Le jean, c'est du sérieux à Amsterdam. Reconnue pour ses marques comme G Star, Hilfiger et Mexx, la capitale néerlandaise abrite aussi la première école dans le monde consacrée entièrement au célèbre pantalon.

À la Maison du denim (House of Denim, de son nom officiel), une trentaine d'élèves néerlandais consacrent leurs journées à apprendre comment confectionner des jeans, du choix du coton aux coutures finales. «Avant, on apprenait ces choses en travaillant dans l'industrie», dit James Veenhoff, fondateur de l'école de jeans House of Denim, qui agit aujourd'hui à titre de consultant auprès de l'institution. «Mais en fait, on apprenait seulement une partie du cycle de fabrication alors que, pour innover, on doit connaître l'ensemble du cycle, savoir l'impact qu'une étape a sur les autres. Par exemple, on peut utiliser du coton recyclé pour faire des jeans, mais comme il est moins dur, on doit adapter les autres étapes en conséquence.»

Inaugurée officiellement en août 2012 à la suite d'un projet pilote d'une dizaine de semaines, la Maison du denim peut accueillir jusqu'à 25 élèves par cohorte. Comme le programme dure trois ans, les premiers finissants obtiendront leur diplôme en 2015. Huit des vingt élèves inscrits à la première cohorte ont changé de branche, mais ceux ayant persévéré sont enthousiastes. Niels Mulder, 21 ans, travaillait depuis trois ans comme vendeur dans un magasin de jeans quand il s'est inscrit à la Maison du denim. «J'aimais vendre des jeans et je voulais en apprendre davantage, surtout si j'aimerais avoir ma propre boutique de jeans plus tard», dit-il. Son collègue de classe Iersad Jahaangir, 24 ans, n'a pas été non plus difficile à convaincre.

Selon James Veenhoff, son école de jeans n'est pas passée inaperçue dans l'industrie. Il faut dire qu'il a lui-même une bonne carte de visite. Comme ancien directeur de la Semaine de mode d'Amsterdam, il a des entrées chez toutes les grandes marques de jeans, ce qui est pratique quand vient le temps de dénicher un conférencier ou d'organiser un stage. «J'étais à San Francisco chez Levi's, la semaine dernière, et ils voulaient engager certains de mes élèves. Je leur ai dit que c'était bien, mais qu'ils devront se mettre en ligne», dit James Veenhoff, qui est aussi associé d'une firme de marketing, Fronteer Strategy.

Aussi unique soit-elle, la Maison du denim est un collège à vocation professionnelle, régie par les autorités régionales en matière d'éducation à Amsterdam au même titre que les autres écoles professionnelles. La moitié du temps en classe est consacrée aux ateliers pratiques sur la conception et la fabrication des jeans, l'autre moitié à des cours sur les jeans, mais aussi l'économie et l'anglais. Les élèves, tous néerlandais, ne paient pas un sou pour leur formation scolaire, car la facture est acquittée par les gouvernements comme dans les autres collèges à vocation professionnelle. Les élèves paient toutefois 1200 euros par année pour les matériaux de fabrication et les voyages obligatoires.

Bientôt ouvert aux élèves étrangers

En 2015, James Veenhoff veut ajouter un programme international intensif d'un an ouvert aux élèves étrangers, par exemple des États-Unis et du Canada. Il estime de façon très préliminaire le coût annuel d'un tel programme à entre 10 000 et 15 000 euros, en incluant les frais de logement à Amsterdam. «Ce n'est pas donné, mais c'est une expérience unique au monde et vous aurez un emploi à la fin, c'est certain», dit-il.

En plus d'améliorer la formation des professionnels du jean, James Veenhoff a des intentions (pas vraiment) cachées avec sa Maison du denim: réduire la pollution durant la fabrication du pantalon le plus populaire en Occident. «Pour produire un jean, il faut polluer 7000 L d'eau, dit-il. Je me suis dit que quelque chose devait changer.» D'où la devise de sa campagne «Vers un bleu plus propre» («Towards A Brighter Blue»), pour réduire l'empreinte environnementale d'un jean.

Avec d'autres fabricants de jeans venant d'aussi loin que de la Turquie et du Brésil, sa fondation House of Denim coordonne des efforts pour séparer les composés chimiques de l'eau durant la fabrication des jeans, afin de réutiliser l'eau et, peut-être éventuellement, les composés chimiques. Il tente notamment quelques expériences en collaboration avec les élèves de l'école qu'il a fondée. «Nous nous dirigeons vers un mur de briques et il faut trouver une solution», dit James Veenhoff.