Google, sous le coup d'une procédure pour abus de position dominante à Bruxelles, semble avoir trouvé un terrain d'entente avec certains médias européens avec l'annonce mardi du lancement d'un fonds pour soutenir le journalisme en ligne.

Ce nouveau dispositif, baptisé Digital News initiative (DNI ou Initiative pour le journalisme numérique) et doté de 150 millions d'euros, est destiné à «soutenir le journalisme de qualité» par «la technologie et l'innovation», a expliqué le géant internet américain.

Il doit remplacer dans les prochains mois le fonds pour l'innovation numérique de la presse (FINP), né d'un accord annoncé en France début 2013 par le président de la République François Hollande et le président de Google, Eric Schmidt. Une expérience pour l'instant unique au monde.

«Google a toujours souhaité être l'ami et le partenaire de l'industrie des médias», a déclaré Carlo D'Asaro Biondo, le patron des partenariats stratégiques du groupe en Europe, devant des patrons de médias réunis lors d'une conférence organisée par le Financial Times sur le numérique à Londres.

Selon lui, la relation de Google avec l'industrie «a été incomprise au fil des ans» et affirmé: «Nous voulons jouer un rôle dans le combat commun pour trouver des modèles plus durables pour les médias».

Les éditeurs de presse se plaignent de voir Google détourner les lecteurs de leurs propres sites web et de leur faire concurrence auprès des annonceurs publicitaires.

Mais selon M. D'Asaro Biondo, «au travers des recherches et des informations ce sont dix milliards de visiteurs que nous envoyons, gratuitement, aux éditeurs chaque mois».

Le Digital News initiative regroupe huit journaux et magazines (Les Échos en France, FAZ en Allemagne, The Financial Times et The Guardian au Royaume-Uni, NRC Media aux Pays-Bas, El Pais en Espagne, La Stampa en Italie et Die Zeit en Allemagne), ainsi que des organisations comme le European Journalism Center, le Global Editors Network ou l'International News Media Association.

Ce futur mécanisme, qui intervient alors que la commissaire européenne à la Concurrence a lancé il y a dix jours des accusations formelles d'abus de position dominante dans le domaine de la recherche contre Google, s'articulera autour de trois axes : le développement de produits, le soutien à l'innovation et la formation et la recherche Google et les éditeurs, qui pourront être rejoints par d'autres en cours de route, vont ainsi mettre en place un groupe de travail pour «accroître le revenu, le trafic et le degré d'engagement» des lecteurs sur internet, a expliqué le géant de la Silicon Valley dans un communiqué.

Afin de soutenir l'innovation, Google mettra aussi «à disposition 150 millions d'euros pour des projets mettant en avant des idées nouvelles dans la pratique du journalisme numérique» durant une période de trois ans.

Enfin, pour la formation et la recherche, le moteur de recherche va notamment proposer aux médias des «développeurs dédiés basés à Paris, à Hambourg et à Londres pour travailler avec les salles de rédaction» et «des ressources et des outils en ligne repensés pour les journalistes».

Cette initiative ne vise pas pour Google à régler tout dans le monde des médias, a encore dit M. D'Asaro Biondo. Mais je suis sûr que nous réussirons mieux si journalisme et technologie travaillent ensemble que séparément».

En France, le FINP, doté de 60 millions sur trois ans, a distribué une quinzaine de millions d'euros en 2013 et 2014 à une vingtaine de projets. Il restera actif jusqu'à fin 2015, début 2016.