Le boom s'est poursuivi l'an dernier sur le marché mondial des téléphones intelligents, où Samsung a affirmé sa domination sur Apple, mais le rythme ralentit et une concurrence féroce émerge aux côtés des deux grands acteurs.

Plusieurs cabinets de recherche ont publié vendredi leurs estimations de ventes de téléphones intelligents en 2012. Le plus optimiste, IDC, les chiffre à 712,6 millions d'unités, soit 44% de plus qu'en 2011. Strategy Analytics fait état de 700,1 millions (+43%) et ABI Research de 653 millions (+36%).

Tous s'entendent à dire que Samsung, qui avait dépassé l'américain Apple pour la première fois en 2011, mais seulement d'une courte tête, a creusé l'écart.

Le sud-coréen, principal vendeur de téléphones fonctionnant sous système d'exploitation Android de Google, est désormais crédité de quelque 30% de part du marché mondial chez IDC et Strategy Analytics, contre environ 19% pour Apple, qui se maintient ainsi plus ou moins au niveau de l'année précédente.

Le groupe à la pomme a limité les dégâts au quatrième trimestre, où sa part de marché est montée jusqu'à 22% contre 29% pour Samsung, grâce notamment au marché chinois. Mais même après la sortie de l'iPhone 5, une grande partie des ventes du groupe ont concerné des modèles plus anciens, relève IDC.

«Il est clair que l'hyper-croissance de l'iPhone est terminée», affirme un analyste d'ABI Research, Michael Morgan.

Le marché des téléphones intelligents est en train d'évoluer, parallèlement au déplacement de ses sources de croissance vers des pays émergents.

Même si elle reste très élevée, «la croissance a ralenti» comparée à 2011, où elle avait atteint 64%, souligne Neil Shah, un analyste de Strategy Analytics.

Une des explications, selon lui, est que «la pénétration des téléphones intelligents commence à arriver à maturation dans les régions développées, comme l'Amérique du Nord et l'Europe occidentale».

Les pays émergents sont considérés comme un relais de croissance important, mais les consommateurs y sont davantage susceptibles d'opter pour des appareils moins haut de gamme, et donc moins chers.

«Samsung et Apple sont tous les deux sous pression pour maintenir leur domination sur le marché, alors que des téléphones intelligents moins coûteux gagnent de l'élan en ce début 2013», relève Jeff Orr chez ABI Research.

Le marché, «bien qu'il soit dominé par Samsung et Apple, présente d'amples opportunités pour des concurrents», estime aussi Kevin Restivo chez IDC, pour qui des fabricants d'appareils à bas coûts «peuvent rapidement gagner des parts de marché, en particulier sur les marchés émergents».

Un bon exemple est selon lui le groupe chinois Huawei, qui selon IDC a réussi à se hisser au quatrième trimestre au troisième rang mondial avec une part de marché de 4,9%.

«Le fait que Huawei et (un autre groupe chinois) ZTE se trouvent parmi les 5 premiers vendeurs de téléphones intelligents marque un changement important du marché», insiste un autre analyste d'IDC, Ramon Llamas.

Même si elles commencent à sortir des modèles plus perfectionnés, «les deux entreprises ont augmenté leurs volumes en se focalisant sur le marché de masse» avec des appareils d'entrée de gamme, rappelle-t-il.

Apple, qui a fait reposer toute sa stratégie sur le caractère haut de gamme de ses produits, a dans ce contexte plus à perdre que Samsung, dont la gamme est plus large. Certains experts estiment d'ailleurs que le groupe américain va devoir tenir compte de cette nouvelle donne et pourrait sortir une version meilleur marché de l'iPhone, peut-être dès cet été.

«À moins qu'Apple n'accepte d'échanger les marges qu'il fait sur son iPhone pour des ventes [1/8] plus élevées d'iPhone low cost, sa part de marché va devenir dépendante de la loyauté de ses clients,» prévient Michael Morgan.