position dans notre top des pires capitales d'Asie, détrônant Manille haut la main.

Le grand retour......................du blogue (30 mai)

Ça fait maintenant plus d'un mois que l'on n'a pas donné signe de vie sur le blogue. Ne vous en faites pas, on est toujours vivants et pour ceux qui s'inquiétaient, les choses ont seulement été très difficiles financièrement. Pour être bref, disons qu'arriver en Australie avec moins de 500 dollars en poche était loin d'être une très bonne idée. Ici, le coût de la vie est très élevé si on compare avec les pays visités au cours des derniers mois, donc chaque sou est compté. Heureusement, on a eu de l'aide et on est très très reconnaissants. Tous les deux, on a trouvé un emploi bien payé et on va enfin pouvoir continuer à partager notre passion du voyage avec vous. Notre grande aventure est loin d'être terminée, on a plein d'autres projets en tête,

mais pour l'instant on revient dans le temps, précisément le 25 mars en Indonésie dans la ville de Yogyakarta.

Centre culturel de l'île de Java, Yogyakarta est toujours symboliquement dirigé par un sultan qui vit dans son palais construit en plein centre de la ville. La visite se fait obligatoirement avec un guide, le nôtre est une toute petite dame enjouée de 83 ans qui nous accueille avec une question à laquelle tout le monde aimerait bien avoir la réponse.

Vous connaissez le secret d'une vie heureuse et en santé les jeunes? C'est tout simple, il faut faire l'amour le plus souvent possible!!!! Faites-vous souvent l'amour? Plus souvent en voyage qu'à la maison? Combien de fois par jour? Le sultan, lui, fait amplement l'amour et c'est pour ça qu'il est un bon chef............ l'amour, l'amour et encore l'amour, on quitte le palais sans la moindre notion sur son histoire, mais grâce à notre nouvelle amie octagénaire nymphomane, on connaît désormais le secret d'une vieillesse épanouie et l'origine du petit sourire que les Indonésiens ont en permanence malgré les temps difficiles.

Parlant de vieillir, aujourd'hui j'ai 27 ans et on voulait commencer la journée en grand. Ça tombe bien parce qu'au coin de la rue, on vend quelque chose de parfait pour commémorer cette journée, une tasse de kopi lewak, le café le plus rare et le plus cher du monde.

Pourquoi le café lewak est-il si précieux, le secret, son mode de récolte assez inhabituel. On envoit un civet dans les champs de caféier et on le laisse se nourrir des fruits qu'il choisit avec soin. Il paraît qu'il ne mange que les meilleurs et une fois qu'il s'est bien gavé, eh bien on attend............... que le tout soit digéré et que les enzymes de son estomac aient donné le petit goût tant recherché et pour lequel certaines personnes paient une fortune. Vous vous demandez sûrement comment est ce goût si unique, eh bien il va falloir le tester par vous-même! On est prêts à tout, mais débourser 15 $ pour boire une infusion de crotte de civet, ça jamais, il faudrait plutôt nous payer pour en boire une tasse!!

La raison principale de notre visite à Yogyakarta n'était pas cette boisson douteuse, mais plutôt visiter les splendides temples de la région. On voulait quelque chose de grandiose pour commémorer la journée, on a été servis, le temple pyramidal de Borobudur est construit avec rien de moins que 2 millions de blocs de pierre finement sculptés. Ces sculptures racontent l'histoire du cosmos bouddhique. Cette histoire commence avec notre monde et finit avec le nirvana. Le tout se déroule sur 6 terrasses et en faire le tour est une magnifique marche de 5 km.

C'est jour de congé et il y a foule. La plupart des autres touristes préfèrent attendre une journée plus calme, les agences de voyages les ayant avertis qu'il s'agissait d'un lieu prisé pour les sorties scolaires. Comme on emprunte les transports locaux plutôt que prendre un tour organisé comme tout le monde, on a l'impression d'être les seuls à ne pas être au courant. Les jeunes, contrairement à nous, semblent blasés par ce majestueux temple. Ils sont ici surtout pour pratiquer leur anglais avec des touristes, mais des touristes il n'y en a pas, sauf nous!!! En moins de deux, on est entourés, deux vraies vedettes, on prend des photos avec tout le monde et on discute beaucoup. La visite n'est pas de tout repos, mais on se fait encore plein de nouveaux amis.

Un peu plus loin, les temples hindous de Prambanan sont tout aussi magnifiques, mais d'un tout autre genre. Au coucher du soleil le site accueille une représentation du ballet Ramayana qui raconte l'histoire d'amour (l'amour, toujours l'amour) entre Rama et Shinta, mais comme le soleil est encore haut dans le ciel, on en profite pour s'enfiler quelques bières, c'est tout de même ma fête. Quelle mauvaise idée. Les costumes ont beau être jolis et la danse intéressante, on ne comprend absolument rien, on a les paupières lourdes et la bière fait son effet, voici 3 minutes imaginez 3 heures............. (oups, petit problème technique, les vidéos suivront demain!)