Si chez l'humain la dépression est le fléau du XXIe siècle, on sait maintenant qu'elle touche aussi nos compagnons à quatre pattes. Un mal qu'ils expriment à leur manière et qu'il est important de savoir décrypter pour le soigner.

Pour Michel Fournier, comportementaliste et éducateur canin, la psychologie canine est un mystère qu'il cherche à percer depuis son enfance.

«Enfant unique, j'ai toujours eu un chien ou un chat qui m'a servi de frère ou de soeur. C'est de là que me vient cet engouement pour les animaux. Mes parents louaient un chalet dans le Nord et il y avait un monsieur qui faisait l'élevage de bergers allemands. J'allais y faire mon tour et il a commencé à me payer pour m'occuper d'eux. Il m'apprenait à les faire s'assoir, se coucher, etc. Au début des années 70, il n'y avait pas grand-chose au Québec en matière de comportement canin. J'avais beaucoup de questions, et je suis parti travailler en Europe pour entraîner des animaux. Puis, en 1988, j'ai lancé Express canin, la première entreprise d'éducation canine à domicile au Québec», explique Michel Fournier.

Si aujourd'hui, la psychologie canine est à la mode, ça n'a pas toujours été le cas. Le phénomène Cesar Milan, «l'homme qui parle aux chiens», a d'ailleurs beaucoup contribué à améliorer la perception du grand public en la matière.

«Au début, quand je faisais des visites à domicile, j'étais perçu de manière spéciale, comme le psy pour chien. Les salons étaient pleins de curieux quand je venais en consultation. Aujourd'hui, la psychologie canine est plus répandue», précise Michel Fournier.

Indissociables, l'éducation et le comportement forment un tout qui assure l'équilibre de votre animal. Pour le comportementaliste, les problèmes d'agressivité, de marquage intérieur ou de conflits entre canins sont en grande partie dus à la méfiance et se règlent facilement avec la collaboration du maître.

«Dans 98% des cas, le problème se situe entre le propriétaire et son chien. Mon travail est donc d'instruire le maître sur le comportement et la psychologie canine. Le chien déviant est le résultat de la bêtise humaine», lance le comportementaliste.

Frustration par dominance, anxiété de séparation, dépendance affective sont autant de problèmes psychologiques que Michel Fournier doit traiter et qui peuvent mener à la dépression canine.

«Si le manque d'activité joue un rôle capital, le pire de tous les problèmes est sans doute l'anthropomorphisme. Une étude a montré il y a quelques années qu'en Amérique du Nord, 2% des chiens achetés le sont dans un but utilitaire et 98% dans un but familial. On demande au chien d'être ce qui n'est pas dans sa nature», dit-il.

La question à se poser est donc: qui a besoin d'un chien? Puisque beaucoup comblent des vides affectifs ou émotifs, se servant de leur chien pour créer un équilibre artificiel.

Symptômes

La dépression chez le chien ressemble beaucoup à celle chez l'humain: perte d'intérêt pour ses jouets, diminution de l'appétit, perte de poids graduelle, inactivité. Toute modification dans son comportement devrait attirer notre attention et nous inciter à consulter un vétérinaire pour nous assurer que notre chien n'est pas malade. On pourra aussi consulter un comportementaliste si l'animal présente un trouble de santé psychologique.

«C'est rarement dû à un déséquilibre hormonal, d'ordre chimique, mais le plus souvent relié à l'anxiété de séparation. Certains vétérinaires vont prescrire des anxiolytiques comme le Clomicalm. Mais ça doit être accompagné d'une thérapie et de beaucoup d'exercice», conclut Michel Fournier.