Le créateur indépendant de jeux vidéo Infinite Game Publishing sort de l'ombre. Arrivée à Montréal il y a un an grâce à l'appui financier du Fonds de solidarité FTQ, la PME d'une soixantaine d'employés tente de faire sa niche en appliquant le modèle des jeux sur mobile à des titres «AAA», à plus grand déploiement.

Dans le jargon, Infinite Game Publishing crée des jeux free-to-play. Ils sont accessibles en ligne tout à fait gratuitement. Une fois dans l'univers du jeu, on peut par contre débourser quelques sous afin d'accélérer sa progression dans l'intrigue.

MechWarrior Online, premier grand titre publié par le studio montréalais, emprunte ce modèle. Déjà, ça semble bien fonctionner. Nick Foster, son PDG, évalue à 5 millions de dollars la somme recueillie auprès des quelque 70 000 joueurs qui ont payé afin d'accéder à une version préliminaire du jeu. Quelque 110 000 autres joueurs les ont imités par la suite, provenant tant du Canada et des États-Unis que de l'Australie, du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la Russie.

Ça permet à l'entreprise de générer des revenus mensuels importants. «Même si le jeu est accessible gratuitement, au bout du compte, les joueurs qui dépensent paient en moyenne25 $ par mois, ce qui nous permet de faire beaucoup plus d'argent que si on appliquait le modèle de vente traditionnel», explique M. Foster.

Jusqu'à présent, environ les deux tiers des joueurs n'ont pas payé un sou pour jouer à MechWarrior Online. Ça ne signifie pas qu'ils sont moins importants que les autres. «Ce qu'on croit, c'est qu'ils forment une communauté d'adversaires qui rend le jeu plus attrayant. Notre approche tient compte de ce détail, puisque nous tentons d'inciter les gens à revenir souvent, en n'investissant des sous que pour gagner du temps dans leurs missions», ajoute-t-il.

Un modèle à forte croissance

Le free-to-play est un modèle qu'on voit dans la plupart des jeux pour mobiles ou sur Facebook. Malgré les difficultés boursières de sociétés comme Zynga, une des pionnières de ce modèle, les jeux de plateforme, les jeux pour PC et les jeux à grand budget, qu'on qualifie parfois de «AAA», sont les prochains sur la liste.

Il y a deux semaines, la firme new-yorkaise SuperData Research a publié une étude à ce sujet. Sa conclusion: tandis que le modèle par abonnement mensuel fait du surplace, le free-to-play a le vent dans les voiles. Les joueurs y dépensent davantage, soit tout près de 19$ par mois, en moyenne.

À l'échelle mondiale, SuperData pense que les revenus tirés de cette source équivaudront à 9,3 milliards de dollars l'an prochain, puis 14,2 milliards en 2015. Pendant ce temps, les ventes de jeux en boîte sont en chute libre. Elles ont reculé de plus de 20% l'été dernier seulement.

Pas surprenant que des grands éditeurs comme Electronic Arts décident soudainement d'adopter ce modèle pour certains de leurs plus importants titres. Pas étonnant, non plus, qu'Infinite Game Publishing compte réinvestir les revenus tirés de MechWarrior Online dans d'autres jeux reprenant la même formule.

«Nous passons d'un monde de détail à un monde de services. Certains grands éditeurs ont de la difficulté à faire la transition, nous espérons en profiter», conlut Nick Foster.