Le numéro un mondial des téléphones mobiles, le finlandais Nokia, a annoncé vendredi une alliance dans les téléphones intelligents avec le géant américain Microsoft dans le cadre d'une nouvelle stratégie, mais a déçu les investisseurs.

Le système d'exploitation pour téléphones de Microsoft, Windows Phone, va devenir le principal logiciel des téléphones multifonctions de Nokia, a annoncé le finlandais, qui cherche à contrer l'essor fulgurant d'Apple et de Google sur ses marchés.

Cette annonce est la principale mesure d'une «nouvelle direction stratégique» que le Finlandais a dévoilée en amont d'une journée d'investisseurs ce vendredi à Londres et qui est destinée à relancer le groupe.

La nouvelle stratégie de «large partenariat stratégique avec Microsoft» vise à bâtir «un nouvel écosystème» pour les téléphones mobiles avec Windows Phone comme «principal» système d'exploitation des smartphones Nokia, indique le finlandais.

Son nouveau PDG depuis septembre, le canadien Stephen Elop, est précisément un transfuge de Microsoft et une possible alliance avec le géant américain de l'informatique était un scénario fréquemment évoqué par les analystes pour le changement de cap de Nokia.

D'autres plaidaient pour l'usage du système d'exploitation d'Android de Google, qui rencontre un énorme succès auprès des constructeurs et des clients.

«Windows Mobile n'est pas parvenu à décoller jusqu'à présent et Android aurait été un meilleur choix», estime ainsi la banque Espirito Santo Investment dans une note, soulignant que l'alliance pourrait néanmoins relancer Nokia «à long terme».

D'autres relèvent que si des effets positifs attendus de l'alliance américano-finlandaise sont attendus, ils prendront du temps à se concrétiser.

Nokia indique en effet vendredi qu'il s'attend à ce que 2011 et 2012 soient «des années de transition» au niveau des résultats. Et en raison d'«incertitudes significatives», le finlandais ne donne pas de prévisions pour cette année.

«Il y a tellement de grandes questions toujours sans réponse: quel est le calendrier, par exemple? Nokia part de presque zéro», estime Hannu Rauhala, analyste de la Pohjola Bank. «Je me demande combien de temps cela va prendre de mettre la stratégie en place», dit-il à l'AFP.

«Nokia est à un point critique où des changements significatifs sont nécessaires et inévitables pour notre avenir», s'est justifié son PDG, Stephen Elop.

Nokia et Microsoft ont «des actifs hautement complémentaires» et leur partenariat «vise des produits différents et innovants avec une gamme de produits, une pénétration géographique, et une identité de marque sans rivales».

Nokia indique néanmoins qu'il conserve son système d'exploitation Symbian et prévoit toujours de lancer cette année des produits équipés de MeeGo, un système développé avec l'américain Intel.

Le géant finlandais effectue également des changements au sein de sa direction, avec le départ d'un cadre dirigeant et l'arrivée de quatre nouveaux noms.

Depuis plus de deux ans, Nokia, leader historique du secteur depuis 1998, peine à corriger ses faiblesses sur le juteux créneau des téléphones intelligents, où il subit la loi de l'iPhone d'Apple, du BlackBerry du canadien RIM et des téléphones utilisant Android.

Selon une étude du cabinet de référence Gartner publiée mercredi, la part du marché mondial de Nokia a chuté à 28,9% en 2010 contre 36,4% en 2009.

Dans un mémo interne aux employés révélé mercredi, Stephen Elop écrivait que Nokia se trouve actuellement sur une «plate-forme en feu» à cause de la concurrence à tous les niveaux et d'erreurs de gestion en interne.