Le printemps se pointe tranquillement le bout du nez, mais depuis plusieurs mois déjà, les élèves de 5e secondaire sont à la recherche de la robe de bal parfaite. Tout un casse-tête quand on veut porter une création originale. Mais accorde-t-on trop d'importance à cet événement ?

Frénésie dans les boutiques...et sur Facebook

Le bal de fin d'études arrive à grands pas et, depuis déjà quelques semaines, des milliers d'adolescentes sont à la recherche de la robe idéale. La frénésie est telle qu'une fois la tenue trouvée, il faut vite l'afficher sur une page Facebook créée pour l'occasion, pour s'assurer qu'en ce grand jour, on sera bien la seule et unique à la porter !

Camille Dubois-Faubert, 16 ans, cherche désespérément une robe de bal. Ses recherches ont débuté tranquillement en novembre dernier, puis se sont intensifiées à partir de janvier, que ce soit sur des sites internet, mais aussi en allant faire des essayages dans les boutiques. Elle commence à être stressée, car plus le temps passe et moins elle aura de choix. Pourquoi ? À cause d'un système établi dans son collège où les filles ne peuvent pas acheter la même robe de bal, même si elle est d'une couleur différente. « Ce système existe dans de nombreux collèges », dit-elle.

Comme l'explique Camille, une page Facebook a été créée et dès que les filles ont trouvé leur robe, elles y publient une photo pour que personne n'achète la même. D'où le stress. « On est 208 filles en secondaire 5 au collège Sainte-Anne, ça fait beaucoup de robes différentes ! » À cette date, plus d'une cinquantaine de filles ont trouvé leur ensemble, les premières ont publié leur photo sur Facebook dès novembre, souligne Camille. Elle pense se tourner vers une amie de la famille qui est couturière pour lui demander de faire sa tenue sur mesure. Son budget ? Au maximum 300 $ ou 400 $. « Je souhaite quelque chose de très simple, une belle robe longue élégante, ajustée à la taille », décrit-elle. Son bal est le 22 juin, mais il y a aussi la remise des diplômes. « Il faut trouver une autre robe, courte cette fois, et des chaussures différentes de celles du bal. C'est un jour important, une grande célébration, c'est excitant, mais stressant ! »

Maude Tourigny, 17 ans, étudie au collège Saint-Bernard de Drummondville. Elle est ravie d'avoir trouvé sa robe de bal pendant la semaine de relâche. Accompagnée de sa mère, de sa soeur et de sa tante, elle a trouvé son bonheur dans la boutique Dress Couture à Montréal, où elle avait pris rendez-vous avec une conseillère. Elle en a choisi une avec un mélange de paillettes et de pierres qui lui a coûté 500 $. « La conseillère a pris en note le modèle, mon nom et celui de mon collège », dit-elle.

Les filles se préparent longtemps à l'avance pour être prêtes le grand jour. « On parle de ce bal depuis un an ! Je ne pense pas que je ferais un drame si je voyais une fille porter la même robe que moi. Oui, je souhaite être unique et je veux que cette soirée soit magique, mais je me dis qu'il y a toujours un moyen de personnaliser la robe », souligne Maude. Le 21 juin, elle sera accompagnée de son amoureux, qui attendait que la robe soit trouvée pour pouvoir accorder sa tenue.

Juliette Monnier, 15 ans, étudie au collège Stanislas à Montréal. Elle fait partie du comité organisateur du bal qui se tiendra le 17 juin. Avec ses amies, elle a créé la page Facebook qui permet de publier des photos de robes. « Il y en a une vingtaine pour l'instant, et je n'ai pas trouvé la mienne. Je suis un peu difficile, mais je veux une robe très épurée. Je cherche un style très classique de robe longue et cintrée et je ne veux pas mettre trop d'argent pour une robe que je ne porterai peut-être qu'une seule fois ! », lance-t-elle. Juliette, qui a un budget de 175 $, a commencé sa recherche avant Noël et pense commander sa robe en ligne. Elle est consciente que c'est un peu risqué, mais elle aura l'embarras du choix.

Une clientèle ciblée

De plus en plus de boutiques misent sur le bal de fin d'études pour attirer les jeunes. Les magasins La Baie d'Hudson ont organisé des événements spéciaux et des défilés de mode pour présenter les robes. L'entreprise a aménagé des espaces réservés à ces vêtements dans ses 23 magasins au pays. La boutique Le Château a créé une section réservée aux robes de bal autant en ligne que dans ses boutiques.

« On sait que les filles magasinent beaucoup en ligne et regardent les différents modèles avant de venir en magasin. On est une destination pour les robes de soirée et pour les occasions spéciales comme le bal des finissants, explique Magalie Harvey, coordinatrice des relations publiques chez Le Château. On attend beaucoup de jeunes filles avec leurs mères pendant le congé de Pâques. » Les tendances ? Les couleurs pastel, rose pâle, vert menthe et le bleu marine.

Castle Ho, propriétaire des boutiques 1861 à Montréal, a vécu une semaine de relâche très intense. « C'était la folie, explique-t-elle. On a eu des jeunes filles des quatre coins du Québec qui sont venues choisir leur robe de bal. Déjà, pendant le congé de Noël, j'étais étonnée de voir que certaines avaient commencé à magasiner. Elles ne veulent pas stresser. » La femme d'affaires estime qu'il y plus de choix qu'avant et que les prix sont plus raisonnables. Dans sa boutique, on en trouve de tous les styles, allant de 65 $ à 400 $. « Je dirais qu'en moyenne, les jeunes filles dépensent entre 100 $ et 200 $ pour leur robe. »

PHOTO FOURNIE PAR MAUDE TOURIGNY

Maude Tourigny porte sa robe de bal, qu'elle a dénichée à la boutique Dress Couture pendant la semaine de relâche.

Un «faux» rite de passage

Quelle est l'importance du bal de fin d'études ? Diane Pacom, professeure titulaire de sociologie à l'Université d'Ottawa, le compare à un « faux » rite de passage qui « coûte les yeux de la tête ». 



Fin des rituels


« Le bal des finissants remplace les rituels qui étaient ancrés dans des traditions religieuses où on passait de l'enfance à l'âge adulte. Dans toutes les sociétés, il y avait des rites de passage qui marquaient ce processus de mort puis de renaissance dans le sens religieux du terme. On meurt comme enfant et on renaît comme jeune adulte. »

Dans les années 50

« À partir des années 50, dans le monde très anglo-saxon, la prom est devenue un phénomène qui permet de souligner ce passage. Les jeunes à l'époque vivaient encore chez leurs parents, mais pour la plupart, une fois leur école secondaire terminée, ils se retrouvaient dans le monde adulte et sur le marché du travail. Ce bal de finissants leur permettait de trouver leur conjointe, il y en avait qui perdaient leur virginité, d'autres vivaient leur premier grand coup d'alcool ! Il y avait une vraie signification. »

La soirée des Oscars

« Aujourd'hui, c'est un faux rite de passage. Les jeunes ne vont pas trouver leur autonomie d'adultes et ils ont déjà vécu leurs relations sexuelles... Ça devient, pour eux, la soirée des Oscars, où on doit être le plus beau et la plus belle. Ils participent à cette culture de la célébrité et du vedettariat où il faut prendre le maximum de selfies, avoir la robe la plus extravagante et exclusive qui ressemble à celle de Taylor Swift. La recherche de la robe parfaite pour le bal est devenue une obsession, comme dans les émissions de mariage Say Yes to the Dress ou I Found the Gown. Il y a beaucoup de folie et de passion ! »

Un concours de beauté

« C'est très narcissique, voire exhibitionniste, on se donne en spectacle et on souhaite attirer les regards. Le bal est presque devenu un concours de beauté. C'est un passage obligé qui coûte les yeux de la tête. C'est une orgie de consommation et de narcissisme. »

Quelques suggestions de boutiques

Voici quelques adresses de boutiques où vous pourrez trouver la perle rare, la robe parfaite pour le grand jour.

La Baie d'Hudson

Le grand magasin offre une grande variété de robes de bal de tous les styles.

Le Château

De jolies robes, courtes ou longues, avec bustier, tulle, dentelle et paillettes, à des prix accessibles.

BCBG

Des robes chic et fluides, à des prix un peu plus élevés.

Boutique 1861

Pour un style vintage, on trouve dans cette boutique de bons choix de robes, bijoux et accessoires à de très bons prix.

Era Vintage Wear

On peut y acheter une création unique réalisée par Élaine Léveillée à partir de piècesvintage.

999, rue du Collège, local 44

ASOS

Des robes de princesse à tous les prix et des accessoires à commander en ligne.

Anthropologie

On y trouve beaucoup de robes imprimées avec un grand choix de motifs floraux et des textures fluides.

2130, rue de la Montagne, Montréal