La guerre des consoles, qui oppose la Wii de Nintendo, la PlayStation 3 de Sony et la Xbox 360 de Microsoft, ne se joue pas uniquement sur leur prix: le catalogue de jeux que chaque machine propose peut aussi faire basculer le marché en sa faveur.

Sony avait fondé le succès de ses deux premières PlayStation sur une riche offre de logiciels utilisables uniquement sur ses consoles. Il souffre aujourd'hui de la perte d'exclusivités sur des jeux-phare, comme la série Final Fantasy, dont le prochain épisode, annoncé d'abord sur PS3, sortira aussi sur Xbox 360. «Quand une machine ne se vend pas assez, les éditeurs font des efforts d'investissement prudents», explique Laurent Michaud, analyste de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate): «du coup, ils ont tendance» à faire leurs jeux «pour les consoles qui sont plus répandues».

«C'est un cercle vertueux. Si une machine se vend bien, elle va rapidement être rentabilisée, ce qui permet au fabricant d'abaisser son prix et donc conduit les éditeurs à sortir des jeux dédiés, ce qui va à son tour stimuler ses ventes...», poursuit-il.

Selon M. Michaud, la moins grande richesse du catalogue de jeux de la PS3 vient également du fait qu'elle est la plate-forme la plus complexe techniquement pour les développeurs de logiciels.

«Aujourd'hui, quand un développeur fait un jeu, il est plus facile pour lui de le faire dans un environnement PC, c'est-à-dire un environnement Microsoft, qui est celui de la Xbox 360. Ensuite, il l'adapte à la PS3, ce qui retarde la sortie du produit sur cette machine», souligne-t-il.

A l'inverse, la Wii, forte de 45 millions de machines vendues dans le monde, attire les développeurs qui proposent une avalanche de jeux pas toujours adaptés... ainsi, une partie d'entre eux ne tirent pas partie de sa Wiimote, la manette qui détecte les mouvements.

«Sous prétexte que la console fonctionne, avec un public plus large, certains éditeurs, par effet d'aubaine, sortent leurs jeux sur Wii» sans tirer pleinement partie de ses caractéristiques «en se disant que ça va se vendre», explique M. Michaud.

«C'est une vision à court terme qui peut nuire aux ventes d'autres jeux sur la console», poursuit-il.