L'ex-PDG et président de Nokia, Jorma Ollila, affirme dans un livre que le fabricant finlandais a eu raison «trop tôt» sur les téléphones intelligents, connaissant ensuite un échec qui allait provoquer le déclin de la marque.

Dans «Le Succès impossible», une autobiographie publiée jeudi en Finlande, M. Ollila rejette l'idée selon laquelle Nokia n'a pas su anticiper le succès des téléphones connectés à internet.

«Nous croyions à l'arrivée des téléphones intelligents. Nous y avons cru tellement fort que nous avions créé une nouvelle unité organisationnelle qui se concentrait sur les téléphones intelligents», écrit M. Ollila dans le livre.

Nokia avait lancé une réorganisation en 2004, destinée à «refléter ce qui était en train de se passer sur le marché de téléphones», d'après M. Ollila.

L'ancien PDG rappelle qu'avant le succès foudroyant de l'iPhone d'Apple, les opérateurs téléphoniques n'avaient pas grand-chose à offrir aux premiers utilisateurs de téléphones intelligents.

«Il s'est avéré plus tard que nous avions investi dans une bonne idée, mais beaucoup trop tôt (...) Ce n'est que beaucoup plus tard que les opérateurs furent prêts à offrir des services qui allaient accélérer la montée en puissance des téléphones intelligents», écrit-il.

Quand l'iPhone est arrivé sur le marché en 2007, Nokia proposait le N95 (sans écran tactile), qui eut du succès. Mais son successeur, le N97 (avec écran tactile), lancé seulement en 2009, fut «un échec total, juste au moment où Nokia aurait dû réussir et changer sa direction», déplore M. Ollila.

«On faisait ce qu'il fallait, mais les résultats étaient mauvais. On a essayé de faire exactement les choses qu'Apple, Google et Microsoft ont faites plus tard», estime-t-il.

Nokia doit céder début 2014 au géant informatique américain Microsoft sa division téléphones portables pour 5,44 milliards d'euros, faisant ainsi disparaître une marque qui fut longtemps la plus vendue au monde.

M. Ollila regrette aussi les manquements dans la conception des logiciels, surtout dans le développement du système d'utilisation pour téléphones intelligents Meego. «Malgré les 1800 salariés» qui ont travaillé sur Meego, les résultats étaient «très maigres», a déclaré à la presse M. Ollila à Helsinki.

Finalement, Nokia optera pour Windows, le logiciel de Microsoft, après une préparation «exceptionnellement minutieuse».

L'ancien dirigeant fait état aussi de ses réussites, dont la décision de ne pas acheter l'américain Lucent en 2005 malgré des négociations avec le groupe. Nokia est arrivé à la conclusion que cette société avait des «coûts fixes trop élevés et trop de personnel» et qu'elle aurait besoin «d'une forte restructuration» mondiale. En 2006, elle a été rachetée par le français Alcatel, en difficultés depuis.

«Il est devenu clair relativement vite qu'Alcatel n'a pas obtenu les avantages qu'elle avait espérés. Comme dans beaucoup de rachats d'entreprise, les synergies n'ont pas été trouvées», a commenté M. Ollila.

Selon lui, Alcatel a «gaspillé de l'argent des actionnaires» et «les vendeurs, c'est-à-dire les actionnaires de Lucent, en ont bénéficié».