La polémique monte aux États-Unis sur l'octroi éventuel à des entreprises privées comme Amazon de certaines des nouvelles extensions d'adresses internet qui doivent être lancées cette année aux côtés des classiques «.org» ou «.com».

Des organisations représentant des auteurs et des éditeurs américains viennent ainsi d'appeler l'Icann, le gestionnaire des adresses internet, à rejeter une demande d'Amazon pour obtenir des droits exclusifs pour de futures adresses en «.book» (livre), «.author» (auteur) et «.read» (lire).

Il n'y a jusqu'ici que 12 extensions principales pour les adresses internet.

Mais face à la demande de plus en plus forte des quelque 2 milliards d'utilisateurs dans le monde, l'Icann a décidé d'en introduire de nouvelles à partir de mi-2013, ce qui va représenter l'une des plus importantes évolutions depuis des années de la structure de la toile.

L'Icann examine actuellement près de 2000 demandes pour de nouvelles extensions, parmi lesquelles des termes généraux (par exemple «.shop», magasin), d'autres plus spécialisés (le très demandé «.app» faisant référence aux applications mobiles), ou encore des marques (».google», «.youtube»).

Beaucoup de ces demandes émanent de grandes entreprises: Amazon, mais aussi les groupes informatiques Apple et IBM, le japonais Mitsubishi, ou encore le géant de l'internet Google qui à lui seul en a déposé plus de 100.

«Nous sommes fortement opposés aux plans de l'Icann pour vendre les droits exclusifs pour des termes génériques de l'industrie du livre», a argumenté dans un document transmis à l'Icann Scott Turow, président de la Guilde des auteurs, qui représente 8000 d'entre eux publiés aux États-Unis.

«Placer de tels noms génériques entre des mains privées est anticoncurrentiel et permettrait à des entreprises déjà dominantes et bien capitalisées d'étendre et de renforcer leur puissance sur le marché», selon M. Turow. «Le potentiel pour des abus semble illimité».

L'Association des éditeurs américains a estimé pour sa part «contraire à l'intérêt général», qu'est censé défendre l'Icann, le fait d'accorder un contrôle exclusif sur certaines extensions à une seule entité, «particulièrement une entreprise privée qui a intérêt à l'exploiter uniquement à des fins commerciales», selon une prise de position publiée sur son site internet.

Le débat a semble-t-il poussé Google à informer l'Icann d'une révision de ses candidatures pour certaines extensions, comme «.app», «.blog», «.search» (recherche) ou «.cloud» (nuage, le terme consacré pour les services d'informatique dématérialisée).

Le géant de l'internet se dit désormais prêt à les mettre aussi à la disposition d'autres utilisateurs.

«Nous comprenons qu'il y a une sensibilité particulière parmi la communauté des internautes sur certains termes généraux, qui servent de description à des industries», a expliqué le directeur de l'information de Google, Ben Fried, dans des commentaires envoyés par courriel à l'Icann.

«La meilleure expérience pour les utilisateurs concernant ces termes généraux inclut probablement la possibilité d'accéder à une grande variété de fournisseurs de services» par le biais de ces termes, a-t-il ajouté.