Bixby, le nouvel assistant vocal de Samsung présenté avec son téléphone Galaxy S8, va devoir s'imposer face à ses rivaux Siri d'Apple, Alexa d'Amazon, Assistant de Google et Cortana de Microsoft déjà solidement installés, estiment les analystes.

Bixby veut se distinguer de ses concurrents en agissant davantage avec le contenu du téléphone, permettant des interactions en fonction de la localisation, des images et facilitant ainsi les instructions vocales.

L'utilisateur peut prendre une photo d'un bâtiment, un musée par exemple, et connaître aussitôt non seulement les heures d'ouverture, mais ce qu'il faut y voir. Prendre une photo d'un menu de restaurant permet également de le traduire et celle d'un objet de savoir où l'acheter.

«Je suis impressionné avec ce qu'ils sont arrivés à faire en terme de reconnaissance visuelle et d'identification de l'environnement» souligne Bob O'Donnell, analyste et consultant chez Technalysis Research, après avoir assisté à la présentation du nouveau téléphone mercredi à New York.

«Cela apporte de nouvelles fonctionnalités que l'on n'avait pas vues avant, avec un assistant qui est capable de faire des suggestions en fonction de l'environnement», souligne-t-il.

Mais Bixby est encore en plein développement. Il n'a ainsi pas fait entendre sa voix à New York et doit encore être enrichi de la technologie acquise par Samsung avec l'achat de Viv, une entreprise fondée par les créateurs de Siri.

La concurrence pour Bixby viendra pour commencer de l'intérieur. Équipés du logiciel d'exploitation de Google, les téléphones de Samsung sont livrés avec Google Assistant. Il aura donc «un concurrent sans merci» à portée du doigt de l'utilisateur, souligne Richard Windsor, du blogue Radio Free Mobile.

«Bixby essaye de faire les choses un peu différemment, mais une conclusion prudente de ce que Samsung a montré est que ce service ne possède que très peu d'intelligence», estime-t-il.

Pour Roger Kay, de Endpoint Technologies Associates, il sera très difficile pour Bixby de rattraper ses rivaux, présents sur le marché déjà depuis un certain temps.

«Vous ne pouvez pas développer ce genre de chose du jour au lendemain. Il faut des années pour créer quelque chose d'aussi avancé que Siri», ajoute-t-il. Mais il est important, selon lui, pour Samsung d'être sur ce marché.

«C'est la mise minimum», assure-t-il. «Vous ne pouvez pas être absents du marché des assistants vocaux. Cela laisse les mains libres et permet de dire les choses rapidement», souligne-t-il.

Alexa en tête

Amazon semble avoir pris de l'avance dans ce domaine avec Alexa qui permet des interactions vocales avec de nombreuses applications comme la musique, les informations, les achats en ligne et la domotique.

«Amazon est le meilleur en terme de perspectives commerciales en retirant tout ce qui est théorique et en ne gardant que ce que les gens veulent faire», souligne Roger Kay.

Samsung met toutefois en avant les avantages de Bixby en matière d'interaction avec les objets connectés.

Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insights & Strategy, prévient toutefois que son succès dans ce domaine dépendra du volume de données qu'il sera capable de collecter. «L'apprentissage d'une machine s'améliore avec son utilisation et l'acquisition de données», rappelle-t-il.

Bixby à ce titre n'a pas l'avantage de s'appuyer sur des logiciels d'exploitation comme iOS d'Apple ou Windows, mais pourra s'intégrer avec les produits électroniques et ménagers vendus par Samsung et recourant à la plateforme SmartThings, une autre récente acquisition du géant sud-coréen.

«Samsung vend tellement de produits électroniques, des téléphones aux Chromebooks en passant par les machines à laver qu'il collecte des informations différentes et que cela pourra peut-être lui permettre d'être plus intelligent que Siri», estime cet analyste, en résumant: «Apple ne sait pas ce qu'il y a dans votre frigidaire, Samsung le sait».

Il juge que l'assistant vocal est appelé à jouer un rôle important dans les lieux de vie connectés où actuellement des plateformes concurrentes ne sont pas toujours reliées entre elles.

Les géants de l'électronique développent les assistants vocaux «pour pouvoir accéder à des données. En utilisant cette interface, ils peuvent bâtir votre profil détaillé», indique Patrick Moorhead. «Ils veulent tous vous vendre quelque chose et Google et Amazon sont les plus agressifs» dans ce domaine, estime-t-il.