Le géant internet américain Google estime qu'il lui faudra «plusieurs semaines» pour trouver un moyen de se conformer à une décision de la justice européenne, qui l'oblige à effacer certaines données privées de ses résultats de recherche au nom du «droit à l'oubli».

La Cour européenne de justice de Luxembourg a débouté le groupe américain en estimant mardi que les particuliers pouvaient obtenir, sous certaines conditions, la suppression des liens vers des pages internet comportant des données personnelles les concernant en s'adressant directement au fournisseur de ces liens.

«L'arrêt a des implications importantes pour la manière dont nous gérons des demandes de retrait» d'informations dans les résultats de recherche, a indiqué un porte-parole de Google dans un courriel à l'AFP.

«C'est compliqué sur un plan logistique - ne serait-ce qu'à cause des nombreuses langues impliquées et du besoin d'un examen attentif. Dès que nous aurons réfléchi à la manière dont ça fonctionnera, ce qui peut prendre plusieurs semaines, nous informerons nos utilisateurs», a-t-il ajouté.

La décision s'applique à tous les pays de l'Union européenne mais son application sera supervisée par les organismes nationaux en charge de la protection des données (comme la CNIL en France par exemple).

Dès le lendemain de l'arrêt, certains experts et acteurs du secteur technologique avaient prévenu que sa mise en oeuvre serait compliquée, certains y voyant même un risque d'ouvrir la porte à la censure.

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est aussi inquiétée vendredi d'une obstruction dans le travail d'enquête journalistique.

Google n'a pas communiqué sur le nombre de demandes de retrait d'informations qu'il a reçues depuis l'arrêt, mais certains médias, notamment britanniques, ont fait état d'une nette augmentation, mettant notamment en avant les requêtes émanant d'un pédophile et d'un homme politique cherchant à se faire réélire.