Les temps sont durs? Soyons joyeux, ont répondu vendredi Rosemary Rodriguez pour Thierry Mugler et le styliste belge Walter van Beirendonck qui ont proposé des collections masculines très colorées pour l'été prochain, pleine de fraîcheur pour la première, gaiement subversive pour le second.

De son côté, le créateur belge Kris van Assche, également à l'affiche de ce deuxième jour des défilés à Paris, aborde l'été 2010 avec une élégance sobre, toute en superpositions fluides, dans des nuances de blancs, noirs et gris.Pour sa troisième collection chez Mugler, Rosemary Rodriguez a voulu «créer (ses) propres codes dans l'univers muglérien». Les deux premières collections étaient «plutôt une entrée en matière, là je m'exprime complètement», a-t-elle expliqué à la presse. Ce qui reste du style incarné par la griffe emblématique des années 80, «c'est l'attitude», c'est «la manière dont on mélange les vêtements», a-t-elle précisé.

La styliste a voulu donner aux vêtements «un côté vraiment contemporain, jeune, dynamique et frais», avec une explosion de couleurs mais pas de noir. «Ce n'est pas forcément une réponse à la crise, mais c'est une envie de gaîté, de dynamisme, de positivisme, de +happiness» qui peut être une sorte d'échappatoire», a-t-elle expliqué.

Le nouvel homme Mugler porte donc des costumes abricot, framboise, ciel aux vestes épaulées, des bermudas blancs, des pantalons vert pâle accompagnés de vestes éventuellement rebrodées, des gilets parme. Mais il aime aussi le fluo (bleu, vert, orange), notamment pour des pantalons et pour souligner une veste.

Chez Walter van Beirendonck, l'humeur est joyeusement subversive, avec des noms de marques inscrits sur les vêtements colorés. Une manière de protester contre la mainmise des marques sur notre vie. «N'est-il pas étrange que le temps («Time» en anglais) et la vie («Life») soient des marques déposées, que le soleil («Sun») soit une marque de microsystème et que la lune («Moon») soit une secte ?» demande-il dans un texte remis aux invités.

Le styliste avait placé sa collection sous le signe des Bears (ours), une des composantes de la communauté gay qui considère qu'être masculin mais aussi gros et poilu, est beau. Le «Bear Paris Club», association d'échanges et de rencontres, sera d'ailleurs présent samedi à Paris dans la Marche des Fiertés, la gay pride française, avec un char «Fierté Ours».

Les mannequins, dont le gabarit et la pilosité respectaient ces critères, arboraient des combinaisons de pompiste vert pomme ou rose, des pantalons à poches multiples aux formes variables, des baskets multicolores, des vestes à capuche irisée, d'aspect gaufré.

Le styliste, un colosse à la barbe grise broussailleuse, a salué avant un bref défilé de mannequins en slips, chaussettes et baskets, très applaudis.

Son compatriote Kris van Assche a également été très applaudi. Le public rassemblé dans un préau de la faculté parisienne de Jussieu a été séduit par ses longues et fines silhouettes. Des pantalons coupés au mollet ou des bermudas se glissent sur des pantalons moulants comme des leggings, de longs débardeurs ultrafins superposés dont l'encolure se drape mollement, des tuniques noires, des chemises noires transparentes, des vestes délicatement structurées, composent une élégance tout en souplesse.