Lumière pulsée, thermocoagulation, radiofréquence... Autant de termes qui font désormais partie du vocabulaire quotidien des esthéticiennes et de leurs clients. Ou comment le médical investit le domaine de la beauté.

Silhouet-Tone est une entreprise québécoise qui célébrera en 2014 son 50e anniversaire de naissance. Spécialisée dans les appareils de soins esthétiques, majoritairement fabriqués au Québec, elle commercialise ses produits dans 53 pays. Aux dires de son directeur des ventes et du marketing, Jean-Philippe Bastien, Silhouet-Tone, régulièrement récompensée aux American Spa Awards, fait partie des leaders mondiaux dans son domaine.Aux premières loges pour voir évoluer l'industrie, M. Bastien constate que la cadence s'est accélérée au cours des cinq dernières années. Une course qui s'est amorcée avec l'arrivée sur le marché des appareils à lumière pulsée: «Comme dans la majorité des domaines technologiques, l'industrie a évolué extrêmement rapidement au cours des dernières années. Auparavant, le rôle de l'esthéticienne était de faire des traitements faciaux ou manuels. Aujourd'hui, les appareils deviennent de plus en plus techniques et sont à la limite de l'esthétique et du médical. Bref, la tendance est clairement au médico-esthétique.»

Un avis que partage Danièle Henkel, dont l'entreprise s'est entre autres spécialisée en distribution d'appareils à vocation médico-esthétique. «Il y a désormais des appareils qui nécessitent une présence médicale et d'autres qui sont issus du monde médical, mais qui peuvent être utilisés par des esthéticiennes. De plus, ces traitements sont devenus beaucoup plus accessibles avec la croissance des spas médicaux et des cliniques esthétiques», note-t-elle.

Prudence!

Témoin de ce raz-de-marée technologique qui déferle sur l'industrie, l'interface des appareils commercialisés par Silhouet-Tone et par plusieurs autres entreprises se présente sous la forme d'une tablette tactile. Certains sont même dotés d'une connexion wi-fi intégrée, qui permet de mettre à jour l'appareil automatiquement. «Cela fait en sorte que l'esthéticienne n'est pas laissée à elle-même», précise M. Bastien.

Car qui dit haute technologie médicale dit aussi risques accrus. D'où l'importance de concevoir des appareils faciles à utiliser pour les praticiennes. «Nous bâtissons nos appareils sur la manière "k.i.s.s.":  keep it simple and stupid, afin que son utilisation soit simple, rapide et sûre», explique M. Bastien. 

«Les appareils sont de plus en plus sophistiqués, renchérit Sonia Proulx, directrice des ressources humaines pour epiderma. C'est positif, car ils sont de plus en plus performants et efficaces. Par contre, cela vient avec des contre-indications à respecter, car il y a des risques associés à ces appareils s'ils ne sont pas utilisés correctement», prévient-elle.

Les esthéticiennes sont-elles suffisamment formées lorsque vient le temps d'utiliser des appareils médico-esthétiques? Malheureusement, certaines histoires d'horreur prouvent que ce n'est pas toujours le cas: des soins obtenus au rabais sur des sites d'achat en groupe dans des cliniques louches et mal entretenues, des femmes qui ressortent de traitements avec des brûlures ou une peau à vif... «Il y a des gens qui sont restés marqués à vie après des traitements qui ont mal tourné», déplore Mme Henkel.

Pour éviter ces dérapages, les cliniques sérieuses misent sur la formation. Chez epiderma, un poste de directeur médical a été créé au sein de l'entreprise pour encadrer la formation et assurer la sécurité des clientes, alors que chaque clinique compte désormais son médecin.

Pour sa part, Danièle Henkel fait de la formation continue une condition sine qua non. Il y a huit ans, elle a créé le LabScience, un centre de formation pour ses clients qui a instruit plus de 3000 professionnels du domaine à ce jour. La certification, très rigoureuse, comprend 3 ou 4 jours de formation théorique, plus 40 heures obligatoires de pratique en clinique afin de valider les acquis. «Ma mission, c'est de faire en sorte que l'industrie de l'esthétique soit une industrie de l'excellence. Je ne veux plus qu'on parle des esthéticiennes comme des tireuses de poils.»

Le miracle... du long terme

Laser, Botox, Juvéderm (agent de comblement par injection)... Plusieurs soins invasifs connaissent une grande popularité, attirant une clientèle à la recherche de résultats immédiats et instantanés.

Si leur popularité est indéniable, en contraste, certains clients semblent plutôt rechercher des traitements naturels, indolores et non invasifs. Certaines cliniques spécialisées dans les traitements médicaux-esthétiques, comme Photoderma, semblent flairer la tendance. «Nous sommes en train de développer avec l'aide de chimistes un produit pour la peau qui est 100% naturel, mais aussi très performant. Il n'y aura aucune contre-indication, contrairement aux traitements laser», annonce Nathalie Forget, fondatrice de l'entreprise qui compte 10 cliniques dans le grand Montréal.

Pour Mme Henkel, il est possible d'allier technologies avant-gardistes et respect du corps humain. Ne lui parlez pas de la dictature du «souffrir pour être belle»! «Je prône le non invasif, l'indolore et le non-agressif. Je comprends qu'on vit dans un monde où on doit être beau et jeune maintenant, mais il y a des moyens de le faire de façon naturelle, car le corps est une machine parfaite. On a tout en nous pour ralentir le processus de vieillissement, mais soyons francs: les miracles n'existent pas!»

Selon la «dragonne», il faut voir les traitements esthétiques comme un style de vie: de la même façon qu'on va au gym pour entretenir son corps, on va chez l'esthéticienne pour entretenir sa peau. «C'est une gymnastique de la peau!»

Bien choisir sa clinique

Des questions à poser:

  • Est-ce que l'appareil est approuvé par Santé Canada? Existe-t-il des études scientifiques?
  • Faites des recherches sur la clinique: existe-t-elle depuis longtemps, compte-t-elle des clients fidèles, est-elle reconnue?
  • Informez-vous: est-ce que le traitement est un acte médical? Si oui, est-ce que les esthéticiennes sont formées et autorisées à le faire? Y a-t-il un médecin dans la salle?
  • Demandez à voir les diplômes des esthéticiennes et posez des questions sur les formations reçues pour faire fonctionner sans danger les appareils.
  • Demandez quels sont les effets secondaires possibles des appareils.
  • Demandez à parler à des clientes qui ont essayé le même traitement, à lire des témoignages, à voir des photos avant/après.
  • Soyez prudent avec les achats groupés: un rabais incroyable cache peut-être quelque chose de louche!