« Jamais sans mon sac à main ! », s'exclament de nombreuses femmes qui ne se séparent jamais de leur précieux accessoire. Qu'en est-il des hommes ? En portent-ils ? Et que mettent-ils à l'intérieur ?

« Le sac, c'est utilitaire avant tout pour les hommes », estime Michel Brisson, propriétaire de deux boutiques de vêtements et accessoires pour hommes. Selon lui, il n'existe pas encore de considération esthétique, comme pour les femmes qui choisissent leur sac à main comme un véritable accessoire de mode qui change au gré des saisons et de leurs tenues. Il remarque cependant une évolution. « On voit de plus en plus d'hommes qui portent le sac au quotidien, mais ce n'est pas aussi répandu qu'en Europe, où ça fait vraiment partie de la culture », dit-il.

Tout dépend de la vie que les hommes mènent et des besoins qu'ils ont. En plus d'y mettre l'ordinateur et certains documents, les hommes y rangent leur téléphone, leurs clés, leurs lunettes, leurs stylos, leurs livres et leur tablette. Il y a les sportifs qui aiment le sac à dos, d'autres qui préfèrent plutôt porter le sac en bandoulière, il y a bien sûr le classique « attaché-case », ou mallette, sans oublier le sac fourre-tout vertical qu'on porte à la main et qui offre beaucoup d'espace. Certains hommes apprécient les grands sacs en cuir et toile souples qu'on peut appeler des « 72 h », car ils peuvent contenir des effets personnels pour partir en week-end. Et puis, il y a aussi ceux qui traînent, un peu par accident, un sac réutilisable en toile qu'ils ont eu en cadeau dans des boutiques et qu'ils réutilisent au besoin.

« Les hommes d'affaires, avocats, consultants qui transportent leur ordinateur et des documents choisiront un sac classique, un briefcase, mais encore là, il y a des modèles qui ont évolué, qui se sont modernisés et qui ont beaucoup de style », affirme Michel Brisson. Il observe que le sac à dos est très populaire chez les hommes, tout comme le sac en bandoulière. « Il y a tellement de variétés de sacs à dos, que ce soit dans la forme, les matières et couleurs. » Lui-même a opté pour le sac à dos, qu'il porte au quotidien, où il met, en plus de son ordinateur, ses vêtements et chaussures de sport. « Je peux aussi faire quelques courses à l'épicerie et je mets tout dans mon sac à dos ! », dit-il.

DES SACS À PROFUSION

Jean-Pierre Desnoyers est designer d'intérieur, chroniqueur et blogueur. Il avoue qu'il n'a jamais abandonné le port du sac depuis l'école. « Quand je travaille, je porte deux sacs », lance-t-il. Une mallette classique avec son ordinateur et un autre sac où il met ses cartes professionnelles, iPhone, portefeuilles, gommes, lunettes de soleil, iPad. « Un peu comme les femmes pour qui le sac est un prolongement d'elles-mêmes, explique-t-il. Je ne veux pas qu'il soit trop lourd et je ne souhaite pas non plus chercher une demi-heure dedans ! »

Jean-Pierre Desnoyers possède plusieurs sacs, qu'il choisit en fonction de ses journées plus ou moins chargées et de la nécessité ou non de transporter son ordinateur. « J'ai des sacs à dos, des fourre-tout dans toutes les matières - cuir, denim, toile... - et des pochettes, notamment celle-ci, de Jil Sander [sur la photo], que je trouve très chic et que je porte dans des occasions plus formelles », dit-il. Il pense que certains hommes n'hésiteront pas à investir une somme considérable d'argent (jusqu'à 2000 $) dans un beau sac en cuir, solide, aux couleurs neutres, noir, gris, brun, qui va durer. « Par contre, ils n'achèteront pas de sacs extravagants avec des motifs et des couleurs criardes ! On n'est pas encore là ou alors c'est vraiment très rare », observe Jean-Pierre Desnoyers.

Les hommes qui portent des sacs ont-ils peur d'être jugés trop féminins ? « Peut-être. Les hommes ont une relation parfois difficile avec la mode, l'évolution se fait lentement », estime Michel Brisson. « Montréal est parfois dur à convaincre sur certains éléments de la mode, si 50 % des gens le font, c'est acceptable, sinon personne ne se lance. Il n'y a pas beaucoup d'excentriques à Montréal », remarque Jean-Pierre Desnoyers.

Fabien Loszach, directeur de la stratégie interactive à l'agence Brad, porte tous les jours pour aller travailler un sac en cuir Woolfell, une marque montréalaise. « C'est ma blonde qui me l'a offert pour mon anniversaire. C'est un classique, je le porte tous les jours. J'y mets mon ordinateur, mon téléphone, mon portefeuille, car je n'aime pas m'asseoir dessus, un livre de poche, un carnet et des crayons pour prendre des notes et même un lunch », explique Fabien Loszach, qui a aussi créé avec des associés la boutique en ligne Port Franc, qui distribue des produits français artisanaux.

Fabien Loszach ne porte pas de sac sept jours sur sept. « Je ne sors pas avec un sac pour aller prendre un verre avec des amis, par exemple, et le week-end, je retire tous mes attributs du travail pour me sentir plus léger ! C'est presque psychologique, j'enlève même ma montre ! », avoue-t-il.

« Quand on commence à porter un sac, on ne peut plus revenir en arrière, on se rend compte que c'est très pratique et qu'on ne veut plus de poches déformées dans nos pantalons ! », estime Michel Brisson.

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Le designer d’intérieur, chroniqueur et blogueur Jean-Pierre Desnoyers possède plusieurs sacs, dont cette pochette Jil Sander qu’il « trouve très chic » et qu’il « porte dans des occasions plus formelles ».