Olivia Mew suscite, avec sa collection de t-shirts «Stay Home Club» (littéralement, le Club des gens qui restent à la maison), un engouement qu'elle n'aurait jamais pu prévoir. «Recluse», «Awful» ou «Boring is Best»: ses messages anti-sorties et anti-cool font tilt. Et n'ont rien d'ironique.

En effet, d'aussi loin qu'elle se souvienne, l'illustratrice de 26 ans n'a jamais aimé sortir.

«Il y a eu une période courte au lycée où j'ai essayé d'être cool, de traîner avec les bonnes personnes et d'aller dans des bars. Mais je suis sûre que je ne suis jamais sortie sans fantasmer d'être à la maison, dans mon lit, avec mon chat», dit-elle en riant.

Qui l'eût cru... Dans une période marquée par la propension de chacun à inonder internet de photos ou de statuts prouvant à quel point sa vie est passionnante, Olivia Mew a apparemment mis le doigt sur un phénomène au moins aussi présent: celui des gens qui n'aiment ni sortir ni socialiser, qui rechignent à quitter leur canapé et qui en sont fiers au point de l'afficher sur un t-shirt.

«Je ne m'étais pas rendu compte à quel point les gens aiment rester chez eux», s'amuse Olivia Mew. Cette illustratrice, diplômée de Concordia, a commencé Stay Home Club pendant l'été 2012. C'est d'abord le logo, entouré de chats, qu'elle a dessiné et posté sur Tumblr, qui a suscité de nombreux «clics». «C'est devenu évident que beaucoup de gens se sont identifiés à ça», dit-elle.

La jeune femme s'est alors mise à décliner son logo sur des sacs fourre-tout, puis sur des t-shirts aux slogans revendiquant le goût de ne rien faire, de ne pas être stylé ou sociable. «Au début, j'étais sceptique, mais une fois que c'était parti, ça a bien marché. Et c'est logique, les gens portent des t-shirts tous les jours, beaucoup aiment faire partie du Stay Home Club: c'est comme un club, mais qui ne se rencontre jamais», explique-t-elle, précisant que ses t-shirts séduisent beaucoup de femmes qui les offrent à leur mari.



Le Stay Home Club occupe maintenant une grande partie de la vie professionnelle d'Olivia Mew. «C'est mon gagne-pain», dit-elle.

Dans son atelier de Verdun - un appartement voisin de celui où elle vit - sont affichées au mur des illustrations d'artistes avec qui Olivia Mew partage plus que l'esthétique: le sens de l'humour. Ici, une affiche mentionnant «Sorry I am such an asshole» (désolé d'être un tel enfoiré), signé Adam J. Kurtz. Là, un dessin montrant deux jeunes femmes à l'allure rock'n'roll, l'une portant un t-shirt «Fuck everything, Fuck everyone» (merde à tout, merde à tout le monde), de Lisa Czech.

Le pied de nez de Stay Home Club aux tendances «pro-sorties» du moment est toutefois dénué d'ironie chez Olivia Mew. Elle n'aime sincèrement pas sortir, n'est jamais allée dans un club et glisse, au détour de la conversation, que la seule fois où elle est venue chez elle après une plainte de son voisin, la police l'a trouvée en pyjama, regardant Harry Potter.

Pourtant, Olivia Mew est extrêmement volubile et a un sens de l'humour et de l'autodérision assez poussé. «J'aime vraiment me moquer de moi-même, surtout de qui j'étais, adolescente. C'est embrasser l'embarrassant en moi [embracing the embarassing about yourself].»

C'est grâce à l'internet qu'elle vend principalement ses t-shirts. La créatrice décourage en effet beaucoup ses clients montréalais de venir la rencontrer chez elle («Je n'aime pas vraiment socialiser», précise-t-elle).

C'est aussi grâce à l'internet qu'elle rencontre des artistes avec qui elle devrait prochainement collaborer, d'Australie, de Nouvelle-Zélande ou des États-Unis. Olivia Mew espère concevoir bientôt de nouveaux projets et illustrer des housses de couette. Avis aux intéressés, la jeune femme, qui a choisi les chats comme point départ du Stay Home Club, pourrait bientôt s'intéresser au meilleur ami de l'homme.

«On me demande souvent si je veux faire quelque chose pour les gens qui aiment les chiens. Je peux vous dire que je suis en discussion avec quelqu'un qui dessine beaucoup de chien», promet Olivia Mew.

> Visitez le site de Stay Home Club

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE