Dire que les derniers jours ont été rocambolesques pour la petite équipe de Scavengers Studio serait un euphémisme. La semaine dernière, elle a pu bénéficier de la plus grande tribune qui soit, à Los Angeles, pour faire la promotion de son premier projet, The Darwin Project. Elle n'a pas raté sa chance.

Tout s'est déroulé très rapidement pour les cofondateurs Simon Darveau et Amélie Lamarche depuis qu'ils ont lancé la conception de The Darwin Project, en septembre dernier. Tant et si bien que la semaine dernière, ils ont eu l'occasion de présenter leur jeu devant des millions d'internautes et tout un parterre de l'industrie lors de l'événement de presse de Microsoft tenu dans le cadre de l'Electronic Entertainment Expo (E3), à Los Angeles.

Les résultats ont été rapides. Le jeu est vite devenu un des plus fréquemment mentionnés par les amateurs. Il a aussi remporté sept prix de type « le meilleur de l'E3 » remis par diverses publications spécialisées. Microsoft est déjà en contact avec eux pour augmenter l'espace auquel ils auront droit lors du prochain grand événement du monde du jeu, la Gamescom de Cologne, en Allemagne, en août.

« On ne s'attendait aucunement à ça », convient M. Darveau.

The Darwin Project est un jeu multijoueur qui rappelle le concept des Hunger Games. Il regroupe sept joueurs, auxquels s'ajoute un maître de jeu, dans un environnement hivernal inspiré des Rocheuses canadiennes. La partie s'arrête quand il n'y en a plus qu'un seul en vie. Bien adapté à son époque, le jeu est conçu pour être regardé en direct par des spectateurs, qui peuvent même en influencer le cours.

MICROSOFT SÉDUITE

Dès décembre, à peine trois mois après le début de la conception, M. Darveau a constaté que « le jeu était déjà le fun ».

« Je me suis dit que j'allais engager quelques artistes pour accélérer et essayer d'avoir quelque chose à montrer à PAX East, en mars. »

Sauf que puisqu'elle s'y est prise au dernier instant, Scavengers Studio a dû se contenter d'un kiosque peu désirable, loin de l'action, « près d'un kiosque qui vendait des toutous », résume M. Darveau.

Qu'à cela ne tienne, The Darwin Project a tellement attiré les amateurs que la sécurité a dû intervenir pour contrôler la foule. Un succès que M. Darveau explique justement par le fait que son jeu est conçu pour être regardé.

Ce succès a attiré l'oeil de Microsoft, qui a invité l'entreprise à venir présenter le jeu à ses hauts dirigeants directement à son siège social de la région de Seattle, quelques jours plus tard.

« Ils ont joué cinq ou six matchs, ils étaient accros. Ils ont tout de suite dit qu'ils voulaient nous avoir à l'E3. » - Simon Darveau

Le contenu de cet événement de presse annuel faisant l'objet de longues discussions à l'interne, ce n'est finalement qu'à une semaine d'avis qu'ils ont obtenu la confirmation de leur présence sur scène. Il ne leur restait donc que quelques jours pour réaliser les adaptations nécessaires afin que le jeu soit compatible avec la manette de la console Xbox One. On ne pouvait jusque-là y jouer qu'avec un clavier et une souris.

PRESSION ADDITIONNELLE

Le retour à la maison, ces jours-ci, s'accompagne d'une pression additionnelle, reconnaît M. Darveau.

Un peu partout, on compare The Darwin Project à Overwatch, un immense succès conçu par le géant Activision Blizzard.

« C'est cool si vous pensez que ça peut être comparé, mais on ne parle vraiment pas de la même force de frappe ! », modère M. Darveau après avoir précisé que son équipe ne compte qu'une douzaine de personnes.

Plus de 20 000 personnes ont demandé au cours des derniers jours une « clé » leur permettant d'accéder à la version préliminaire du jeu.

« C'est très motivant de voir l'engouement, mais il y a aussi un sentiment qui s'installe que maintenant que le jeu est associé à Microsoft, il y a une pression de pousser le niveau de qualité vers le haut. On ne pourra pas profiter d'une certaine clémence qu'on accorde habituellement aux développeurs indépendants. Dans l'esprit des gens, c'est Microsoft ! »