Plutôt que de sombrer dans la sobriété, les défilés de mode à Milan n'ont pas laissé la crise brider leur imagination dimanche, avec une collection Vivienne Westwood décoiffante et des maisons Prada, Ferré et Morello créatives et audacieuses dans les coupes et détails.

Au deuxième jour des collections de prêt-à-porter homme pour l'hiver prochain, la reine du punk Vivienne Westwood a présenté des tenues plus farfelues que jamais.Cabas de grand-mère à la main, un mannequin parade en kilt et veste à fleurs, un autre, bêche sur l'épaule, arbore une tunique délirante tricotée dans des laines dépareillées, un troisième armé d'une fourche déambule en grosse salopette serrée par des genouillères.

Et pour ceux qui n'ont (vraiment) peur de rien, Madame Westwood, 67 ans, conseille ce tablier de jardinier complètement ouvert à l'arrière sur des fesses mises en valeur par un body-string.

Moins olé-olé mais toujours avec caractère, les chaussures et chemises parsemées de clous de Miuccia Prada viennent trancher sur des costumes anthracite faussement sages.

Les manteaux, très longs, perdent leurs cols et revers pour se poser sur des vestes croisées enfilées sur la peau nue. Les T-shirts sont découpés dans du cuir noir, d'autres chemises se rayent de vermillon, tandis qu'une fine lanière de cuir vient ceindre la tête d'un mannequin et se ferme derrière par un gros pompon.

Pour leur première collection homme chez Gianfranco Ferré, le duo Tommaso Aquilano et Roberto Rimondi impose sa touche atypique sans pour autant trahir l'esprit d'élégance de la maison.

Pour une allure presque bionique, les carrures des vestes surprennent avec des épaules qui rebiquent légèrement vers le haut, tandis que les matières innovent avec du néoprène ou encore du taffetas travaillé très moiré.

Sans ostentation, les sequins ornent un jabot, recouvrent une chemise ou transforment un col en bijou; la maille semble tricotée main, un trait argenté glisse sur une cravate ou se noue en ceinture: pour les détails comme pour les coupes, Aquilano et Rimondi signent un sans-faute.

Chez Salvatore Ferragamo, gros gilets et petits cardigans se portent à même la peau et le col des chemises se ferme par un noeud porté sur le côté. Et on ose même le long et étroit caleçon de jersey de coton, style leggings, à la place du pantalon.

Bottega Veneta a sélectionné les peaux les plus souples pour des vestes et manteaux qui suivent les mouvements du corps et se permettent quelques détails - cols, revers, manches - de maille.

Cette même maille, cachemire, alpaga ou mérinos, que le styliste Tomas Maier décline dans d'élégants cardigans zippés et des pulls moelleux. Les pantalons s'arrêtent aux chevilles, certains tissus sont froissés pour une allure discrètement encanaillée.

Sur un podium bordé d'éphèbes en pagnes blancs, les dandy-Gavroche du label Frankie Morello déambulent dans des vêtements démesurés: un gilet au col qui monte jusque sur la tête, un pull aux emmanchures qui tombent sur les coudes, des revers qui descendent sur les hanches.

Les créateurs maison Maurizio Modica et Pierfrancesco Gigliotti retroussent les pantalons sur le mollet, nouent des cravates sur leur envers et coiffent le tout d'un chapeau melon de guingois, tandis que les pieds plongent nus dans des bottines lacées haut ou des mocassins pointus de satin.