Se connecter aux réseaux sociaux, jouer à des jeux vidéo, payer, suivre l'actualité en temps réel depuis son mobile: le «boom» des téléphones intelligents  pousse fabricants et opérateurs à une course effrénée aux applications et appareils de plus en plus perfectionnés.

Du téléphone PlayStation à celui qui permet de visionner des films en 3D sans lunettes, en passant par les terminaux permettant de payer directement les dépenses courantes, les annonces se multiplient au Congrès mondial du mobile de Barcelone.

Un téléphone sur cinq vendu dans le monde l'an passé, soit 320 millions d'appareils, était un smartphone, selon le cabinet Gartner. Cette proportion devrait atteindre un sur deux en France en 2011, selon les analystes du cabinet concurrent GfK.

Tous les experts sont unanimes à voir dans ces téléphones multifonctions connectés à internet l'avenir du secteur. Et dans la multiplication des applications qui leur sont destinées un champ de bataille pour séduire de nouveaux clients.

Absent de Barcelone, Apple garde une confortable avance sur ses concurrents. L'App Store, sa boutique d'applications garnie de 350 000 petits logiciels payants ou gratuits offrant jeux, divertissements ou infos pratiques pour l'iPhone, est de loin la plus fournie au monde.

Mais le géant américain est de plus en plus concurrencé par Google, dont le logiciel Android pour smartphones a connu un essor sans précédent en 2010, et qui propose plus de 150 000 applications adaptées sur son «Android Market». Et le créneau attire maintenant les opérateurs.

«Pour les opérateurs télécoms, le risque est d'être réduits à de simples tuyaux. L'enjeu est donc de se repositionner et de fidéliser leurs clients dans un écosystème complexe où ils sont remis en cause par de nouveaux entrants», explique Thomas Husson, du cabinet Forrester.

De grands opérateurs comme China Mobile, Verizon, Vodafone ou Orange se sont donc associés pour créer leur propre plateforme de distribution d'applications compatibles avec tous les types de téléphones portables, qu'ils proposeront directement à leurs clients.

Quelque 12 000 applications de ce type ont déjà été développées, mais celles-ci ne peuvent encore être téléchargées, faute d'appareils adaptés, qui ne devraient apparaître sur le marché qu'en fin d'année.

Si la voix reste leur coeur de métier, les opérateurs «essaient de développer des services à valeur ajoutée» comme les jeux, le paiement mobile ou la télémédecine, souligne M. Husson.

«Les opérateurs ont compris qu'il y avait énormément de valeur ajoutée à avoir une place importante dans les transactions concernant les services, et pas à seulement facturer les minutes transportées sur leurs réseaux», estime Alex Kummerman, patron du développeur d'applications Clicmobile.

La norme de paiement sans contact NFC va aussi permettre aux opérateurs d'ajouter une corde à leur arc, en faisant de leurs téléphones des porte-monnaie électroniques ou en remplaçant les cartes de transport.

Les fabricants veulent, eux aussi, se différencier en offrant des téléphones de plus en plus complexes. Sony Ericsson a ainsi présenté l'Xperia Play, conçu pour le jeu et équipé d'une manette playstation (PSP) intégrée.

Le taiwanais HTC a dévoilé une tablette et deux smartphones conçus en collaboration avec Facebook. Le réseau social est aussi au coeur d'une innovation du fabricant français de cartes à puces Gemalto, qui permet de mettre à jour son profil même sur les portables n'ayant pas internet... à l'aide de SMS.

C'est également dans l'optique de séduire les clients par la qualité de son magasin d'applications que le premier fabricant au monde Nokia, qui a tardé à se lancer dans les smartphones et a donc perdu de fortes parts de marché ces deux dernières années, s'est associé à Microsoft.