Pourquoi mon chien saute-t-il sur les invités? Comment l'habituer à sa cage? Est-ce vrai qu'il doit toujours manger après moi? Les éducateurs canins Jean Lessard et Isabelle Borremans font équipe dans Mon chien chez le psy - Tome 2 en répondant à 50 questions pour vous aider à mieux comprendre votre fidèle compagnon à quatre pattes. Préconisant le renforcement positif plutôt que l'intimidation, ils proposent ainsi des solutions simples pour induire les comportements souhaités. Entrevue avec Jean Lessard.

Q: À quel courant d'éducation canine appartenez-vous?

R: D'un côté, il y avait la méthode traditionnelle basée sur la punition (on attend que l'erreur se produise pour sévir) et tout l'aspect mythique de la dominance et du mâle alpha qui se mêlent très souvent à ça. De l'autre, il y a le mouvement, qui nous vient des États-Unis, du renforcement positif. Je me situe plus dans un retour aux sources, à Pavlov et à Skinner. Ainsi, on a remis en question les méthodes traditionnelles dures en se disant: c'est quoi entraîner un animal, le conditionner? C'est l'éthique dans l'application du conditionnement de l'entraînement animal qui m'intéresse et qui est nouveau: ne pas faire mal et aller dans le sens de la nature du chien. On s'est rendu compte qu'on peut entraîner des comportements sans les forcer et modifier des comportements indésirables sans les punir.

Q: À la maison, pourquoi les gens font le plus souvent appel à vos services?

R: Les aboiements, car les gens ont beaucoup de difficulté à modifier ce comportement-là. La clé, c'est de les gérer en silence et de manière constante, jusqu'à ce qu'on ait des résultats. On abandonne trop vite! Si mon chien fait «woua woua» et que je crie «tais-toi», on agit de la même manière alors qu'on veut changer l'association qu'il a fait avec la sonnette ou tout autre bruit. Il faut d'abord analyser la fonction de l'aboiement. Puis voir l'émotion sous-jacente à ça et changer l'association que le chien fait avec le déclencheur.

Q: En société, quel est le plus gros problème que rencontrent les propriétaires de chiens?

R: La réactivité (aboiement, morsure, agitation) autant chez le vétérinaire qu'au parc à chiens ou ailleurs. Un chien qui a trop de réactions face à un déclencheur donné a eu un manque de préparation en bas âge. Et ça ne passera pas tout seul! Donner un coup de laisse en disant «Non!» ne sert à rien. Il faut désensibiliser le chien de manière progressive à ces situations.

Q: En ce qui concerne les émotions, quelles sont les idées préconçues les plus souvent véhiculées par les gens?

R: Dans les interprétations les plus fausses qu'on puisse faire, il y a «mon chien est jaloux» et «il se venge». La pire étant certainement cette dernière, comme si le chien faisait des projets contre nous! S'il détruit quelque chose à la maison, il le fait parce qu'il angoisse.

Q: Un chien peut par contre vivre une émotion aussi complexe que le deuil?

R: Absolument. On voit souvent des chiens se laisser aller dans un tel cas. Selon certaines études, dont plusieurs sont en cours, de nombreux indices suggèrent que des animaux aussi variés que les dauphins ou les canards peuvent être affectés par la mort de congénères proches.

Q: Pourquoi, selon vous, la punition n'est-elle pas un bon outil en éducation canine?

R: Ça ne règle jamais rien. Je demande souvent à mes clients s'ils ont déjà eu une contravention pour vitesse au volant, avant de leur demander si ça les a empêchés de recommencer par la suite! La punition ne mène nulle part et on ne sait pas comment punir. On va gueuler après un chien au lieu de le réprimander adéquatement. Il faut arriver dans le dixième de seconde pour qu'il comprenne et on tombe très souvent dans le piège de l'escalade et de l'abus!

Q: Le plus gros mythe que vous avez déboulonné?

R: Le fait qu'on voit presque tous les problèmes de comportement comme de la dominance. On n'est pas dans La planète des singes, le chien n'a pas comme projet de dominer l'homme. C'est une fausse croyance dont il faut se défaire. Dès que je pense ainsi, je me mets en conflit avec mon animal. Le chien va avoir peur de nous alors qu'on pense s'imposer comme mâle alpha. C'est un cercle vicieux très néfaste.

Q: Vous vous êtes également fait un devoir de démystifier le pitbull.

R: C'est un chien comme les autres, avec de bonnes et de moins bonnes lignées, comme toutes les autres races. Il y a des bergers allemands désaxés tout comme des chihuahuas!

Q: La plus grande réalité que les gens doivent garder en tête?

R: Le chien est un animal captif. On doit donc répondre à tous ses besoins et non l'adopter pour répondre aux nôtres. Dans ses qualités d'animal captif, il y a beaucoup de choses qu'il ne peut faire par lui-même. Il est tellement assujetti à nous, nos horaires, nos bons désirs.

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Mon chien chez le psy - Tome 2. 50 nouvelles questions-réponses pour mieux comprendre votre fidèle compagnon, aux Éditions Transcontinental.