Les quelque 700 000 abonnés saoudiens du BlackBerry attendaient lundi un éventuel accord permettant de maintenir le service de messagerie de ce téléphone multimédia, tout en donnant aux autorités la possibilité d'en surveiller le contenu.

La Commission de la technologie des communications et de l'information (CITC) a donné 48 heures aux trois fournisseurs saoudiens pour tester des solutions techniques, un délai qui expire lundi en fin de journée.

«Rien n'est clair et je crains que le service soit coupé à tout moment», se plaint le directeur d'une salle de sport, Houssam Abou Bakr, 24 ans.

«Je peux vous assurer qu'il n'y a presque plus de ventes», a indiqué pour sa part Ahmad al-Ghamdi, un vendeur de téléphones. «Nous craignons tous un arrêt des services du BlackBerry».

La décision saoudienne semble dictée par des considérations de sécurité, le royaume, pays de naissance du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, continuant de lutter contre les irréductibles du réseau qui avait ensanglanté plusieurs villes entre 2003 et 2006.

Parmi les solutions proposées pour continuer à assurer le service de messagerie figure l'installation d'un serveur en Arabie saoudite qui serait accessible aux autorités alors que les données passent actuellement par des serveurs installés au Canada avec un système de cryptage hermétique.

Le quotidien saoudien Okaz a affirmé, en citant un cadre technique de l'un des fournisseurs locaux, que «les essais sur le serveur et les programmes (...) ont été effectués avec succès».

Une autre source industrielle, citée par le quotidien Shams, a indiqué que les négociations entre la CITC et le fabricant canadien du BlackBerry, Research in Motion (RIM), avaient abouti à une «solution acceptable pour tous».

Mais un autre responsable du secteur est resté prudent. «Nous n'avons encore reçu aucune réponse des autorités compétentes», a-t-il dit.

Certains utilisateurs saoudiens ne semblent pas inquiets de la possibilité de surveiller les échanges sur le BlackBerry. «On s'en fout du moment que le service n'est pas coupé», écrit ainsi un lecteur d'Okaz sur le site internet du journal.

Le BlackBerry est populaire parmi les jeunes saoudiens qui l'utilisent pour nouer des contacts féminins dans le royaume ultraconservateur où la mixité est interdite. Certains affichent les codes de leurs messageries sur leurs voitures ou sur les sites de socialisation comme Facebook.

Avant d'accorder ce délai, la CITC avait annoncé une suspension de la messagerie du BlackBerry pour vendredi mais ce service a été rétabli après avoir été stoppé pendant quatre heures, selon des utilisateurs.

Le royaume saoudien a emboîté le pas aux Emirats arabes unis (500 000 abonnés) qui ont annoncé, le 1er août, la suspension à partir du 11 octobre des principaux services de BlackBerry, en arguant qu'ils n'étaient pas conformes aux réglementations locales.

Les autorités ont nié que la décision était liée à l'assassinat en janvier d'un cadre du mouvement palestinien Hamas à Dubaï, attribué aux services secrets israéliens, le Mossad.

En Inde, le gouvernement a évoqué des questions de sécurité nationale et la difficulté d'un contrôle du BlackBerry, menaçant également d'interdire certains de ses services. Le pays avait connu en novembre 2008 une série d'attentats islamistes sanglants à Bombay, sa capitale économique.

Le Koweït a annoncé qu'il n'avait pas l'intention de suspendre des services du BlackBerry mais attendait les solutions qui seraient proposées aux Saoudiens.