Comme un Mario Bros qui ne veut plus s'arrêter, l'industrie du jeu vidéo au Québec a connu une croissance «fulgurante» depuis deux ans. Déjà considéré comme le troisième acteur mondial, le Québec a accueilli 42 nouveaux studios et créé 2100 emplois depuis 2012, selon un rapport qui sera dévoilé ce matin. Explications en cinq tableaux.

Province dominante

Avec 10 850 emplois directs en 2014, contre 8750 deux ans plus tôt, le Québec accapare 53% de l'industrie au Canada. «Supporté par un crédit d'impôt solide et la présence de géants de l'industrie comme Ubisoft et Eidos Interactive, le Québec demeure le moteur premier de l'industrie du jeu vidéo au Canada», peut-on lire dans le plus récent rapport de l'Association canadienne du logiciel de divertissement (ALD). Le président de l'organisme, Jayson Hilchie, présentera ce rapport cet après-midi, dans le cadre du MIGS15, le Sommet international du jeu de Montréal.

Ailleurs au pays

Après le Québec, ce sont la Colombie-Britannique et l'Ontario qui sont les plus importantes pépinières de studios au Canada. Avec 128 entreprises pour 5500 emplois, la Colombie-Britannique a d'ailleurs connu une explosion de 6% en deux ans. L'industrie canadienne, dont on évalue les retombées globales à 3 milliards en 2015, prévoit par ailleurs avoir besoin de plus de 1500 nouveaux employés dans les deux prochaines années. Les trois compétences les plus recherchées sont la programmation, le design de jeu et l'animation.

Petits acteurs et gros emplois

À la fin de 2014, on dénombrait 139 studios québécois, contre 97 deux ans auparavant. De ce nombre, 41% sont des microstudios de moins de quatre employés. Les 14 grands studios québécois (100 employés et plus) regroupent à eux seuls 96% des emplois dans ce domaine. Les dépenses ont été de 1,14 milliard, et le salaire moyen est de 66 200$, bien plus bas que la moyenne canadienne de 73 300$. L'âge moyen est de 31 ans. Seulement 16% des employés sont des femmes.

Grands titres à succès

Si elle était constante depuis le début des années 2000, la croissance dans l'industrie du jeu vidéo a réellement été «fulgurante» ces deux dernières années, résume en entrevue Julien Lavoie, vice-président, affaires publiques, à l'ALD. «Il y a eu de très grands titres qui ont été lancés, ça peut expliquer la tendance. On a eu le renouvellement de crédits d'impôt qui ont continué à aider l'industrie.» Encore plus prometteur, 87% des studios s'attendent à croître dans les 24 prochains mois. Les deux tiers espèrent même une croissance au-delà de 25%.

Portrait de jeux

Quels genres de jeux produisent les studios au Canada? Dans 65% des cas, ils sont destinés à des appareils mobiles, avec un budget moyen de 500 000$. Les consoles, elles, n'ont droit qu'à 13% des projets, mais ceux-ci sont nettement plus costauds, avec un budget moyen de 17 millions et la mobilisation de 45 à 65 personnes. Ce sont par ailleurs les consoles qui génèrent le plus de recettes, soit 35%, contre 31% pour les appareils mobiles et 25% pour les ordinateurs personnels.

Quelques grands titres montréalais en 2014 (ventes estimées)

> Watch Dogs (Ubisoft, 8 millions d'exemplaires)

> Hitman Go (Square Enix Montréal, ventes non disponibles)

> Assassin's Creed Black Flag (Ubisoft Montréal, 11 millions d'exemplaires)

> Dragons: Rise of Berk (Ludia, 20 millions de téléchargements)