Les champs électromagnétiques émis par les antennes-relais de téléphonie pourraient avoir des effets sur le mécanisme de régulation de la température corporelle et provoquer le fractionnement d'une phase du sommeil, sans nuire à sa qualité, selon une étude française réalisée sur des animaux.

«Les premières conclusions montrent des effets biologiques à long terme des radiofréquences simultanés sur la régulation thermique, le comportement alimentaire et le sommeil», déclarent dans un communiqué l'Ineris (Institut national de l'environnement industriel et des risques) et l'Université de Picardie Jules Verne (UPJV).

L'association de défense des «électro-sensibles» Priartém a critiqué jeudi les limitations de l'étude et «exigé qu'une loi vienne enfin imposer une réelle protection de la population» contre les champs électromagnétiques.

L'étude conduite sur de jeunes rats a cherché à recréer des niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques comme ceux rencontrés à proximité d'antennes-relais de téléphonie mobile.

«Réveils fréquents, difficultés pour se rendormir, insomnie... font partie des symptômes que décrivent les personnes dites électro-sensibles, lorsqu'elles vivent à proximité d'une antenne-relais» rappellent l'Ineris et l'UPJV.Cette étude permet de «confirmer» l'effet des radiofréquences sur «le fractionnement du sommeil paradoxal», qui est la phase du sommeil où se produisent les rêves dont on se souvient.

Mais «au vu des résultats de l'étude, ce fractionnement n'occasionne pas de troubles du sommeil», selon les chercheurs.

Ils n'ont noté aucune modification des paramètres de qualité du sommeil en terme de réduction du temps de sommeil, du nombre des réveils ou encore de la difficulté à se rendormir.

L'impact d'un fractionnement du sommeil paradoxal est «encore mal connu» mais il pourrait être «à l'origine de difficultés de mémorisation et de troubles de l'humeur», ajoutent-ils cependant.

De manière peut-être plus inattendue, les champs électromagnétiques agissent sur les mécanismes de la thermorégulation avec comme effet indirect le déclenchement chez les animaux testés d'un «processus d'économie d'énergie comme s'ils avaient des besoins énergétiques accrus» et une sensibilité au froid accrue.

«Si les champs électromagnétiques semblent induire une sensation de froid chez l'animal, il n'est pas encore possible de dire si cet effet est transposable à l'homme», indiquent prudemment les chercheurs.

«On observe également une prise alimentaire plus importante de la part des animaux exposés: les mécanismes d'économies d'énergie pourraient conduire à une augmentation de la masse corporelle, mais cela nécessite d'être confirmé» selon l'Ineris et l'UPJV.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé en 2011 les ondes électromagnétiques comme potentiellement cancérigènes mais les opérateurs de téléphonie mobile s'appuient sur le dernier avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), datant de 2009, pour écarter tout danger.

L'Anses doit actualiser cet avis d'ici l'été.

En janvier, les députés écologistes avaient dénoncé un «enterrement» d'une proposition de loi, rédigée par leurs soins, visant à réduire l'exposition aux ondes.