Harricana, griffe québécoise connue principalement pour ses créations en fourrure recyclée, s'est récemment trouvé une nouvelle matière première chouchou: la robe de mariée. Avec une nouvelle image, une nouvelle collection printemps-été, une première boutique en Europe prochainement et plein de projets pour l'avenir de sa compagnie, on peut dire que Mariouche Gagné ne se repose pas sur ses lauriers!

Il y a quelques semaines, la créatrice nous a reçus dans sa boutique-atelier de la rue Saint-Antoine pour nous présenter sa collection printemps-été 2010, faite entièrement à partir de robes de mariées recyclées. La chanceuse est tombée sur un lot de 400 robes de mariée, qu'une ancienne propriétaire d'un service de location lui a offert à bon prix.

 

La collection en noir et blanc est divinement féminine et délicate, à la fois vintage et moderne. Pour les femmes plus actives qui ne font pas trop dans la dentelle (intégrale), Mariouche a aussi créé des t-shirts en fibre de bambou avec détails en dentelle, ainsi que des sacs en cuir et dentelle fabriqués chez le manufacturier montréalais Fullum&Holt (celui qui fait de superbes sacs signés Denis Gagnon), des ceintures et autres accessoires. Elle a également intégré à sa collection hivernale actuelle des chapeaux en fourrure et dentelle qui sont d'une élégance et d'une féminité contrastant fortement avec ses modèles plus classiques et rustiques.

Pourquoi avoir choisi la robe de mariée? «La demande est venue de mes clientes, qui ne savaient pas quoi faire de leur robe de mariée. Comme la fourrure, la robe de mariée a un côté très symbolique et sentimental. C'est un vêtement qui se transmet souvent de mère en fille. Puis elle s'adapte particulièrement bien à notre service de sur mesure.»

Plutôt que de laisser sa robe de mariée jaunir dans la penderie, Mariouche Gagné propose donc d'en refaire des tenues plus décontractées ou des accessoires, ou bien de la retravailler afin d'en faire une autre robe de mariée. Comme pour les manteaux de fourrure, la créatrice vous transforme une robe de mariée en six à huit semaines.

Nouvelles matières

Primeur: dans un avenir rapproché, la designer-recycleuse aimerait bien commencer à recycler le cuir et la chemise pour homme. «En général, les hommes n'usent que le collet et les poignets de leurs chemises. Il reste encore beaucoup de tissu de belle qualité qu'on l'on pourrait réutiliser.»

Qu'en fera-t-elle? «Je ne sais pas encore, mais c'est sûr qu'il faudrait que je pense à un produit plus luxueux, afin de justifier le prix demandé. Les gens sont tellement habitués à acheter des vêtements brodés, perlés à bon marché chez Zara ou H&M... Il faut que je leur offre quelque chose d'original qu'ils ne peuvent pas trouver chez Jacob.

«Chez nous, chaque vêtement est coupé un par un, parce qu'on travaille avec des matières uniques. C'est très long. Ce n'est pas comme un rouleau de tissu, dans lequel on peut tailler 200 vêtements à la fois.»

Message écolo

C'est justement ce message éco-luxe qu'Harricana a l'intention de mettre au premier plan, au cours des prochaines années. Harricana a été choisi comme «projet chouchou» par une agence parisienne, Saguez&Partners, qui lui a offert une nouvelle image. Le nouveau site web de l'entreprise, qui devrait être en ligne le 28 novembre, a été créé par l'agence Publicis. Les as du branding de Saguez ont décidé, entre autres, de miser sur l'aspect écologique de la griffe. Après tout, tout le monde surfe sur la vague écolo, ces temps-ci, et souvent avec moins de classe et de mérite qu'Harricana.

«La mode durable, c'est quelque chose que j'ai fait parce que ça correspondait à mes valeurs. Ma mère avait un côté grano. Elle a toujours recyclé. J'ai été conscientisée très vite et j'ai eu l'impression que j'avais un rôle à jouer là-dedans. J'aimerais bien faire établir l'empreinte écologique de mon produit.

«J'ai aussi l'intention de demander à mes clientes de nous rapporter nos produits lorsqu'ils sont trop dégradés, en échange de quelque chose, bien sûr. Je suis certaine que je peux encore en récupérer quelque chose, ne serait-ce que pour faire des pompons!»

Lors de la visite des médias, il y a quelques semaines, Mariouche Gagné en a profité pour animer une tournée de la boutique-atelier de la rue Saint-Antoine. Journalistes et stylistes ont pu constater à quel point tout, mais vraiment tout est recyclé. Les plus petites retailles de fourrure servent à faire des bijoux et des accessoires. Les doublures de manteaux de fourrure, dont certaines sont ornées de magnifiques broderies, sont détachées, classées puis réutilisées dans certains morceaux. Il y a même un miroir fait avec de vieux pneus.

 

Première boutique européenne

Finalement, on a appris lors de cette rencontre que l'Europe, où la griffe Harricana est déjà distribuée depuis 2000, aura bientôt sa première boutique Harricana, fort probablement à Genève, en Suisse. «J'ai une très bonne partenaire là-bas. C'est très intéressant géographiquement puisque c'est près de mon marché des Alpes. En plus, Genève c'est une moins grosse bouchée à prendre que Paris.» Mariouche Gagné et son équipe pensent ouvrir cette première boutique européenne à l'automne 2010.