Patchwork, peaux lainées, sabots: le look hippie est de mise chez Dior, qui a présenté mardi sa collection pour l'hiver 2018-2019 dans un décor évoquant les luttes féministes et l'esprit libertaire de 1968 lors de la Fashion week parisienne.

La contestation ici s'exprime avec de la maille: «C'est non, non, non et non!», est-il écrit en lettres capitales sur un pull de la première silhouette du défilé.

En plein élan #metoo, la directrice artistique, Maria Grazia Chiuri a confirmé son goût pour les slogans féministes, elle qui avait imprimé «We should all be feminists» sur des t-shirts dès sa première collection chez Dior en 2016, reprenant une citation de l'auteure nigériane Chimamanda Ngozi Adichie.

«Women's rights are human rights» proclame un slogan sur les murs de l'enceinte du défilé, tapissés d'affiches déchirées, de couvertures de magazines féminins datés de l'année 1968: Vogue, Elle, Harper's Bazaar.

«Le féminisme, c'est la liberté. La liberté, c'est s'habiller comme on veut, se définir soi-même», a commenté la créatrice en coulisses, qui a aussi affiché sur les murs des photos de femmes en minijupes en train de manifester devant un magasin Dior à Londres en 1966.

Ces membres de la Société britannique pour la protection des minijupes reprochaient à la griffe de ne pas s'être convertie à ce vêtement, symbole de l'émancipation féminine, promu par Mary Quant et Courrèges.

Quelques minijupes ou minirobes ont foulé le podium en patchwork coloré, avec des bottes de motardes, ou à motifs psychédéliques.

Les femmes portent des pulls arborant le signe «Peace and Love», des jupes en crochet multicolores, des manteaux ou blousons en peau lainée, des robes légères aux imprimés fleuris ou brodées, avec parfois sabots et chaussettes. Sur le nez, des lunettes colorées. Sur la tête, une casquette Gavroche, qui détrône le béret de l'année dernière.

Premier défilé pour Marine Serre

Son premier défilé était très attendu: Marine Serre, lauréate du prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode, a présenté une collection faite d'hybridations réussies entre sportswear et vintage, mêlant uniformes de travail et vêtements de protection avec une touche plus «couture» et féminine.

Son logo, un croissant de lune, ponctue la collection, évoquant à la fois un symbole de l'islam et une marque de sport. Il s'imprime en motifs répétitifs sur des combinaisons moulantes intégrales, qui recouvrent dans certains cas la silhouette de la tête aux pieds. L'expression «Futurewear» revient aussi régulièrement sur des hauts de plongée ou des jupes fluides.

La collection fait aussi une large place à l'«upcycling», démarche consistant à utiliser des tissus usagés pour en faire de nouveaux vêtements: des robes flottantes sont faites d'assemblages de foulards, d'autres de t-shirts.

Des vestes et pantalons de travail sont couverts de poches pour ranger stylos, rouge à lèvres, bouteille d'eau, livre et téléphone portable. Côté accessoires, des ballons de gymnastique sont transformés en minaudières.

La jeune femme, diplômée en juin 2016 de l'école de La Cambre à Bruxelles, a travaillé chez Maison Martin Margiela, chez Christian Dior auprès de Raf Simons, et Balenciaga avec Demna Gvasalia.