Depuis son lancement en 1998, la série de jeux vidéo «Grand Theft Auto», magistral succès commercial où le héros est un gangster, est régulièrement accusée de provoquer des comportements criminels dans le monde réel.

Depuis son lancement en 1998, la série de jeux vidéo «Grand Theft Auto», magistral succès commercial où le héros est un gangster, est régulièrement accusée de provoquer des comportements criminels dans le monde réel.

Edité par Take-Two Interactive, le jeu s'est développé à toute vitesse, malgré les chicanes des critiques et des régulateurs du secteur peu enthousiastes à l'idée de voir les joueurs marquer des points à chaque fois qu'ils tuent, cambriolent, battent des prostituées...

«Grand Theft Auto: Liberty City Stories», sorti en 2005, a dépassé les records de vente d'un jeu pour la Playstation» portable de Sony, a fièrement annoncé en juin la société Rockstar Games, propriétaire de Take-Two. Les versions mises au point pour d'autres consoles ont connu un succès similaire.

Il y a quelques mois, un membre d'un gang violent qui jouait à «Grand Theft Auto» la journée avant d'aller voler et tuer la nuit, a comparu devant un jury près de San Francisco. Reconnu coupable de quatre meurtres, de douze vols à main armée et d'une flopée de tentatives de meurtre, l'homme a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Le lien de cause à effet entre le jeu et les crimes n'a pas été prouvé, mais pour le procureur Darryl Stallworth, commettre des crimes violents dans le monde virtuel diminue les réticences face à un bain de sang réel.

«La moyenne des gens ne sont pas capables, loin de là, d'appuyer sur la gâchette et de regarder quelqu'un saigner. Il faut qu'ils soient insensibilisés», explique-t-il en ajoutant: «Quand on joue un jeu ou qu'on se retrouve dans une situation qui permet de voir cela comme irréel, on devient un candidat au meurtre».

Selon les versions, «Grand Theft Auto» se déroule dans des villes inspirées de New York, Miami, Las Vegas ou San Francisco. Les joueurs ont des missions à accomplir, et se déplacent de préférence à bord de voitures volées («grand theft auto» signifie «vol de voiture qualifié»).

En chemin, ils marquent des points en fonction de la violence de leurs actions: percuter une autre voiture de plein fouet rapporte 10 points, tuer un policier 1.000.

«Grand Theft Auto: San Andreas», sorti en 2004, a été interdit aux mineurs quand les autorités américaines de régulation se sont rendues compte qu'une petite manipulation du jeu permettait de faire apparaître des scènes de sexe.

Plus de 12 millions d'exemplaires du jeu avaient été vendus entre-temps, pour un chiffre d'affaires de 600 millions de dollars. Take-Two a modifié le jeu et fourni un logiciel pour bloquer les scènes décriées.

Mais un procureur de New York a ouvert une enquête pour déterminer qui était responsable de la présence de ces scènes cachées. Parallèlement, de nombreuses plaintes ont été déposées aux Etats-Unis et en Europe par des joueurs reprochant à «Grand Theft Auto» de les avoir poussés à la violence. Pour l'instant, aucune ne semble avoir abouti.

Selon une étude réalisée auprès de 100 jeunes hommes âgés de 18 à 21 ans, ceux d'entre eux qui jouaient à «Grand Theft Auto» étaient plus enclins à boire de l'alcool et à fumer des joints que ceux qui préféraient un jeu moins violent, tiré de la série d'animation «Les Simpson».

«L'exposition à la violence par les médias peut jouer un rôle dans le développement d'attitudes et de comportements négatifs vis-à-vis de la santé», concluait l'étude publiée au printemps.

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