Le traîneau à chiens est bien souvent synonyme d'attrape-touriste ayant soif d'aventure, désireux de jouer aux trappeurs des temps modernes au coeur des immensités glacées québécoises. Loin des clichés et de la traditionnelle carte postale, La Presse s'est rendue à une heure de Montréal, dans Lanaudière, pour découvrir un véritable sport d'hiver.

Nous avions bien des réserves concernant le traîneau à chiens avant notre virée chez Kinadapt. Les fervents défenseurs du bien-être animal se demandent déjà comment on a pu envisager d'encourager l'exploitation de pauvres toutous, tout ça pour se faire tirer dans un traîneau, sans bouger le petit doigt? C'est l'humoriste François Morency qui aura fini par nous convaincre. Lui-même grand amoureux des chiens, il a en effet piqué notre curiosité en avouant pratiquer le traîneau à chiens une bonne quinzaine de fois par saison depuis 2010!

À peine arrivé dans le stationnement de Kinadapt à Rawdon, le comité d'accueil canin ne vous laissera pas indifférent: une dizaine de huskies retraités et affectueux viennent vous saluer.

Car chez Peter W. Boutin et Carole Turcotte, les propriétaires des lieux, pas question de se départir de leurs compagnons quand ils ne sont plus capables ou n'ont plus envie de tirer un traîneau. On est loin de l'enfer vécu par les bêtes dans certaines entreprises de mushers.

Il n'est d'ailleurs pas rare que Kinadapt se transforme en seconde chance pour des huskies abandonnés. «C'est une des races les plus présentes dans les refuges», note M. Boutin.

C'est le cas de Cassy, une des deux chiennes parrainées par François Morency, sauvée de l'euthanasie à 6 mois et rééduquées par Kinadapt. Elle fait aujourd'hui partie de la meute de 86 chiens présents sur le site qui ont le loisir de courir près de 40 km par jour.

Une virée de rêve

Avant de s'aventurer sur les 30 km de sentiers du domaine, Peter W. Boutin et Carole Turcotte nous donnent rendez-vous dans leur cabane à sucre pour un petit briefing. Il sera certes question de sécurité et de technique, mais aussi de bien-être animal. M. Boutin insiste particulièrement sur la manière respectueuse d'approcher un chien pour ne pas qu'il se sente agressé.

C'est maintenant l'heure d'atteler les chiens. Notre musher, Vincent Bellerose, professionnel du tourisme d'aventure depuis trois ans, choisit stratégiquement les huit chiens qui nous accompagneront lors de notre virée en traîneau. Il s'agit de former les bons duos, selon leurs forces et leurs faiblesses. En fonction des conditions météo et du poids sur le traîneau, un attelage peut être constitué de quatre à huit chiens.

«Il faut trouver le bon match, analyser leur morphologie, leur caractère et leurs affinités», explique Vincent Bellerose. «Il faut rester à l'écoute, s'informer auprès des autres mushers des horaires des chiens et observer leur comportement», ajoute-t-il tout en caressant ses chiens visiblement très excités de le voir.

Ils n'attendent qu'un mot de leur leader pour se lancer dans une course folle. Lightening sera notre chef de traîneau et formera avec Salomon le duo de tête, suivi d'Agora et de Phoenix, de Sydney et de Fraya (deux chiennes en réhabilitation), ainsi que de Stinger et d'Uluriac.

Photo Robert Skinner, La Presse

Il y a une manière respectueuse d'approcher un chien pour ne pas qu'il se sente agressé. Sur la photo, l'humoriste François Morency.

Confortablement installé dans le traîneau à l'avant de notre musher, on ne peut qu'apprécier les premières minutes de l'expérience. Mais c'est quand Vincent nous invite à prendre les commandes qu'on comprend réellement que le traîneau à chiens est un sport d'hiver qui mérite d'être essayé. Le sourire étampé dans le visage, on se sent en totale communion avec la meute toujours à l'écoute de son musher: leurs oreilles réagissent au quart de tour aux «Gee!» (à droite), «Hop! Hop! Ha!» (à gauche) lancés par Vincent.

Les deux pieds sur les skis, il faut souvent sauter et courir dans la neige pour aider les chiens lors de certains détours plus ardus, et dans les pentes. Une expérience pas mal plus physique que ce qu'on aurait pu penser! 

Après 30 minutes, on se surprend à penser au parcours qui nous mènera à être aussi autonome que François Morency, seul aux commandes de son traîneau.

Kinadapt propose des forfaits de trois heures où l'on apprend les rudiments du traîneau à chiens, comprenant une heure d'aventure sur les sentiers, encadré par un guide certifié. Il est ensuite possible de devenir membre et de se procurer une carte au coût de 550 $ donnant accès à 5 visites sur le site.

Un sport d'hiver qui coûte certes bien cher, mais qui vaut le détour si on a envie de faire partie de cette belle communauté canine qui nous laisse un souvenir impérissable.

Photo Robert Skinner, La Presse

Kinadapt propose des forfaits de trois heures où l'on apprend les rudiments du traîneau à chien, comprenant une heure d'aventure sur les sentiers, encadré par un guide certifié.