Qu'ont en commun Margaret Thatcher, Fidel Castro, Benoît XVI, James Blunt, Céline Dion et Jon Bon Jovi? Tous ont été déclarés morts - à tort, évidemment - sur le réseau social Twitter. Chaque jour, la mort de personnalités publiques est erronément annoncée sur le réseau. Ces rumeurs passent parfois inaperçues, mais à d'autres moments, elles sont reprises par des utilisateurs d'influence.

«Des morts, il y en a tous les jours sur Twitter», relève Sébastien Provencher, observateur des médias sociaux.

Ainsi, au cours des derniers jours, c'est l'ancienne première ministre britannique Margaret Thatcher et le chanteur James Blunt qui sont passés de vie à trépas sur le réseau social seulement. Après avoir retweetté le message, provenant d'un faux compte de Carla Bruni et annonçant la mort de la Dame de fer, Mario Dumont a d'ailleurs dû présenter ses excuses pour cette erreur.

Ce faux compte de la première dame française s'était déjà fait remarquer pour avoir annoncé, à tort, la mort d'Alain Delon. Le compte a aujourd'hui disparu.

«Il y a un effet viral [sur Twitter], croit Sébastien Provencher. On a maintenant un rôle de rédacteur en chef, et chaque utilisateur devrait être comme un journaliste, vérifier la véracité de ce qu'il écrit. Existe-t-il une source? Est-ce que l'on trouve des informations sur Google? Faut-il indiquer que c'est une rumeur?»

Les messages envoyés par des personnalités publiques aux nombreux abonnés tendent encore plus à accréditer des rumeurs.

Comme l'ensemble des médias sociaux, Twitter est un outil de communication suffisamment récent pour que tous les usages ne soient pas connus. Sébastien Provencher ne croit pas que les fausses nouvelles y soient plus nombreuses qu'avant, mais elles sont sans doute plus remarquées.

«Je ne pense pas qu'il y en aura plus, mais on aura plus cette perception, dit-il. Mais les gens vont apprendre qu'il ne faut pas repasser de l'information fausse.»

André Mondoux, professeur à l'École des médias de l'UQAM et spécialiste des technologies de l'information, croit toutefois que le but premier de Twitter n'est pas de se substituer au travail journalistique.

«C'est du temps réel, c'est le temps de l'émotion. Or, si c'est du temps réel, je n'ai pas le temps de vérifier les informations», souligne-t-il.

Twitter participe à un phénomène bien contemporain, selon M. Mondoux: l'hyperindividualisation. Sous le règne du «je», l'individu est au centre de tout. Sur Twitter, il y a aussi une course à la primeur, et la volonté d'être le plus près possible du temps réel.

«Idéalement, dans une société en temps réel, on annonce à la seconde près que les gens meurent. Avec tous les RT (retweets), il y a plein de moutons de Panurge», note-t-il.

Les grands médias eux-mêmes tendent à trop accréditer Twitter, déplore M. Mondoux. Ils citent le réseau social pour suivre des événements, traitent les tweets comme des données brutes, à tort.

«Les médias traditionnels ont du mal à lutter contre le temps réel, mais le temps permet pourtant d'objectiver.»